Rentrée 2023 : Attaques contre le collège !

vendredi 15 septembre 2023
par  Secteur politique éducative

Alors que les classes sont de plus en plus chargées et que de nombreux postes de professeurs ne sont pas pourvus, le collège fait face à des attaques accélérant la mise en place d’idées néolibérales bien connues, qui dénaturent ses missions et continuent à dégrader nos conditions de travail.

Primarisation du collège

On retrouve dans la réforme actuelle des idées en vogue au ministère depuis les années 2010 : l’entrée en 6e est dramatisée et présentée comme la principale cause de difficultés pour les élèves, d’où la nécessité de rattacher le collège à l’élémentaire dans une “école du socle” ...
L’organisation du cycle 3 à cheval sur le premier et le second degré a constitué dès 2014 une étape importante dans cette évolution.
L’intervention à travers le Pacte d’enseignants du premier degré comme spécialistes de la difficulté scolaire, ouvre désormais la voie à des échanges de services inter-degrés sources d’économies potentielles.
La suppression de l’heure de technologie impose dans les faits une forme d’EIST (enseignement intégré de sciences et de technologie, possible depuis 2006) aux professeurs de SVT et de physique-chimie de 6e, puisque des notions de technologie sont intégrées au nouveau programme de cycle 3. Elle pousse donc à la bivalence, voire à la polyvalence des enseignants de collège, ce que la Cour des Comptes appelle de ses voeux depuis de nombreuses années.

Retour aux fondamentaux

En 6e, les élèves seront répartis selon leur niveau en groupes interclasses pour une heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques ou en français. La mise en place de groupes à effectifs réduits repose uniquement sur la marge d’autonomie et sur le nombre d’enseignants du premier degré qui auront accepté le Pacte. Il est donc probable que les séances se dérouleront la plupart du temps avec des effectifs équivalents à ceux d’une classe entière.
La suppression de la technologie finance aussi en partie ce dispositif et marque la volonté de concentrer les efforts sur les fondamentaux (“Lire, écrire compter”), ce qui est tout sauf nouveau !

Remise en cause de la liberté pédagogique et standardisation des pratiques

En 6e, “l’accompagnement aux devoirs” (anciennement “devoirs faits”) devient obligatoire pour tous les élèves, qu’ils en aient besoin ou non. La mise en oeuvre est laissée à l’appréciation de chaque établissement et financée par une part fonctionnelle de Pacte de 24h. Le dispositif devient un instrument de pilotage avec la désignation d’un.e référent.e. Des dispositifs injonctifs comme le “Plan mathématiques”, le “Plan français”, mais aussi les évaluations de 6e et maintenant de 4e, ainsi que les différentes certifications tendent à imposer une uniformisation des pratiques par des enseignants interchangeables. La mise en place des remplacements de courte durée grâce au Pacte s’accompagne déjà d’incitations à élaborer des progressions communes dans les équipes.

Découverte des métiers et fin annoncée des REP : l’école du tri social

Au cycle 4, la “Découverte des métiers” est financée elle aussi par une part fonctionnelle de Pacte qui en rémunère la coordination dans le collège. Une fois de plus, l’organisation est laissée aux établissements aussi bien dans les modalités que dans l’horaire, qui n’est pas fixé nationalement. C’est la porte ouverte à des interprétations bien différentes selon l’origine sociale des élèves ainsi qu’à l’entrisme des collectivités locales et des entreprises (en particulier dans les cités éducatives) dans l’orientation des jeunes d’origine populaire, incités ouvertement à s’intéresser aux métiers “en tension” souvent peu qualifiés et à s’adapter aux besoins à court terme du bassin d’emploi de leur lieu de résidence.
Parallèlement, le principe à l’origine de la création de l’éducation prioritaire “Donner plus à ceux qui ont moins” est balayé par le rapport parlementaire déposé en juillet 2022 par Agnès Carel (Horizons) et Roger Chudeau (RN), qui reprend les principaux constats et préconisations du rapport Azéma-Mathiot de 2019 : suppression du label national REP (à l’exclusion des REP+), dotation strictement à l’IPS et pilotage académique des moyens à travers la contractualisation.

Pour le SNES-FSU, la mission émancipatrice du collège doit être réaffirmée et une politique ambitieuse d’éducation prioritaire doit être mise en place afin d’éviter un collège à plusieurs vitesses. La difficulté scolaire doit être traitée au sein de la classe, par les professeurs de la classe grâce à de petits effectifs.