Réforme des concours et de la formation initiale : danger pour nos métiers !
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Le 17 avril, en catimini et alors que des discussions devaient encore avoir lieu, le ministère a publié le décret et les arrêtés de la réforme des concours et de la formation initiale. Le SNES-FSU dénonce cette réforme qui déqualifie les concours à bac + 2,5 !
Une réforme qui déqualifie
Les concours sont déplacés au milieu de la troisième année de licence dès l’année prochaine, avec une période transitoire où des concours de niveau M2 seront organisés en parallèle jusqu’en 2027.
Grâce au travail des organisations syndicales, alors que le ministère ne proposait qu’une allocation de 900 euros, les lauréat·es des nouveaux concours deviendront élèves-fonctionnaires en M1 et seront remunéré·es à hauteur de 1400 nets. Nous avons également obtenu que la part de la formation disciplinaire en master soit plus importante et ancrée à l’université.
Néanmoins, les écueils sont encore nombreux : mise en place précipitée de la préparation des concours dans les universités, maquettes d’épreuves toujours indigentes, flou sur les affectations des candidat·es (une première affectation en M1 et une seconde après le M2 ?), fonctionnaires-stagiaires en M2 en stage en responsabilité à mi-temps... Le SNES-FSU a donc rappelé sa ligne rouge : les lauréat·es ne doivent pas servir de moyens d’enseignement !
De plus, cette réforme ne concernant pas l’agrégation, la décorrellation entre agrégé·es et certifié·es va s’accroitre, ce que le SNES-FSU a dénoncé, rappelant son mandat de l’agrégation pour tous·tes.
Un risque de dévalorisation accrue de nos métiers
Par le passage du concours à bac+2,5 et le peu de formation universitaire en master, cette réforme entraine la baisse de la qualification disciplinaire et va donc aggraver le manque de reconnaissance des métiers de l’enseignement. Cela s’inscrit dans un contexte plus large de déqualification de nos métiers : le ministère entend faire des enseignant·es, CPE et Psy-EN, de simples technicien·nes et des exécutant·es.
Une réponse erronée au manque d’attractivité
La réforme proposée part du postulat que la baisse d’attractivité de nos métiers serait liée à une place tardive du concours dans les études. Or, comme l’avait noté un rapport de la Cour des Comptes en mai 2022, les trois principaux facteurs de rejet du métier d’enseignant·e sont : « le niveau de salaire insuffisant », « les conditions de travail / difficultés au quotidien » et « le manque de reconnaissance du métier ». Il faut donc, comme le demande fermement le SNES-FSU et à l’opposé de ce que proposent les gouvernements depuis des années, revaloriser massivement et sans condition pour endiguer cette crise du recrutement !
Pour mettre fin à la crise de recrutement, le scénario du SNES-FSU
Pour redonner de l’attractivité au métier et mettre fin à la crise de recrutement, le SNES-FSU propose un tout autre scénario (schématisé ci-après), fondé sur un plan pluriannuel de recrutement, avec le principe de pré-recrutements dès la licence, la diversification des voies d’accès, l’entrée progressive dans le métier, ne passant ni par le contrat ni par l’emploi des étudiant·es comme moyens d’enseignement, avec une formation après le concours à l’issue du M2, professionnalisante et à l’université :

Ce projet ambitieux (et à la hauteur de la crise de recrutement) répondrait, par la possibilité de pré-recrutements, au problème de la précarisation des étudiant·es et à la nécessaire démocratisation des recrutements compte tenu de l’état des viviers de candidat·es. Il permet d’entrer plus tôt dans la carrière tout en cotisant, et de sécuriser un parcours universitaire jusqu’au bac+5. Il évite le risque d’une formation professionnelle réduite à du mimétisme, du technicisme, de prétendues « bonnes pratiques » et l’écueil d’un parcours de formation qui limiterait la maîtrise disciplinaire au niveau d’une actuelle L3. Il garantit une haute qualification de nos métiers qui renforce l’unité du second degré avec des professeur·es en mesure d’exercer de la sixième au post-bac du lycée.