Organisation du Grand oral, entre confusion et épuisement

mardi 27 juin 2023
par  Secteur politique éducative

Du lundi 19 au lundi 26 juin, les Grands oraux se sont tenus dans les centres d’examen des académies franciliennes pour la troisième année consécutive. Un premier bilan des dysfonctionnements peut commencer à être tiré. Et il n’est pas bon.

L’organisation du Grand oral fait depuis trois ans l’objet de nombreux griefs parfaitement justifiés.

Pour rappel, l’organisation du Grand oral rend nécessaire la convocation de nombreux collègues, les jurys d’examinateurs étant composés d’un examinateur dit « spécialiste » et d’un autre dit « naïf », c’est à dire pouvant relever de n’importe quelle discipline. Le SIEC fait état, depuis la mise en œuvre de cette épreuve, de la difficulté à constituer des binômes, en raison notamment des informations insuffisantes dont il dispose concernant les services de collègues (quand il aurait besoin de savoir qui enseigne en spécialité et en terminale).
Cette difficulté réelle ne justifie pourtant pas le degré de désorganisation des épreuves de Grand Oral que nous connaissons. Pour le SIEC, la priorité semble être qu’il y ait tout simplement « du monde » dans les centres à partir du lundi 19 juin, quitte à convoquer à tort et à travers. Dit autrement : la quantité prime sur la qualité.

Des convocations excessivement lourdes et inégales

Le premier choix injustifiable consiste dans le fait de convoquer sur l’intégralité de la période, soit du lundi 19 au lundi 26, la majorité des examinateurs. Il s’agit d’une charge de travail très lourde, voire épuisante, surtout lorsque le centre de passage est éloigné. De nombreux enseignants se retrouvent ainsi à faire passer une cinquantaine de candidats. On imagine bien les problèmes que cela pose en terme d’équité de traitement entre ces derniers, l’attention étant bien évidemment plus difficile à maintenir lorsque la fatigue s’installe et que les journées s’étirent.

S’assurer d’avoir « coûte que coûte » des examinateurs devant les candidats est l’idée directrice du SIEC qui ne s’est pas embarrassé d’équilibrer les convocations et de mieux les répartir sur un vivier pourtant potentiellement assez large. D’où l’aberration qui se reproduit chaque année depuis trois ans déjà : certains collègues sont surmobilisés, et légitimement très mécontents alors que d’autres ne sont absolument pas convoqués. Toutes les équipes pédagogiques s’interrogent : pourquoi tel collègue est-il convoqué sur 6 jours quand d’autres semblent avoir été « oubliés ? Pourquoi certains collègues semblent-ils systématiquement convoqués d’une année à l’autre quand d’autres ne le sont jamais ? Cela semble kafkaïen.

La surmobilisation des collègues dans une logique bureaucratique entraîne d’autres aberrations : convocation de collègues TZR enseignant pourtant majoritairement en collège, convocation de stagiaires en tant qu’examinateurs non-spécialistes, convocation de collègues enseignant la spécialité en première, et non en terminale… Aucune autre logique ne préside à ces choix que celle d’avoir quelqu’un de présent le jour « J » pour faire passer les candidats. Une méthode fine et équilibrée de convocation semble hors de portée du SIEC.

Les affres de la gestion locale

Une telle désorganisation a entrainé la conséquence suivante : les chefs d’établissement ont dû appeler parfois, par coup de téléphone et dans l’urgence, des collègues en renfort sans aucun délai pour s’organiser et souvent dans un vrai flou réglementaire.
On a vu aussi des chefs de centre constituer sur place, le jour même, le planning de travail des examinateurs comme s’ils étaient à disposition, corvéables à merci !

Une confusion déplorable dans les centres d’examen

Sur place d’autres dysfonctionnements ont par ailleurs été pointés :

  • nombre de candidats mal calibré, de telle sorte que les examinateurs viennent pour un nombre très réduit de candidats, restant parfois à attendre ;
  • changement de convocation à la dernière minute ;
  • annulation en cours de journée d’une convocation ;
  • changement au dernier moment de statut d’examinateur (de spécialiste à naïf ou l’inverse).

Si l’organisation du Grand oral par le SIEC était une copie, elle serait assurément remplie de ratures rouges et ornée d’un beau zéro !
Il est temps que le SIEC se montre enfin attentif aux collègues et à leurs conditions de travail. Pour l’heure, sa gestion calamiteuse du Grand oral épuise les collègues, génère de la confusion dans les centres, et une évidente inéquité de traitement entre les candidats, comme entre les examinateurs.

Nous ne manquerons pas de dénoncer chacun de ces dysfonctionnements aux conséquences si lourdes, pour les élèves comme pour les personnels, lorsque nous serons reçus pour un bilan de cette session d’examen.