Réforme de la formation initiale : conditions de stage (service, rémunération), indemnités de tutorat,… Le SNES-FSU fait le point.

samedi 28 mai 2022
par  Secteur entrer dans le métier

La réforme de la formation initiale entrera pleinement en vigueur à la rentrée 2022. Il en découle une multiplication des situations pour les entrant·es dans le métier ainsi qu’une multiplication des types de tutorat. Alors que se prépare, dans les établissements, la rentrée 2022, les questions sur ces nouvelles conditions de stage se multiplient. Le SNES-FSU vous aide à vous y retrouver.

 Conditions de formation des entrant·es dans le métier

1) Les fonctionnaires stagiaires
Les fonctionnaires stagiaires sont les lauréat·es d’un concours d’enseignement, d’éducation ou de PSY-EN. Ces stagiaires peuvent être affecté·es en stage à temps plein ou à mi-temps selon leur situation.

  • Fonctionnaires stagiaires affecté·es en stage à temps plein avec 10 à 20 jours de formation sur l’année. Sont concerné·es :
    - les lauréat·es titulaires d’un master MEEF ;
    - les lauréat·es justifiant d’une expérience significative d’enseignement (service d’au moins un an et demi équivalent temps plein sur les 3 dernières années dans la discipline de recrutement) ;
    - les lauréat·es d’un concours d’enseignement déjà titulaires d’un autre corps d’enseignement.
  • Fonctionnaires stagiaires affecté·es à mi-temps avec deux jours de formation par semaine à l’INSPE. Sont concerné·es :
    - les lauréat·es titulaires d’un master autre que MEEF qui n’ont pas d’expérience significative d’enseignement (voir ci-dessus) et ne sont pas déjà titulaires d’un corps enseignant ;
    - les lauréat·es dispensé·es de la détention d’un master, sans expérience significative d’enseignement, et qui ne sont pas déjà titulaires d’un corps enseignant
    - les lauréat·es déjà titulaires d’un corps de la fonction publique, hors corps enseignants.

=> Cette réforme représente donc une très forte dégradation des conditions d’entrée dans le métier après le concours !

2) Les étudiant·es en master MEEF

Il s’agit de l’autre catégorie d’entrant·es dans le métier que nous pourrons voir dans nos établissements. Ce sont des étudiant·es inscrit·es en master MEEF, préparant le concours, et qui peuvent être dans 3 situations différentes :

  • Les étudiant·es en deuxième année de master MEEF et contractuel·les alternant·es (ECA)

Ces étudiant·es ont un service de 6 heures en responsabilité sur l’année. Parallèlement, ils doivent valider leur master à l’université tout en préparant les épreuves du concours. Leur rémunération indiciaire mensuelle nette est d’environ 695 euros (hors ISOE et indemnité de résidence).

  • Les étudiant·es en deuxième année de master MEEF et en stage d’observation et de pratique accompagnée (SOPA)

Ces étudiant·es ne sont pas en responsabilité contrairement aux ECA, et effectuent un stage d’observation et de pratique accompagnée pour une durée de 12 semaines. Ce stage doit donner lieu à une gratification sur l’année d’environ 1 260 euros. Parallèlement, ils ou elles doivent valider leur master à l’université tout en préparant leur concours.

  • Les étudiant·es en première année de master MEEF

Nous pouvons également rencontrer dans nos établissements des étudiant·es en première année de master MEEF, ces derniers devant réaliser un stage d’observation et de pratique accompagnée d’une durée de 6 semaines.

3) Les AED prépro

Le dispositif AED prépro a été mis en place à la rentrée 2019 et propose de recruter des étudiant·es en L2 pour une durée de 3 ans.
Les étudiant·es sont affecté·es sur un seul établissement avec un tuteur ou une tutrice et les missions qui peuvent leur être confiées progressent d’année en année. Leur rémunération est de 700 euros nets en L2, 963 euros nets en L3 et 980 euros nets en M1. Pour les étudiant·es ayant bénéficié de ce dispositif et inscrit·es en master MEEF, il est désormais possible d’avoir une prolongation de leur contrat pour leur deuxième année de master MEEF. (pour plus d’informations sur les AED prépro, voir cet article)

Passage du concours : de l’année de M1 au M2
Avec la réforme du concours effective en 2022, il faut au moins être inscrit·e en deuxième année de Master (n’importe lequel) pour passer le concours, et les lauréat·es doivent avoir validé le M2 pour entrer en stage. Les parcours en amont du concours sont nombreux, mais peu attractifs. Et le passage du M1 au M2 n’a aucun effet positif sur la rémunération et la carrière, ce que nous dénonçons : malgré un niveau de recrutement qui augmente en 2022, un·e prof ou un·e CPE débutant·e sera moins payé·e qu’il y a 10 ans !

 Les différentes indemnités de tutorat

Cette diversité des profils des entrant·es dans le métier s’accompagne d’une plus grande diversité des tutorats. Nous faisons le point sur les différentes indemnités existantes. Pour en savoir plus les missions des tuteurs et tutrices, voir cet article.

1) Tutrice ou tuteur de fonctionnaires stagiaires

Que le fonctionnaire stagiaire soit à mi-temps ou à temps plein, l’indemnité de tutorat reste la même : 1 250 euros annuels. Cette indemnité a connu une baisse significative en 2014 (elle était auparavant de 2000 euros). Le SNES-FSU continue de revendiquer le retour à ce montant.

2) Tutrice ou tuteur de contractuel·les alternant·es ou d’AED prépro

Pour les contractuel·les alternant·es et les AED prépro, l’indemnité est de 800 euros annuels (récemment revalorisée, elle était initialement de 600 euros)

3) Tutrice ou tuteur d’étudiants en stage d’observation et de pratique accompagnée (SOPA)

Pour les étudiant·es en première année de master, l’indemnité est de 150 euros par étudiant·e pour l’ensemble de ses périodes de stage d’observation et de pratique accompagnée (si l’étudiant·e a plusieurs tuteurs pendant ces périodes, ces derniers se partagent l’indemnité de 150 euros).
Pour les étudiant·es en deuxième année de master, l’indemnité est de 300 euros par étudiant·e pour l’ensemble de ses périodes de stage d’observation et de pratique accompagnée (si l’étudiant·e a plusieurs tuteurs pendant ces périodes, ces derniers se partagent l’indemnité de 300 euros).

 Une réforme condamnable

La FSU, à laquelle appartient le SNES, a dénoncé très tôt les effets de la réforme sur le déroulement de l’année de stage avant titularisation, en y voyant un grave recul pour la formation des enseignant·es et des CPE.

Pour le SNES-FSU, cette réforme va à l’encontre d’une entrée dans le métier sereine, bien rémunérée et formatrice. Au contraire, elle précarise les étudiant·es, elle les met dans des situations impossibles : trop peu de temps de préparation du concours, trop peu de temps de préparation des cours, trop peu de temps de formation didactique et pédagogique.

Les syndicats de la FSU dénoncent par ailleurs la mise à temps plein des stagiaires, demandent une véritable décharge de service sur le temps du tuteur avec une revalorisation salariale et refusent la contractualisation des étudiant·es pour revendiquer un statut d’étudiant·e fonctionnaire.

Retrouvez toutes nos analyses dans cet article détaillé sur la réforme des concours et de l’entrée dans le métier.