Refus d’être tuteur : le SNES dénonce le recours aux pressions hiérarchiques et interpelle le Recteur

Au lieu de répondre par la pression hiérarchique, le Ministre et le Recteur doivent entendre le refus des conditions de stage et de formation des futurs stagiaires qui s’amplifie
dimanche 13 juin 2010
par  Snes S3 MRP

L’Administration est en position de faiblesse, en raison de la mobilisation des personnels, pour appliquer l’actuelle réforme de la formation des maîtres et du recrutement dont le SNES demande l’abandon. L’inspection de mathématiques a écrit aux conseillers pédagogiques de cette discipline en des termes inacceptables. Le SNES a saisi le Recteur sur ce point. Vous trouverez-ci-dessous la lettre de l’inspection de mathématiques en italique et nos commentaires.

« Nous vous remercions des efforts que vous avez fournis en ces circonstances pour faire en sorte que le démarrage du métier se produise dans les meilleures conditions. Comme vous le savez peut-être, il est prévu, outre la rémunération attachée à ces tâches, leur prise en compte dans l’appréciation de la valeur pédagogique des professeurs, en vertu des récentes circulaires concernant l’annualisation de la notation pédagogique. Ce sera le cas cette année pour les certifiés, et il est prévu d’évoquer la situation des agrégés avec Monsieur le Doyen de l’Inspection général. »

En difficulté pour trouver des tuteurs, fonction fondée sur le volontariat, étant donné les conditions prévues de stage pour les futurs lauréats de concours, l’Administration recourt à une méthode inacceptable : celle de la pression hiérarchique. Plutôt que de répondre aux revendications d’une véritable décharge de service pour le stagiaire et le tuteur, elle dévoie la notation pédagogique utilisée comme instrument de caporalisation de la profession. Une intervention auprès du Recteur de la section académique est en cours sur ce sujet. (voir courrier Recteur)

« Vous avez sans doute entendu ou lu que le statut des stagiaires allait considérablement évoluer l’an prochain. Beaucoup de ce qui se dit et s’écrit à ce sujet est faux. »

L’Inspection de mathématiques emploie l’argument d’autorité traditionnel d’une hiérarchie et d’un pouvoir dépassés par l’ampleur de la mobilisation (+ 4000 collègues ont signé à l’heure actuelle la pétition refus collectif d’être tuteur) : si les personnels contestent, c’est parce qu’ils n’auraient pas compris ou ont en leur possession des informations fausses !


« Voilà ce qu’il en sera dans l’académie de Versailles : »

Après avoir mis en doute la sincérité des informations qui ont circulé, l’Inspection ne fait que confirmer ce que nous savons tous : les stagiaires sont considérés comme des moyens d’enseignements à part entière et seront nommés désormais sur des emplois de titulaires à temps complet à cause de la suppression des emplois de stagiaires. D’autre part, elle ment par omission sur certains faits. Petite revue de détail :

« - Le service hebdomadaire des stagiaires lauréats de concours sera de 16 heures pour les certifiés, 13 h pour les agrégés, les limites supérieures de 18 heures ou 15 heures ne pouvant être dépassées, n’étant atteintes que dans le cas d’octroi d’heures supplémentaires ; »

Un abattement de service de 2h dans la mesure du possible est certes prévu pour les stagiaires auxquels l’Administration ne peut imposer plus de leur obligation réglementaire de service ! Mais, dans la réalité, cela signifie que faute de compensation en heures postes dans les établissements, cet abattement se traduira par des heures supplémentaires pour le stagiaire ou pour les collègues de la discipline. Rappelons qu’un stagiaire faisait jusqu’ici un maximum de 8h de cours.
Cet abattement pour les stagiaires CPE et Doc risque d’être encore plus virtuel vu les conditions d’exercice et d’encadrement en Vie scolaire et au CDI.

« - Le temps de formation des stagiaires sera de 216 heures. La formation débutera par un accueil académique, où les questions pratiques (logement, par exemple) ne seront pas exclues. On donnera des éléments permettant de mieux aborder la rentrée. Un jour de la semaine sera, pour chaque discipline, jour de la formation : le stagiaire n’aura pas cours. Jusqu’aux congés d’octobre, il travaillera ce jour–là de façon privilégiée avec son conseiller pédagogique. Après cette période, il participera à des regroupements. Un stage « massé » d’une durée d’une dizaine de jours est en outre prévu au printemps. »

Formation et accueil pratique sont mis sur le même plan. Mais l’essentiel n’est pas dit : le temps de formation de 216 h s’ajoute au temps de service. Cela signifie qu’un certifié aura une semaine de 24 h, un agrégé une semaine de 21 h. Les chefs d’établissements devront donc geler une journée entière dans leur emploi du temps pour que les stagiaires suivent leur formation. Quand prépareront-ils leurs cours ? Le « stage massé » est programmé de manière tardif : c’est donc le tuteur qui va prendre en charge l’intégralité de la formation réduite à un compagnonnage et à de l’assistance.

« - Le conseiller pédagogique sera appelé à visiter le stagiaire ou à recevoir sa visite, au moins les six premières semaines, plus fréquemment que dans le système actuel. Il faudra donc prévoir dans l’emploi du temps les plages possibles pour ces visites et les rencontres. L’absence du stagiaire pendant sa formation « massée » sera compensée par un remplacement réalisé avec des moyens de remplacement académiques (et non par un autre stagiaire). Une rémunération est naturellement prévue, qui tiendra compte des nouvelles dispositions. »

Sans décharge de service prévue, le C/E devra rendre compatible les emplois du temps du stagiaire et du tuteur pour permettre les échanges et les observations croisées. Autrement dit, c’est par un allongement du temps de présence et en comptant sur la conscience professionnelle et le dévouement des personnels que le Ministre envisage la formation professionnelle des personnels de l’Education nationale.

« L’absence du stagiaire pendant sa formation « massée » sera compensée par un remplacement réalisé avec des moyens de remplacement académiques (et non par un autre stagiaire). »

Les moyens de remplacement académiques sur lesquels compte le Recteur durant la période de stage des stagiaires l’an prochain comprennent, faute de personnels titulaires suppléants en nombre suffisant, le recours aux vacataires, aux jeunes retraités et aux étudiants en M2 préparant les concours d’enseignements dans le cadre de stage en responsabilité !


« Une rémunération est naturellement prévue, qui tiendra compte des nouvelles dispositions. »

Financée par la destruction des dizaines de milliers d’emplois de stagiaires, le Ministère envisage effectivement créer une indemnité pour les tuteurs, à hauteur de 2000 euros.

"Nous vous serions reconnaissant de nous vous communiquer votre accord de principe sur l’une des trois éventualités suivantes :

1) Votre établissement accueille un stagiaire lauréat de concours à la rentrée 2010. Vous assurez le rôle de conseiller pédagogique."

Nous appelons les personnels à répondre collectivement à cette demande en l’état ( éventualité no1) par la négative au vu des conditions prévues de stage et de formation et à exiger le rétablissement des emplois de stagiaires, une véritable décharge de service pour le stagiaire et le tuteur pour permettre une formation où alternent théorie et pratique, le maintien des IUFM comme composante essentielle dans la formation des personnels.

"2) Votre établissement reçoit dans le courant du premier trimestre un étudiant de première année de master pour un stage d’observation d’une semaine. Vous l’acceptez dans vos classes.
3) Votre établissement reçoit en avril un étudiant de première année de master pour un stage de pratique accompagnée d’environ deux semaines. Vous l’accueillez et le faites travailler dans vos classes."


Documents joints

PDF - 31.9 kio