Hors-classe des agrégés Des avancées significatives malgré le coup de force du Recteur

dimanche 19 mai 2013
par  Snes S3 MRP

La CAPA d’accès à la hors-classe des agrégés initialement fixée le 25 avril 2013 a été l’occasion d’un conflit entre les élus du SNES et le rectorat dont les enjeux étaient multiples : limites du pouvoir des IPR et des CE sur la carrière des enseignants, exercice du contrôle paritaire et respect de l’équité de traitement entre tous les candidats. Elle a aussi été marquée par un fait inouï : le recteur manquait à sa parole et revenait l’après midi sur les engagements qu’il avait pris le matin même. Il est nécessaire de rappeler les principales étapes de cette séquence assez hallucinante.

 Un coup de force de la part du Rectorat pour s’affranchir du contrôle des élus et de critères objectifs

Les groupes de travail (GT) que le rectorat avait, malgré l’opposition du SNES, limités à deux au lieu de trois, avaient commencé le 19 avril. Tant qu’il était question des candidatures du11ème échelon nous avons pu discuter les avis des IPR et des CE en les comparant à la notation statutaire (note administrative, note pédagogique et rapports d’inspection). Comme chaque année, cette comparaison révélait des contradictions parfois très fortes , affaiblissait l’idée de la pertinence des avis et permettait d’obtenir l’avis « Exceptionnel » du recteur pour des dossiers dont les avis du CE ou de l’IPR étaient seulement « Favorable » (F) voire « Réservé ».

Puis, avec le 10ème échelon, tout changea. On entrait, a-t-on appris, dans une gestion des candidatures « plus qualitative…. »En clair, il fallait attribuer l’avis « Exceptionnel » à quelques candidats mais en se limitant strictement à ceux qui avaient reçu deux avis « Très favorable »(TF), autrement dit à ceux qu’avaient déjà choisis IPR et CE et tout accès aux dossiers devenait interdit. Ce que le recteur n’avait pas tenté au 11ème échelon où les enjeux de la promotion sont lourds (accès aux échelles-lettres, effet sur la pension), il le faisait au 10ème échelon où la notion si discutable de « mérite » devait reprendre ses droits.

 Le SNES déterminé à imposer le respect de la transparence et de l’équité de traitement

Le 25 avril, le SNES était à l’initiative d’un refus de siéger unanime, à l’exception du SGEN, et, en présence du recteur, il protestait contre ces conditions inacceptables. Le recteur prenait alors l’engagement de trouver une autre méthode qui puisse faire accord. Mais, le jour même, la CAPA était reconvoquée exactement sur les même bases que celles qui venaient d’être exclues. Le SNES mettait tout en œuvre pour obtenir une audience et rappeler au recteur l’engagement pris mais celui-ci ne devait plus jamais être notre interlocuteur : injoignable entre le 25 et le 30, il n’assurait pas non plus la présidence de la CAPA.

Les commissaires paritaires du SNES faisaient alors le maximum pour préserver les intérêts de tous, rejetaient toutes les compromissions. Celle-ci par exemple : à condition d’avoir un avis TF de l’IPR, on pouvait être proposé avec un avis F du CE mais seulement si celui-ci avait utilisé tout son contingent d’avis TF. C’était encore nous demander d’admettre l’infaillibilité des évaluateurs et que l’évaluation d’un enseignant ne dépende pas directement de son travail mais des avis portés sur celui de ses collègues. C’était nous demander de cautionner cette révoltante absurdité : dans les établissements où le quota était atteint, les agrégés avec l’avis F devenaient tous excellents mais, dans ceux où aucun avis TF n’était porté, ils restaient tous irrémédiablement mauvais.

  Le Recteur renie ses engagements

Mais le rectorat décidait de passer en force. Il avait reçu dès le début le soutien explicite du SGEN qui n’avait cessé de voir des « avancées » là où il n’y avait que des reculs, avait déclaré que les avis des « experts » n’avaient pas à être discutés et proposé tout bonnement d’éliminer d’emblée les dossiers qui n’avaient pas au moins deux avis F.

Ce n’était pas tout. Le rectorat, proposait tous les agrégés par liste d’aptitude du 11ème échelon, même s’ils venaient d’entrer dans le corps, double promotion qui peut représenter jusqu’à un gain salarial brut de plus de 800 euros en 4 ans ! Le SGEN qui, là aussi, avait défendu la même mesure, invoquait l’équité et la reconnaissance du mérite sans s’émouvoir un seul instant à la pensée ni des agrégés par concours qui n’ont jamais connu une telle accélération de carrière, ni de tous ceux qui n’accèdent pas à la hors classe (voir le bilan de la CAPN 2012 sur le site du SNES national) ni même de tous les certifiés qui préparent, au prix de gros efforts, et parfois de sacrifices financiers, l’un des concours de l’agrégation.

 En dépit de ce coup de force, le SNES préserve la hors classe comme perspective de carrière pour tous

Cette offensive sans précédent des pouvoirs hiérarchiques pour maîtriser totalement la hors classe au mépris de toute transparence et de l’équité de traitement, que le SNES continuera de combattre sans relâche, ne doit pas occulter un résultat très positif pour les agrégés de Versailles. Avant la CAPA, sur les 212 agrégés au 11ème échelon, 68 seulement bénéficiaient de l’avis « Exceptionnel », déterminant pour la promotion en CAPN. Par l’action des élus du SNES, ce chiffre est passé à 188, ce qui représente 89% des promouvables de cet échelon.