Organisation des sessions des examens 2023 et 2024 : le SIEC voit rose mais pas les collègues !

Compte-rendu de l’audience SIEC/SNES-FSU de janvier 2024
jeudi 14 mars 2024
par  Secteur politique éducative

Les sections académiques d’Ile-de-France du SNES-FSU ont rencontré les responsables du SIEC le mercredi 31 janvier 2024 à propos du bilan de la gestion des examens de la session 2023 et de la session 2024 à venir. Des dangers et écueils de l’année antérieure sont manifestement toujours à l’horizon malgré l’optimisme affiché du SIEC.

A la fin de l’année scolaire 2022-2023 mais aussi à la rentrée 2023, de nombreux collègues ont interpelé le SNES Versailles sur les multiples dysfonctionnements dans la convocation des correcteurs et le passage des différentes épreuves du baccalauréat et du DNB. Ces dysfonctionnements pouvaient aussi toucher le versement des indemnités de correction mais aussi le mode de communication parfois scandaleux du SIEC avec les examinateurs. De nombreuses fois, le SNES Versailles a dû intervenir pour obtenir du SIEC les rectifications attendues.

Avec d’autres sections académiques franciliennes du SNES-FSU, nous avons obtenu une audience du SIEC le mercredi 31 janvier pour échanger avec ses responsables sur ces tous points. Malgré la courtoisie des responsables du SIEC, le contenu des échanges est très insuffisant quant aux attentes et augure du pire pour la session 2024.

Le SIEC se donne un beau satisfecit

Les responsables du SIEC présents semblaient satisfaits du bilan de la session 2023. A leurs yeux, la session 2023 était la première session du baccalauréat classique et le SIEC aurait réussi à la prendre en charge convenablement. Le « cahier des charges » serait rempli ! Voyez : 240 000 copies pour les Épreuves de spécialité pour le bac en Île-de-France auraient été corrigées et les échéances auraient été respectées. Certes, on aurait compté 5 000 renumérisations de copies du fait d’erreur de scan, mais le chiffre aurait été divisé par deux par rapport à l’année précédente. Seulement 180 demandes de recorrection pour des questions matérielles auraient été faites par des candidats.
Quant aux épreuves de philosophie et d’EAF tenues en juin, tout ce serait bien passé : les correcteurs auraient été « réactifs » notamment face aux problèmes de numérisation. La charge de correction aurait été « standard ». Certes le Grand oral aurait vu quelques hésitations, notamment le premier jour, lorsque l’accueil des candidats est difficile. Et quelques fiches de Grand oral non réglementaires (pas signées par les professeurs ou avec des sujets manquants voire inadaptés) ont pu poser quelques soucis, mais sinon, tout s’est bien passé...

Le SNES-FSU décrit un bien autre tableau
Les représentants du SNES ont tracé un portrait bien différent : une réussite comptable et statistique n’est pas une réussite des conditions de travail et d’examen. Et ces conditions ont souvent été exécrables pour les examinateurs, ce qui a pu entrainer des ruptures d’équité entre les candidats. Ils ont pointé l’inégalité foncière de charge pour les collègues, certains étant surchargés de tâches d’examen, tout particulièrement en français. Ils ont insisté sur les distances souvent très importantes imposées aux examinateurs pour se rendre sur les centres de passage, distances incompatibles avec leurs impératifs familiaux parfois. Ils ont fait remarquer que les délais de convocation pour le passage du Grand Oral n’étaient parfois pas acceptables et que les collègues avaient le droit à déconnexion. Plus généralement les problèmes de communication du SIEC ont été critiqués : le SIEC ne répond pas ou trop tard quand des demandes de révision de convocation ont été faites et se refuse obstinément à tenir compte des situations objectives (temps partiel, mi-temps thérapeutique etc.). Le SNES-FSU a aussi signalé les retards de paiement qui s’éternisent, notamment celui des ECE, et le caractère totalement inacceptable de la mise en demeure du SIEC auprès de collègues, sommés de justifier de leur présence lors du passage du GO. Le SIEC a bien enregistré les problèmes et dit viser et atteindre un délai de paiement de deux mois en moyenne, un délai toutefois difficile à tenir pour les ECE qui impliquent, pour les mises en paiement, des allers retours entre le SIEC et les chefs de centre, des bascules de Santorin vers Imagin’ et des revérifications de comptabilité des RIB, revérifications généralement manuelles.

