Réforme du collège et avenir des langues à faible diffusion dans l’académie : compte rendu de la réunion au Rectorat du vendredi 11 décembre

lundi 14 décembre 2015
par  Snes S3 MRP

Vendredi 11 décembre s’est tenue une réunion au Rectorat sur l’avenir des bilangues dans l’académie. Aucun document précis n’a été donné, à l’exception d’un tableau récapitulatif.

 Avenir des bilangues : deux tiers des bilangues sur la sellette dans l’académie

La ministre de l’Éducation Nationale a été contrainte à un premier recul, très insuffisant cependant, devant l’ampleur de la mobilisation de la profession contre la réforme du collège à l’appel du SNES-FSU avec l’intersyndicale et des associations professionnelles des professeurs de langues vivantes depuis le mois de mai. Les bilangues qui devaient toutes disparaître à la rentrée 2016 seraient pour certaines maintenues, à la condition qu’elles s’inscrivent dans la continuité d’un enseignement de la langue vivante concernée du Primaire au Secondaire.

Le Rectorat a annoncé vouloir concevoir la future carte des langues dans le strict respect des bornes fixées par le Ministère, tout en portant une attention particulière à la question des bilangues en Éducation prioritaire. En effet, celles-ci seraient toutes sauvegardées, quand bien même il ne serait pas possible de les rattacher à un enseignement de la langue vivante correspondante dans le primaire.
Si le Rectorat ne change pas ces critères, cela aboutirait à une hécatombe comme le montre le tableau ci-dessous, mettant en péril la diversité de l’offre linguistique dans l’académie que le Recteur prétend, pourtant, vouloir renforcer :

Type Total Arabe Allemand Chinois Italien Portugais Russe
Éducation prioritaire 53 5 31 0 1 1 0
de continuité 88 5 69 1 1 13 0
académie 249 5 222 1 4 14 3
Bilangues menacées de fermeture 161 0 153 0 3 1 3

 L’opposition du SNES-FSU à toute fermeture des bilangues

Le SNES-FSU a dénoncé le faux procès fait aux bilangues par la Ministre. Celle-ci les assimile systématiquement et uniquement à des filières d’élite et de contournement, alors que, dans la réalité, elles sont d’abord un outil pour préserver la diversité de l’offre en LV1 menacée par l’hégémonie de l’anglais. Il y a longtemps que, dans beaucoup d’établissements, afin d’éviter la constitution de filières d’élite par le jeu des options, les groupes de bilangues sont repartis dans plusieurs classes. Quant à la logique de contournement que leur présence peut induire, elle relève de la responsabilité des autorités qui doivent :

  • favoriser une implantation plus nourrie et plus équilibrée des bilangues sur l’ensemble du territoire,
  • et veiller à une véritable régulation de la carte scolaire dont le Gouvernement, toujours à la pointe pour revendiquer la mixité sociale, n’a pas cru bon de remettre en cause l’assouplissement.

Le démantèlement des bilangues obéit, en fait, à une logique comptable. La descente de l’enseignement de LV2 en 5e qui résulte de la réforme du collège représente un coût en emplois et en moyens que le Ministère veut financer par la fermeture des bilangues. Et tout cela, au risque de renforcer des inégalités qui vont à l’encontre des objectifs de démocratisation qu’il affirme poursuivre :

  • La fermeture des bilangues risque de renvoyer des parents d’élèves vers les établissements du privé qui maintiendront et développeront cette offre. Les promesses faites par le diocèse au Rectorat d’appliquer les mêmes règles que dans le public n’engagent que ceux qui y croient !
  • Des académies, comptant sur davantage de moyens que celle de l’académie de Versailles, ont annoncé le maintien de l’offre des bilangues pour l’an prochain. Où est l’unité du Service public d’Éducation ?
  • Le maintien des bilangues sur la seule base du principe de continuité ne fera que renforcer les inégalités à l’intérieur de l’académie de Versailles, accentuant la pression des familles sur les écoles pouvant offrir des langues à faible diffusion.

Enfin la suppression des bilangues menace l’existence de postes et la pérennité du peu de diversité linguistique dans l’académie.

C’est pourquoi, le SNES-FSU revendique :

  • le refus de toute fermeture des bilangues et de suppressions de poste dans les langues à faible diffusion,
  • la construction d’une carte des bilangues et des langues vivantes qui ne s’appuie pas sur le principe de continuité,
  • les créations de moyens et d’emplois permettant une offre assurant diversité sur tout le territoire.

Le Rectorat est embarrassé par les conséquences du chantier de démolition des bilangues qu’il devrait conduire, s’il en restait aux principes fixés par la Ministre.
Le SNES-FSU va réintervenir lors du CTA du 17 décembre pour exiger toute la transparence sur les opérations en cours et une information en direction des collègues. Il proposera au mois de janvier des initiatives aux collègues dans le cadre de la préparation de la rentrée 2016 en articulation avec la lutte contre la réforme du collège.

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Documents joints

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