[PLE] - Vigilance sur les projets locaux d’évaluation dans les lycées

Une dangereuse confusion dans de nombreux établissements
lundi 11 octobre 2021
par  Secteur politique éducative

À la suite des décrets et arrêtés du 28 juillet le Ministère de l’Éducation nationale impose l’élaboration d’un PLE dans les lycées. Les premiers retours sur cette élaboration sont inquiétants.

Dans la plupart des lycées de l’Académie les sections du SNES-FSU ont tâché d’informer les collègues sur les dangers du PLE pour éviter un corsetage de ce dernier qui détruirait notre liberté pédagogique au profit d’un management de l’évaluation mené par les chefs d’établissement.

De nombreuses équipes pédagogiques se sont coordonnées pour arriver à la rédaction d’un texte qui ne soit ni opposable, ni engageant et qui ne prétende pas « cadenasser » les pratiques des différentes disciplines. Elles ont eu parfois fort à faire face à des chefs d’établissements dans certains cas mal informés et dans d’autres cherchant à utiliser l’élaboration d’un PLE comme outil pour contrôler l’évaluation et in fine les pratiques pédagogiques des enseignants.

 Des propositions inquiétantes de la part des directions

Les propositions les plus inquiétantes sont apparues. Souvent en prenant le guide de l’Inspection générale comme référence par excellence, parfois en se fondant sur des rumeurs et discussions circulant entre chefs d’établissement d’un même bassin, les directions ont voulu imposer des conditions inacceptables. Florilège :

  • Au lycée Marie Curie de Sceaux, la direction envisage un PLE extrêmement tatillon : le PLE doit explicitement définir les objectifs de chaque évaluation dans la « constitution de la moyenne représentative », la répartition entre les trois types d’évaluation (formative, sommative, certificative), le nombre d’évaluations devant être exécutées chaque trimestre par élève, les coefficients etc. Les enseignants ont décidé de refuser ce qui va s’avérer un énorme outil de contrôle.
  • Au lycée Jacques Monod de Clamart la direction, prétendant élaborer un document pour « éviter » l’intervention intempestive des parents, a envisagé un PLE qui s’étendrait à la seconde et non plus au cycle terminale et qu’il s’agirait de faire voter au CA pour l’intégrer dans le règlement intérieur. C’est évidemment totalement non réglementaire et les collègues de l’établissement ne permettront pas que la chose se fasse.
  • Au lycée Descartes de Montigny-le-Bretonneux par exemple, la direction désire établir un nombre minimum de corrections par an mais aussi fixer, dans le PLE, le nombre de sujets tirés de la Banque nationale des sujets, dernier avatar des E3C récemment disparus. Le PLE devrait fixer aussi le nombre de « corrections croisées » : l’intrusion dans la liberté pédagogique est ici à son maximum !
  • Au lycée Albert Einstein de Sainte-Geneviève-des-Bois, une IA-IPR était venue conforter le projet du chef d’établissement faisant du guide de l’Inspection la pierre angulaire du futur PLE. La direction et l’IA-IPR ont voulu transformer le projet d’évaluation du bac et du contrôle continu en protocole d’évaluation pour tout le lycée, secondes comprises. Elles ont voulu faire fixer que des évaluations seraient comprises dans la moyenne et d’autres non en faisant intégrer le tout dans le Règlement intérieur. Elles se sont heurtées au refus des professeurs.

Et ce n’est qu’un extrait des nombreux retours que nous avons sur des projets conçus par les chefs d’établissement qui, à grand renfort de tableaux à multiples entrées et jeu de couleurs bigarrées veulent imposer la durée de l’évaluation, sa forme, son type, ses objectifs, les éléments de barème, les modalités d’harmonisation au sein d’une même discipline etc.

 Des équipes pédagogiques face aux risques de PLE dangereux

  • Ainsi au lycée Michelet à Vanves (92), les enseignants des équipes de Lettres, Philosophie, Arts Plastiques, Mathématiques et Sciences Économiques et Sociales, ont signé une motion qui, après avoir « souligné que les préconisations pour le contrôle continu soumettent les élèves à une pression permanente peu propice aux apprentissages et à leur bien-être », a annoncé simplement que « les professeurs évalueront leurs élèves selon les besoins pédagogiques de chaque groupe et en fonction des attendus du programme ».
  • Au lycée Évariste Galois de Beaumont-sur-Oise (95), les équipes pédagogiques ont présenté un texte fixant que « les élèves sont évalués en cohérence avec les attendus des programmes d’enseignement. L’évaluation pourra porter sur des travaux de nature variée : écrits, oraux, expérimentations, de manière individuelle ou en groupe, réalisés en classe ou à la maison, sous forme matérielle ou dématérialisée et autres, à la discrétion du professeur. Elle pourra être diagnostique, formative ou sommative. Les critères d’évaluation sont déterminés par chaque professeur. »
  • Au lycée Louis Bascan de Rambouillet, l’équipe de SES a rédigé une motion rappelant les principes fondamentaux de l’évaluation auxquels les enseignants sont attachés (voir en PJ).
  • Au lycée Michel-Ange de Villeneuve-la-Garenne, les enseignants présents en heure d’information syndicale ont tenu à rappeler par une motion qu’ils refusaient la logique la réforme Blanquer qui débouchent sur le PLE et ainsi « de [se] définir eux-mêmes un carcan dans lequel nous renoncerions à notre liberté pédagogique » ainsi que « de renoncer à notre mission de formateurs en [se] transformant en examinateurs perpétuels ».

 Un enjeu essentiel pour les enseignantes et enseignants

L’enjeu du PLE est extrêmement important : il poursuit le travail de sape du cadre national du baccalauréat et dessaisit les professeurs d’un élément essentiel de leur pédagogie : l’évaluation. Il est essentiel que les équipes pédagogiques continuent leur mobilisation pour « neutraliser » les dangers intrinsèques du PLE.

=> N’hésitez pas à nous tenir informés des textes rédigés et des actions menées dans votre établissement. Et signalez-nous les difficultés rencontrées : lycee@versailles.snes.edu.


Documents joints

Motion SES Louis Bascan/Rambouillet