Bilan de rentrée lycée 2024
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Alors que le gouvernement annonce la suppression de 4000 postes d’enseignants affichant un mépris profond de la profession, notre enquête de la rentrée dans les lycées témoigne des dégradations continues de nos conditions de travail et des conditions de travail.
Les grandes tendances qui se dégageaient déjà de nos précédentes enquêtes ne sont pas changées en cette rentrée 2024 : elles se caractérisent dans les faits par une aggravation globale.
Des conditions de travail toujours dégradées
La première aggravation est celle des conditions d’enseignement dans des classes qui sont plus surchargées que jamais. Ainsi dans 80 % des lycées, les collègues considèrent qu’elles le sont. Le seuil des 35 élèves est régulièrement dépassé et ce phénomène touche le cycle terminal (classes de première et de terminale) mais aussi les classes de seconde.
Cela s’explique par la grande tension sur les postes du fait d’années de politiques austéritaires, une tension qui entraine le fait qu’on constate que tous les postes ne soient pas pourvus à la rentrée. Ainsi dans 69 % des lycées, il manquait au moins un professeur, preuve que les problèmes de remplacement sont toujours présents malgré le discours ministériel. D’ailleurs, les directions des lycées ont parfois acté la situation en organisant des remplacements en interne dans 22 % des établissements plutôt que d’espérer obtenir la nomination d’un TZR.
On manque logiquement de professeurs principaux dans 64 % des lycées en partie du fait du refus de cette mission par de nombreux collègues, mais aussi tout simplement du fait de la pénurie globale de professeurs. Et les choses n’iront vraisemblablement qu’en empirant.
Cette pénurie chronique de moyens d’enseignement explique qu’on constate que les horaires ne sont pas toujours respectés dans les établissements, notamment – mais pas uniquement – pour les enseignements optionnels : c’est le cas dans 28 % des lycées de l’Académie de Versailles. Dans ce contexte, la tension sur le libre choix des options se généralise : dans 40 % des lycées ce choix n’existe pas et ce pour des raisons de moyens, mais aussi du fait du fait des difficultés de conception des emplois du temps dans les lycées. Cela renvoie à la complexité des configurations d’emploi du temps des élèves puisque globalement les établissements – suivant les consignes ministérielles – donnent un libre choix total des spécialités. Seuls 12 % des lycées posent quelques règles notamment en demandant à ce que les spécialités scientifiques soient couplées à la spécialité mathématiques en classe de première.
Le triste bilan des stages de seconde
Le stage de seconde annoncé en grande pompe l’an dernier par l’ex-ministre Gabriel Attal était au banc d’essai cette année scolaire 2023-24. Le SNES-FSU avait déjà vigoureusement critiqué cette décision qui n’a convaincu ni les enseignants, ni les familles. Le bilan de l’organisation de ce stage semble très médiocre : dans un établissement sur deux, un tiers des élèves de seconde n’a pas effectué ce stage. Par ailleurs, la communication des établissements sur ce stage et son organisation a souvent été très médiocre : la moitié des lycées nous ayant répondu manque tout simplement d’informations.
Pour les élèves n’ayant pas trouvé de stage, on trouve quelques situations de suivi à distance ou d’accueil au CDI mais dans 80 % des cas ils semblent bien être restés chez eux.
Le bilan et de le suivi des stages semblent tout aussi hasardeux : dans 20 % des cas on envisage à la rentrée de première, un exposé en forme de bilan du stage, et en dans 5 % des cas un simple rapport écrit. Dans 42 % des cas, il n’y aura tout simplement rien, ce qui en dit long sur l’intérêt que porte l’Administration au stage de seconde.