Le Lycée Le Corbusier de Poissy vote une motion en CA sur la réforme du lycée

jeudi 11 décembre 2008
par  Secteur politique éducative

MOTION A L’INITIATIVE DES ELUS ENSEIGNANTS SUR LA REFORME DU LYCEE VOTEE PAR LES MEMBRES CA DU LGT LE CORBUSIER (POISSY, 78) LE 4 DECEMBRE 2008
13 VOIX POUR SUR 19 VOTANTS(3 abstentions et 3 votes contre)

La réforme du lycée, et en particulier de la classe de seconde, prévue pour la rentrée prochaine, est contraire à l’intérêt des élèves et constitue un vrai danger pour leur avenir. Elle est dépourvue de toute ambition et est inspirée essentiellement par des considérations d’ordre strictement comptable, visant à supprimer sur l’ensemble de l’éducation nationale, 13 500 postes (qui s’ajoutent aux 11 200 de l’année précédente).
Cette réforme aura pour effet, dans un premier temps, la diminution de l’offre d’enseignement en 2nde, limité à 30 heures/élève, un enseignement commun en forte baisse, avec, pour conséquence, l’accroissement des inégalités scolaires et des difficultés d’intégration sociale d’une partie de la jeunesse.

Les enseignants, soucieux de la réussite des élèves, s’opposent donc à cette réforme des lycées qui prévoit pour l’heure :

1) Un tronc commun réduit à 21 heures/semaine (au lieu de 27H actuellement) réparties entre 7 disciplines, (Français, mathématiques, Histoire /géographie, Sciences expérimentales, LV1, LVII, EPS). Ainsi le risque est grand de voir des enseignements fondamentaux être réduits et donc les programmes considérablement allégés, ce qui rendra plus difficile la poursuite d’études supérieures. Aucune ambition, en outre, à l’ère de l’Europe, n’est affichée en direction des langues.

2) L’organisation de modules d’enseignements complémentaires répartis en quatre champs « Humanités », « Sciences », « Sciences de la société », « Technologies » avec des modules à choisir, au nombre de 4, pour un total de 6 heures sur l’année, à raison d’1h30/année par module (organisées semestriellement) soulève, outre des difficultés d’ordre administratif et d’emploi du temps, les problèmes suivants :

a) Ces modules forment un parcours peu lisible pour l’élève, et dont l’opacité est dissimulée sous l’apparence d’une prétendue liberté de choix.
b) L’élève ne pourra opter que pour les modules proposés dans son lycée et en fonction des places disponibles.
c) L’émiettement provoqué par la semestrialisation (c’est-à-dire l’organisation en modules semestriels et non plus un enseignement annuel) est en contradiction avec une démarche pédagogique constructive qui s’appuie sur la durée et conduira à un empilement de savoirs éclatés. En effet, aucune réflexion n’a été menée sur la façon dont pourraient s’articuler tronc commun et modules.
d) Le projet, en l’état, présente le risque sérieux d’introduire une concurrence entre modules qui fragilisera et marginalisera les disciplines absentes du tronc commun. Les élèves pourront choisir des modules dans les disciplines du tronc commun. Sont ainsi menacées de disparition des disciplines comme les langues anciennes, la LVIII, les arts plastiques, et des options « lourdes » comme l’audiovisuel, le théâtre ou le cirque.
e) La série générale SES (rebaptisée « Sciences de la Société ») est remise en cause : l’absence de toute information et de visibilité sur le cycle terminal incluant la 1ère et la terminale fragilise cet enseignement et pose le problème de son maintien réel. Il faudrait aujourd’hui intégrer dans le tronc commun, cet enseignement indispensable à la compréhension des phénomènes socio-économiques.
f) La section STG est menacée elle aussi par la mise en cause de la distinction existante entre voie technologique et voie professionnelle.
g) Enfin, la réforme ne peut être conçue et appliquée en 2nde dès la prochaine rentrée sans que les élèves puissent avoir l’idée de ce que seront ensuite la 1ère et la Terminale.

3) L’accompagnement personnalisé à raison de 3 heures-élèves/semaine
a) Contrairement à ce qui est prévu par le projet, l’accompagnement personnalisé (qui correspond à une demande des parents, des lycéens et des enseignants) doit s’ajouter aux horaires existant actuellement ; il ne doit donc pas être financé par la diminution des horaires des enseignements communs obligatoires en vigueur aujourd’hui, afin de ne pas creuser davantage les inégalités entre les élèves. En effet, aucune garantie n’est donnée sur la mise en place d’un soutien scolaire efficace, destiné à surmonter les difficultés scolaires, au sein de modules fourre-tout.
b) Le risque est grand, sous couvert d’autonomie des établissements, d’ouvrir la porte à des déréglementations, c’est-à-dire à des adaptations locales qui abandonnent les horaires nationaux et les programmes nationaux.
Surtout, cette réforme laisse craindre la remise en cause du baccalauréat comme examen national et premier diplôme universitaire, au profit de contrôles locaux sujets à caution.

Ce projet est, dans son état actuel, inacceptable et ne doit pas être appliqué à la rentrée 2009 !

Cette réforme du lycée ne ferait que poursuivre et renforcer cette tendance en donnant un coup d’arrêt à une réelle démocratisation de l’école, à sa contribution à la promotion sociale et à la lutte contre les inégalités socioculturelles.

Un moratoire est nécessaire pour éviter la précipitation et prendre le temps de la réflexion et de la discussion entre tous les acteurs du système éducatif : personnels de l’éducation nationale et leurs représentants, parents d’élèves, élèves, pouvoirs publics pour une réforme qui engagera l’avenir des élèves


Documents joints

PDF - 26.5 kio