[MàJ du 23/10] Après l’assassinat de Samuel Paty : quelles suites ? Que revendique le SNES-FSU ?

mercredi 21 octobre 2020
par  Snes S3 MRP

[Mise à jour du 23 octobre : les demandes du SNES-FSU et les réponses du Ministère]

Retrouvez dans l’article du site du SNES national, Après l’attentat, préparer le retour en classe tous les détails sur :

Les demandes du SNES-FSU

  • Une organisation nationale
  • Liberté pédagogique des enseignants
  • Un moment de recueillement collectif
  • Un travail de long terme

Les premières réponses du Ministère
Vendredi 22 octobre, le Ministère a réunion les organisations syndicales pour présenter les premières pistes d’organisation du 2 novembre.

  • Accueil et temps d’échange des personnels, préparation de l’accueil des élèves : le Ministère reste encore assez flou sur la possible banalisation dans tous les établissements de plusieurs heures en début de matinée.
  • Accueil des élèves : Il pourrait être fait par deux adultes, dont le professeur principal. Propositions : lecture d’un texte ou visionnage d’une vidéo donnant lieu à un échange avec les élèves, puis un temps de réflexion et de travail. Pour le SNES-FSU, ces premiers éléments relèvent d’une forme d’injonction qui pourrait s’avérer contre productive.
  • Temps de recueillement collectif : le Snes, avec la FSU, est intervenu pour pointer le caractère inapproprié de la présence d’élus le 2 novembre dans les établissements scolaires.

[Demandes de la FSU, lors du Groupe de travail du 20 octobre au Rectorat]

 Le SNES-FSU exige toute la transparence sur le rôle de l’Institution

Alors que partout sont organisés des hommages, auxquels le SNES et la FSU s’associent et participent, bien des questions demeurent, en particulier sur le soutien apporté par l’Institution à notre collègue, ainsi que sur les mesures mises en œuvre pour sa sécurité (rôle des Renseignements territoriaux et de la police) dans les jours qui ont précédé son assassinat.

Le SNES et la FSU exigent la transparence la plus totale sur les faits, en particulier sur ce que l’Institution a fait pour accompagner, soutenir et protéger notre collègue.

A cette fin, nous demandons notamment :

  • que les représentants des personnels soient associés à l’enquête administrative menée parallèlement à l’enquête judiciaire ;
  • qu’une enquête du CHSCT soit menée au niveau académique.

Nous nous sommes également assurés que soit instruite dans les meilleurs délais l’imputabilité au service, dans l’intérêt des ayants-droit de notre collègue.

 Préparer le 2 novembre et la suite

Les représentants du SNES et de la FSU ont porté leurs revendications concernant l’organisation de la reprise, le 2 novembre, lors d’un groupe de travail organisé le 20 octobre, à l’initiative de la Rectrice, auquel étaient conviées toutes les organisations syndicales élues en CTA.

Nous demandons :

  • une organisation permettant de prendre en compte le contexte particulier de certains établissements de l’académie. Il est indispensable que soient distingués le collège du Bois d’Aulne et les établissements alentours des autres établissements de l’académie ;
  • la banalisation d’une demi-journée au moins, pour que soit respectée la liberté pédagogique. Donner du temps aux personnels, aux équipes sont des conditions indispensables à l’exercice de la liberté pédagogique. Aussi avons-nous défendu notre demande de banalisation de la matinée du 2 novembre, seule possibilité de laisser aux équipes le temps suffisant pour la parole entre adultes, puis l’organisation de l’accueil des élèves, qui devra précéder et préparer l’hommage rendu à notre collègue.
  • des modalités d’accueil des élèves décidées en concertation avec les équipes. Elles ne peuvent leur être imposées. Elles dépendent en effet de de l’âge des élèves, du type d’établissement. L’expérience parfois très difficile, de l’accueil des élèves en 2015, après les attentats, a montré l’importance qu’il y a à donner aux personnels la possibilité de ne pas être seuls pour l’accueil des élèves.
  • le soutien entier de l’Institution, qui pourra proposer des outils aux équipes, mais en aucun cas les imposer. Nous nous opposons à ce que les collectivités locales fournissent (ou imposent) des supports, comme elles entendent le faire.
  • une communication suffisamment anticipée en direction des personnels et des familles, concernant l’organisation de la reprise, dans le but de permettre aux parents d’élèves de s’organiser et de laisser réellement ouverte la possibilité d’une concertation.

Au-delà de la journée du 2 novembre, il importe que le soutien affiché, ces derniers jours, aux enseignants, ne soit pas seulement de circonstance. Le soutien apporté par l’Institution à la Profession doit être sans faille. C’est aussi dans cette perspective que s’inscrivent nos revendications, concernant la reprise, le lundi 2 novembre.
Sur le long terme, des moyens, permettant par exemple le travail avec des effectifs plus réduits, et du temps sont indispensables, pour que s’exerce pleinement notre liberté pédagogique. La formation des personnels, y compris sur leurs droits en tant que Fonctionnaires d’État est également fondamentale.

 Refusons de nous laisser imposer les modalités de reprise !

A l’occasion du groupe de travail du 20 octobre, la Rectrice s’est montrée à l’écoute de nos propositions et en accord avec certaines d’entre elles, mais a aussi manifesté d’importantes réserves sur un point crucial, à savoir la possibilité d’une banalisation de la première demi-journée. Nous avons sollicité l’organisation d’un second groupe de travail en début de semaine prochaine.

Nous avons d’emblée dénoncé le fait que, dans la matinée même le ministre Blanquer s’était déjà exprimé dans les médias sur la façon dont il envisageait la reprise, selon un dispositif « descendant » (mise en place d’une séquence pédagogique), alors que, dans les académies, la concertation ne fait que débuter. Préconisant le signalement d’éventuels élèves perturbateurs, il évoquait aussi la possibilité que la minute de silence se tienne en présence d’élus, voire d’autres adultes (journalistes, avocats), ce qui irait à l’encontre de ce que nous demandons.

Il est à noter aussi qu’un mail de la Rectrice est arrivé dans les boîtes académiques des personnels, l’après-midi même du groupe de travail, reprenant l’injonction du ministre à prévoir une « séance sur la liberté d’expression » qui se tiendrait dans toutes les classes du pays au retour des vacances.

Certaines autres idées, comme la possibilité de la présence d’élus à l’occasion de cette reprise particulière, ont été reprises par la Rectrice. Les représentants de la FSU s’y sont montrés défavorables, pointant le risque d’une instrumentalisation.

Cela ne fait que renforcer notre conviction : il est nécessaire de lutter pour être entendus maintenant pour ne pas avoir à nous prononcer contre le dispositif retenu par le Ministère, s’il ne correspond pas à ce que nous portons.