Rentrée 2022 : dans les collѐges la dégradation se poursuit !

jeudi 6 octobre 2022
par  Snes S3 GR

Selon Pap N’Diaye, « la rentrée a été bonne ». Ce n’est malheureusement pas ce que révèle notre enquête dans les collèges de l’académie de Versailles.

 UN PROTOCOLE SANITAIRE PRÉSENTÉ RAPIDEMENT

Lors de la journée de pré-rentrée, dans presque tous les collèges de notre enquête, le chef d’établissement a présenté de manière succincte le protocole sanitaire en vigueur jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire le niveau « socle ». En revanche, le protocole pour les cas positifs et les cas contact a plutôt été passé sous silence.
Ce sont les règles « définies par les autorités sanitaires » qui s’appliquent dans les établissements scolaires. Il n’y a donc plus d’isolement des cas contact, ce que semble ignorer un chef d’établissement de l’Essonne qui à la suite de la découverte d’un cas positif dans une classe, a renvoyé chez eux les élèves non vaccinés.
Des paquets de masques chirurgicaux ont été proposés aux personnels dans la plupart des établissements, plus rarement des masques en tissu.
Le GHA reste présent dans les salles ou à l’entrée des établissements, mais pas de manière systématique.

Si la question de la « continuité pédagogique » n’est plus vraiment d’actualité, au moins un collège (dans le Val-d’Oise) a cependant distribué un questionnaire aux élèves afin de recenser les familles sans connection internet et/ou sans équipement informatique.

 DES EFFECTIFS TOUJOURS EN HAUSSE, DES CLASSES SURCHARGEES

Comme ces dernières années, les DHG n’ont pas tenu compte de la poussée démographique ni de la livraison d’importants programmes immobiliers, en particulier dans les départements de la grande couronne puisque les collèges arrivent à saturation et que les classes sont de plus en plus chargées.
Les effectifs ont encore été sous-évalués, ce qui a donné lieu à des fermetures de postes et de classes jusqu’au mois de juin.
Des mobilisations ont permis d’obtenir des heures afin de mettre en place des dédoublements. Début septembre, plusieurs collèges étaient en grève pour obtenir des moyens.
Dans un collège des Yvelines, une classe d’espagnol a été ouverte car l’administration semble avoir soudain pris conscience que le lycée de secteur n’offrait pas l’option chinois LV2 aux élèves qui l’avaient commencée en 5e !
Partout, les équipes ont dû faire des choix dans l’utilisation de la marge, ce qui a souvent conduit à sacrifier les dédoublements ou certaines options pour garder des effectifs raisonnables dans les classes. L’enseignement optionnel « Latin et culture antique » a pu être mis en place dans un nombre accru de collèges, et semble remporter un certain succès auprès des élèves.
On atteint presque partout 30 élèves par division, et 27 à 28 en éducation prioritaire.
Un collège des Yvelines, qui avait fait le choix en CA d’abaisser les effectifs des classes à 26-27, en sacrifiant les dédoublements se retrouve aujourd’hui à nouveau à 30. Sans ce choix fait dans l’intérêt des élèves, les classes de 6e se trouveraient aujourd’hui à 32,5, ce qui aurait permis l’ouverture d’une division.
Partout les collègues soulignent le manque de place et de mobilier pour accueillir correctement tous les élèves et les AESH … et accessoirement les inspecteurs !
Des classes débordent à l’occasion dans le couloir pour « caser » les AESH.
On nous signale au moins dans deux établissements que la règle de ne pas dépasser 6h de cours par jour en 6e n’est pas respectée.
« Devoirs faits » se met en place progressivement sur la base du volontariat des collègues, mais dans un collège cette tâche est imposée à des enseignants en « sous-service ».
Pendant la pause méridienne, des élèves sont envoyés au BAR (le bureau d’aide rapide pour les devoirs).

 DES POSTES NON POURVUS, DES STAGIAIRES ET DES NÉO-CONTRACTUELS SANS TUTEUR

La plupart des collèges organisent en interne un accueil des nouveaux collègues.
Il est à noter que les livrets d’accueil du SNES-FSU Versailles pour les stagiaires et les TZR sont très appréciés !
Comme chaque année, des collègues ne sont pas remplacés alors même qu’il s’agit d’absences prévues ou connues de longue date. Dans presque tous les collèges, au moins un BMP manquait à la rentrée. La palme revient encore une fois à la technologie et aux disciplines artistiques. Dans un collège de l’Essonne, consigne a été donné aux élèves concernés de purement et simplement rayer l’éducation musicale sur leur emploi du temps ! Un autre collège a fait sa rentrée sans CPE.
Dans un collège du Val-d’Oise, sans que le CASNAV semble trouver à y redire, les élèves du dispositif UPE2A sont pris en charge par différents collègues dont aucun n’est titulaire de la certification FLS. Dans un autre, c’est l’ULIS qui est confiée à une PE non volontaire.
Dans les Yvelines, une contractuelle recrutée par job-dating s’est présentée à la rentrée pour prendre un poste en français, sans que le chef d’établissement ait été mis au courant et sans tuteur. Dans un autre établissement, un collègue néotitulaire a été propulsé tuteur de stagiaire …
Nouveauté de cette année, les AED en préprofessionnalisation font leur apparition dans les collèges.

