Choc des savoirs épisode 3 : Les nouveaux textes publiés dans la plus grande discrétion
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Après plus de quatre mois d’incertitude depuis l’annulation de l’arrêté et de la circulaire sur le choc des savoirs, les nouveaux textes sont parus au Journal officiel du 4 avril 2025.
Malgré les réserves émises par Elisabeth Borne au sujet des groupes de niveaux (rebaptisés groupes de besoins), ces nouveaux textes semblent répondre à la demande insistante du syndicat majoritaire des personnels de direction pourtant opposé à la réforme, d’une situation claire pour la préparation de la rentrée 2025. L’idée de faire un bilan en fin de 5e pour la première cohorte d’élèves ayant « bénéficié » de ce dispositif semble s’appliquer alors même que l’on attend le rapport de l’Inspection générale sur le sujet et qu’il ne s’annonce pas favorable à la réforme.
Le décret du premier ministre se contente de déléguer le droit de fixer l’organisation des enseignements à la ministre de l’Éducation nationale : « Pour les classes de 6e et de 5e, à des fins pédagogiques, cet arrêté peut prévoir que ces enseignements sont dispensés en classe ou en groupes d’élèves selon des règles qu’il détermine. »
Le nouvel arrêté reprend ainsi globalement le précédent (annulé par le Conseil d’Etat) : « Art. 4-1. – Pour l’ensemble des classes de 6e et de 5e, les enseignements communs de français et de mathématiques, sur tout l’horaire, sont organisés en groupes. Les groupes sont constitués en fonction des besoins des élèves identifiés par les professeurs. Les groupes des élèves les plus en difficulté bénéficient d’effectifs réduits. Par dérogation, et afin de garantir la cohérence des progressions pédagogiques des différents groupes, les élèves peuvent être, pour une ou plusieurs périodes, une à dix semaines dans l’année, regroupés conformément à leur classe de référence pour ces enseignements. La composition des groupes est réexaminée au cours de l’année scolaire, notamment à l’occasion des regroupements, afin de tenir compte de la progression et des besoins des élèves. ».
Les groupes de besoins en 4e et 3e sont donc bien enterrés : « En classes de 4e et de 3e, en vue notamment de la préparation du diplôme national du brevet, les enseignements communs sont renforcés par un accompagnement pédagogique adapté aux besoins de tous les élèves. ». L’arrêté reprend là aussi le texte de l’arrêté annulé : « Art. 2. – Des heures de soutien supplémentaires consacrées à la maîtrise des savoirs fondamentaux peuvent être proposées aux élèves dont les besoins ont été identifiés conformément aux dispositions des articles D. 311-12 et D. 332-6 du code de l’éducation, dans la limite de deux heures hebdomadaires. » qui concerne tous les niveaux sans financement particulier, donc comme toujours sur la marge.
Comme en 2024, il est précisé dans les annexes de l’arrêté que l’horaire d’EMC est de 30 mn hebdomadaires. On peut craindre que cette nouveauté ne préfigure la dissociation entre histoire-géographie et EMC, cette dernière pouvant comme au lycée servir de variable d’ajustement pour compléter les services des collègues de n’importe quelle discipline, donc non formés à l’EMC.
Le SNES-FSU rappelle que cette réforme a réduit l’horaire des élèves de 6e à 25 heures hebdomadaires de cours. Il continue de demander le retour de la technologie en 6e.
Comment agir ?
le site du SNES-FSU recense différents les outils pour s’opposer à la réforme : réponse à l’enquête de l’inspection générale, guide pour agir en CA, délibérations fixant des groupes hétérogènes stables, tracts pour la profession et à l’attention des parents, respect de la liberté pédagogique …
Le SNES-FSU continue de demander l’abandon des groupes de niveau et plus largement de la réforme du « Choc des savoirs » !