Stagiaires à temps complet à la rentrée

Arrêtez le massacre !
jeudi 4 mars 2010
par  Snes S3

  • Adepte du coup de force après un simulacre de concertation, Chatel a imposé une réforme du recrutement et de la formation des maîtres qui va s’appliquer à la rentrée 2010 contre les besoins du système éducatif, l’intérêt des élèves et les aspirations de la profession.
  • S’y retrouvent les mêmes orientations régressives qui commandent la politique budgétaire et éducative du gouvernement : destructions d’emplois, dénaturation du métier, renoncement à toute ambition éducative. Les conditions de stages promises aux futurs lauréats de concours en sont le reflet.

 La fuite en avant pour supprimer des emplois

  • L’objectif premier de la masterisation est la suppression des emplois de stagiaires à la rentrée 2010 (près de 5200 pour le second degré) pour tenir le rythme fixé par le président de la République en 2007 : un cap de 80 000 destructions d’emplois publics dans l’Education nationale à atteindre entre 2008 et 2012.
  • Un stagiaire apportait, jusqu’ici, un emploi supplémentaire dans l’académie où il était affecté pour sa formation, emploi qui correspondait à une durée de service d’un maximum de 8 h en cours, le reste étant dévolu à sa formation professionnelle.
  • Désormais, ils sont nommés sur des emplois de titulaires et leur obligation de service a été portée à 12 h. Mais, dans la réalité, ce qui se profile est encore plus désastreux : c’est une nomination sur un service plein de 18 heures avec un crédit formation correspondant à 12 semaines.

 Une formation massacrée pour les jeunes enseignants, une entrée dans le métier hypothéquée

  • Jetés dans le bain du temps complet, les nouveaux enseignants seront censés se former, dans les faits, sur le tas sous le regard du chef d’établissement dont le rôle, dans la titularisation, sera accrue. En guide de pseudo-formation, des ressources seront mises en ligne, des stages seront organisés de manière filée (une journée libérée dans la semaine) ou massée (deux périodes de six semaines).
  • Pour les remplacer durant leur formation, faute de personnels remplaçants, Ministère et Rectorat veulent faire appel dans le cadre de stages de 108 h rémunérées au prix d’une vacation aux étudiants en 2eme année de master préparant les concours, à défaut à des vacataires ou des contractuels.
    Un compagnonnage par les collègues tout au long de l’année et renforcée durant la période allant de la rentrée doit être mis en place.

 Devant les élèves, le spectacle d’un défilé d’enseignants sans formation préalable et à la charge de travail insupportable

  • Des lauréats de concours devant apprendre le métier comme par magie, des étudiants qui, utilisés comme une main d’oeuvre bon marché, devront, durant la même année, conduire de front réalisation du master, charge de classes en responsabilité et préparation du concours dans un contexte de tarissement des recrutements... cette usine à gaz digne d’Ubu aura des effets sur la scolarité et les conditions de réussite des élèves.
  • L’académie de Versailles accueille chaque année près de 500 stagiaires. Avec le dispositif ainsi conçu, ce sont près de 2000 classes, soit 60 000 élèves qui seront concernés par la rotation de trois, voire plus, enseignants.

 Un mouvement intra académique bloqué

Ministère et Rectorat veulent bloquer des postes au mouvement intra 2010 pour affecter les futurs stagiaires sur des emplois de titulaires. Cela représenterait, à nombre de stagiaires constants ; près d’un tiers des postes mis au mouvement en moins (1720 postes vacants avant mouvement en 2009, 513 stagiaires),venant s’ajouter aux nombreuses suppressions de postes qui, depuis plusieurs années, ont entravé le droit à mutation des enseignants.

Les conséquences seront d’autant plus redoutables pour les jeunes enseignants qui verront s’éloigner pour longtemps toute perspective d’être affectés sur poste fixe

 L’avenir de la jeunesse, comme celui de nos métiers, exige davantage de respect et d’ambition.

Agissons pour l’arrêt des suppressions de postes, le rétablissement des emplois de stagiaires.
Exigeons l’abandon de l’actuelle réforme de la formation des maîtres, la restauration d’une véritable année de stage avec formation en alternance et une durée de service qui ne peut excéder un tiers temps
Refusons la mise en place dans les établissements des stages de 108 h à la rentrée 2010