Contre les lgbtiphobies, pour la dépsychiatrisation et la démédicalisation de toutes les personnes LGBTQIA+.
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Les lgbtiphobies sont omniprésentes et protéiformes. Elles se manifestent par des rapports inter-personnels, allant des stéréotypes, des remarques déplacées, du mépris aux violences psychologiques, physiques, sexuelles, voire aux meurtres. Comme le racisme et le patriarcat, les lgbtiphobies sont systémiques ; elles résultent d’un système d’organisation sociale qui permet et légitime l’oppression matérielle d’une minorité. En ce sens, les lgbtiphobies sont déterminées et renforcées par les rapports sociaux et ainsi liées aux formes de violence capitalistes néolibérales, et aux tendances fascistes de l’extrême-droite.
L’essentialisme permet la légitimation et la persistance de ces oppressions, tout comme cette conception selon laquelle les personnes cis hétérosexuelles seraient « normales », et les personnes LGBTQIA+ non. Leurs modes de vie et valeurs seraient ainsi intrinsèquement et moralement supérieurs à ceux des personnes LGBTQIA+. On parle de cishétéronormativité. Le procédé de définition d’une norme cis hétérosexuelle est complexe et multifactoriel. Toutefois, la médicalisation et la psychiatrisation des identités LGBTQIA+ a historiquement contribué à la construction de cette norme.
La date du 17 mai est celle à laquelle, en 1990, l’homosexualité a été retirée de la liste des maladies mentales par l’OMS. La marginalisation institutionnelle permettait avant cette date de caractériser les identités et sexualités LGBTQIA+ comme anormales, voire malsaines (au sens médical et moral), contrairement à la norme cis hétérosexuelle.
Ainsi, cela ne fait que 35 ans que les personnes homosexuelles ne sont plus officiellement et médicalement considérées comme atteintes d’un trouble psychiatrique. Cette stigmatisation médicalement marginalisante a grandement contribué à façonner dialectiquement la cishétéronormativité et à légitimer les oppressions patriarcales et lgbtiphobes qu’elle continue de faire subir aux personnes LGBTQIA+.
Cependant, des procédés institutionnels et pseudo-scientifiques de marginalisation persistent. En France, les transidentités ont cessé d’être considérées comme pathologiques en 2010, mais ce n’est que le 27 mai 2019 que l’OMS a retiré la transidentité de la classification des troubles mentaux et cette modification est entrée en application en 2022 seulement. Les personnes LGBTQIA+ restent stigmatisées et leur auto-détermination est encore niée par une surmédicalisation et une psychiatrisation auxquelles iels sont confronté.es. Les parcours de transition, médicaux et administratifs restent largement soumis à une surmédicalisation et psychiatrisation, notamment pour l’obtention de traitements hormonaux, et la modification de la mention du sexe à l’état-civil. Les lgbtiphobies sont bien présentes chez les personnels médicaux ; 65% des personnes trans ont eu le sentiment d’avoir été discriminées au cours de leurs entretiens de santé. Un accompagnement respectueux des personnes trans est nécessaire.
De même les personnes intersexes, mineur·es comme majeur·es, restent soumis.es à des traitements hormonaux et chirurgicaux lourds, souvent dès la naissance et non-consentis, quand les variations intersexes sont saines et naturelles. L’OMS classifie toujours l’intersexuation dans la catégorie des « troubles du développement sexuel », légitimant ainsi les interventions sur les corps des personnes concerné·es. L’intersexualité n’est pas pathologique et ne requiert pas d’intervention médicale si celle-ci n’est pas désirée. Le choix doit revenir à la personne, sur la base du principe d’auto-détermination du genre.
L’auto-détermination des mineur·es trans, non-binaires et intersexes ne doit pas être soumise à la médicalisation et la psychiatrisation, qui peuvent constituer autant d’obstacles et de pressions cishétéronormatives à leur égard. Il faut permettre à toutes et tous de vivre leur·s identité·s et expression·e de genre comme iels le souhaitent, en leur donnant les moyens de vivre leur puberté dans un corps qui corresponde à leur genre. Les bloqueurs de puberté n’ont pas d’incidence néfaste sur la santé et sont réversibles. A l’inverse, une puberté non-désirée ne l’est pas, et constitue une forme de violence physique et psychologique qui peut conduire au suicide. Protéger les mineur·es trans, c’est permettre leur auto-détermination et les protéger des pressions cishétéronormatives qui nient leur·s existence·s.
Le SNES-FSU lutte contre toutes les formes de lgbtiphobies. Cela passe notamment par une simplification des parcours de transition, le changement de la mention du sexe à l’état civil sur simple déclaration en mairie, et l’accès à des parcours de soin qui ne soient plus soumis à des consultations auprès d’un·e psychiatre. Cette pratique encore courante et contraire aux préconisations de la Haute autorité de la santé constitue un refus de soin et est discriminatoire. Certains praticiens prétextent ne pas être formé·es à la transidentité et refusent de suivre les patient·es transgenres, mais les formations existent et sont disponibles ; les associations des personnes trans dispensent et proposent des formations aux personnels médicaux. Le Snes-FSU, comme les associations et le Défenseur des Droits, dénonce les pratiques discriminatoires, exige la formation des médecins généralistes au suivi médical des personnes transgenres, et rappelle que les attestations de psychiatres ne sont pas nécessaires pour obtenir un traitement hormonal.
Le Snes-FSU milite pour le respect inconditionnel de l’identité de genre de tous·tes sur la base de l’autodétermination. Dans les métiers de l’éducation, nous revendiquons un programme d’EVARS plus ambitieux, abordant de façon plus explicite et respectueuse le sujet des identités LGBTQIA+, afin d’éduquer et de lutter contre les lgbtiphobies. Le SNES-FSU exige davantage de formation des personnels sur la lutte contre les lgbtiphobies et sur les thématiques LGBTQIA+, en particulier la transidentité et l’intersexualité.