Des avancées obtenues par le SNES-FSU pour cette session

A la suite des nombreuses critiques émises par les collègues et le SNES-FSU, le SIEC dit avoir pris en compte la situation souvent intenable physiquement des collègues de philosophie et de lettres qui supportent de nombreuses convocations. Cette année, celles-ci seraient limitées par la constitution de deux viviers étanches : l’un se consacrerait à la correction des épreuves de spécialités d’HLP et l’autre aux épreuves terminales ou anticipées de philosophie et de français. Les collègues de lettres amenés à corriger les épreuves de BTS ne devraient pas cumuler les corrections avec celles d’EAF par un travail en coordination avec les IPR. Le SIEC a aussi admis qu’il existait bien un principe de décharge de cours pour les correcteurs de BTS. Nous sommes dans l’attente du document officiel en fixant les modalités.
Mise à jour le 25 avril 2024 : Selon les échanges ultérieurs que nous avons eu avec le SIEC et monsieur Muller, ce dernier a bien confirmé que le principe de la décharge pour les correcteurs de BTS avait été acté notamment par la DGESIP. « Le quantum des décharges dépend des spécialités et des volumes de copies à corriger. Ces indications sont portées en règle générale sur les convocations des correcteurs. » Dont acte.

Par ailleurs nous avons pointé que les délais d’ouverture et de début de correction n’étaient pas connus des collègues car ils n’avaient pas été clairement fixés par le SIEC, de telle sorte que certains collègues se sont vus retirer soudainement un lot sans raison objective, s’exposant à un retrait sur salaire. Le SIEC s’est engagé à clarifier les choses pour cette session et que ça ne se reproduise pas.

Alerte sur la session à venir !
Il y a tout lieu de s’inquiéter quant à la session 2024 du bac et notamment pour le passage du Grand Oral. Le SIEC n’a toujours pas surmonté certains vieux problèmes dans la constitution des viviers des examinateurs puisque l’étiquetage sur les ventilations de service s’avère toujours dans certains cas trompeur.
Il existe d’autres problèmes techniques qui ne sont pas près d’être résolus puisque le SIEC est toujours dans l’attente de la refonde du logiciel d’Imagin’. Ce dernier, pensé pour être utilisable à l’échelle nationale, n’est pas paramétré pour l’Ile-de-France et prend compte que le kilométrage pour l’affectation des collègues dans les jurys. Or, l’on sait que dans les académies franciliennes ce sont les réalités du réseaux de transport qui définissent l’accessibilité d’un établissement.
Pour le SNES-FSU, l’argumentation des dysfonctionnements du logiciel en usage n’en est pas un : ce n’est pas la machine qui commande ou non la pertinence des convocations et le SIEC doit affecter les collègues examinateurs dans des établissements accessibles dans des durées raisonnables.
A ce problème de fond, le SIEC chercher à palier en s’efforçant de convoquer plus tôt que d’habitude : trois à quatre semaines avant l’épreuve cette session à venir. Il s’agit de parer à un taux d’absence qui serait très élevé : entre 20 et 30 % d’absences déclarées après l’envoi des convocations. Or, l’on peut arguer que ce taux d’absence s’explique par le côté intenable de certaines affectations mais aussi car le SIEC prend mal en compte certaines situations médicales notamment les mi-temps thérapeutiques. Sur ce point, nous avons soulevé ce problème et le SIEC s’est engagé à une meilleure prise en compte… si les situations lui sont bien soumises ce qui n’est pas le cas systématiquement.
Malheureusement, le SIEC refuse de revoir sa politique de convocation qui vise en priorité certains collègues, surchargés durant une semaine alors que d’autres - la majorité - ne sont tout simplement pas convoqués. Cette inéquité, qui n’existe que pour des raisons de commodité pour le SIEC, est aussi injuste qu’intenable.

Un calendrier intenable

L’annonce du calendrier de correction des épreuves écrites et du passage du Grand Oral a alarmé les représentants du SNES qui ont tout de suite dénoncé son caractère intenable. En effet, alors que les épreuves de spécialité doivent se clore le 21 juin, les épreuves de Grand Oral vont commencer le mercredi 26 juin au matin pour s’étaler jusqu’au 2 juilllet. Étant donné qu’il faudra un délai pour la numérisation, les lots de 35 copies ne seront attribuées que le 24 juin pour être finis le 28 juin. Les délais de correction de copies numérisées sont déjà resserrés pour la majorité, mais un certain nombre de collègues va exploser sous le travail cumulant la correction sur Santorin de leur lot et le passage du Grand Oral. Nous avons dénoncé cette situation intenable qui relève de la maltraitance au travail. Par ailleurs, il y a tout lieu de penser que des absences seront constatées du fait de l’épuisement des collègues ce qui ne fera qu’aggraver les dysfonctionnements.
Tenu par le début des séjours de cohésion du SNU organisés à partir du 3 juillet, le SIEC a refusé de prendre en compte nos critiques s’estimant contraint par un calendrier impliquant de superposer Grand Oral et correction des épreuves de spécialité. Voilà bien encore une démonstration du caractère absurde de l’empilement des reformes des différents ministères qui se succèdent depuis plusieurs années (bac Blanquer plusieurs fois réformés, « reconquête » du mois de juin voulu par Gabriel Attal, marotte du SNU imposée par Emmanuel Macron etc.). Le tout au détriment des élèves et des collègues !