 LES HSA

La situation est très variable. Certains collèges n’en ont pas ou très peu, alors que dans d’autres les collègues (surtout ceux en début de carrière) subissent des pressions pour en accepter au-delà des deux obligatoires. Il peut y avoir des tensions entre les disciplines qui bénéficient d’HSA et les autres.

 LES MANUELS ET LE NUMÉRIQUE

Les manuels achetés lors de la réforme de 2016 sont maintenant usés jusqu’à la corde et contiennent des données obsolètes. La hausse des effectifs rend nécessaire des commandes de manuels supplémentaires, mais les budgets sont insuffisants pour les réassorts.
Dans les collèges passés aux manuels numériques, on se heurte à des difficultés bien connues : équipement informatique insuffisant des familles et problèmes de connexion qui ne sont pas résolus par par la distribution de tablettes !
La question se pose aussi des licences qui vont arriver à expiration et de l’absence de budget pour les renouveler. Il est à remarquer que les réactualisations régulières promises par les éditeurs lors de l’achat des manuels numériques n’ont pas eu lieu et qu’ils contiennent la plupart du temps encore les mêmes données de 2015 que les manuels papier.
Dans les Hauts-de-Seine, on nous signale des dysfonctionnements de OZE ainsi que des problèmes de connexion.

 LES DISPOSITIFS NON OBLIGATOIRES ET NON FINANÇÉS

Le quart d’heure de lecture continue sans aucun moyen, augmentant l’amplitude horaire de la journée de travail. On recense aussi l’éloquence, des dispositifs anti-décrochage ou anti-harcèlement (PHARE par exemple)…
Dans l’Essonne, on recense des classes « sciences cognitives » et une « classe défense » en partenariat avec la base militaire de Montléry.
Ces dispositifs, dans le meilleur des cas, donnent lieu au paiement de quelques HSE ou à une IMP.
Dans une commune des Yvelines, de nombreuses conventions ont été signées avec différentes associations locales : « ville verte », « improvisation théâtrale », « boxe éducative »…
Dans au moins deux collèges, l’un dans le Val d’oise et l’autre dans les Yvelines, des interventions de l’association « e-enfance », financée entre autres par Google, Youtube, Facebook et Tik Tok, sont prévues pour éduquer les élèves … au bon usage des réseaux sociaux !
Les classes sans notes survivent dans quelques collèges, en particulier en 6ème.
Dans des cités éducatives, les « Cordées de la réussite » sont toujours en place (Argenteuil). Dans au moins deux collèges de cités éducatives, la présence de médiateurs employés par la société CITEO est imposée.
Dernière nouveauté, la demi-journée hebdomadaire de découverte des métiers en 5e plonge les équipes dans des abîmes de perplexité. Si elle a été évoquée lors de la pré-rentrée, aucun établissement de notre panel ne s’est porté volontaire pour la mettre en place.

 DES REUNIONS

Des réunions sont déjà planifiées : liaison école-collège, collège-lycée, évaluation de l’établissement ... ou avec les IPR de certaines disciplines.

 UN MANQUE DE VOLONTAIRES POUR LA MISSION DE PROFESSEUR PRINCIPAL

La charge de travail qui s’alourdit et la rémunération très faible accentuent la tendance : de plus en plus de chefs d’établissements peinent à recruter suffisamment de PP. Dans un collège de l’Essonne, plusieurs professeurs exercent cette mission à tour de rôle dans une classe de 6e. Dans un autre, un bras de fer oppose l’équipe enseignante à la direction qui a inscrit à l’emploi du temps des élèves 10h de vie de classe non rémunérées. À juste titre, les PP refusent d’effectuer ces heures.
Ailleurs, deux professeurs principaux le sont chacun de deux classes.

 PAS ASSEZ D’AED, D’AESH ET DE PERSONNELS MÉDICO-SOCIAUX

Des élèves se trouvent encore sans AESH, certains postes restant non pourvus.
Il n’est pas rare qu’un AESH prenne en charge plusieurs élèves dans la même classe.
Les inclusions sont de plus en plus difficiles dans les classes surchargées (élèves d’ULIS, de SEGPA ou d’UPE2A).
Au moins deux ULIS n’ont pas d’AESH.
Plusieurs établissements doivent également fonctionner sans assistant social et/ou sans psyEN.
Malgré la hausse des effectifs, des postes d’AED sont supprimés ou non pourvus.

 L’ETAT D’ESPRIT DANS LES SALLES DES PROFESSEURS

Les S1 ont d’ores et déjà commencé à sensibiliser les collègues à la question des élections professionnelles de décembre, qu’aucun chef d’établissement ne semble avoir évoquée lors de la journée de pré-rentrée.
Dans les salles des professeurs s’expriment de plus en plus vivement le désaccord avec la politique du gouvernement ainsi que le mécontentement face à la revalorisation en trompe l’oeil des traitements.