Examens et dysfonctionnements : Audience auprès du SIEC
par
Cette audience a été demandée suite aux nombreuses remontées de collègues concernant les conditions inacceptables de corrections et d’interrogations des jurys de l’EAF, ainsi que des erreurs de convocations pour les stagiaires notamment, l’éloignement, le DNB…Le SNES a apporté les témoignages des collègues.
Stagiaires convoqués :
Le SNES rappelle son refus de voir des stagiaires convoqués : ces collègues ne sont pas encore titulaires et n’ont en principe pas la charge de classes d’examen durant l’année (sauf cas particulier de la philosophie) ; or, de très nombreux cas sont signalés, en particulier à Versailles et Créteil et quelle que soit la discipline. V. Goudet évoque des problèmes liés à l’application IMAG’IN, bien qu’un filtre ait été placé pour les collègues qui ne doivent pas être convoqués (congés maternité ou longs, stagiaires , contractuels dans certaines disciplines,..) Il se réfère ensuite à la circulaire des trois recteurs qui précise que par principe, stagiaires et contractuels ne sont pas convocables, sauf difficulté particulière. La « pénurie » de correcteurs, en particulier en Lettres pour cette session 2016 a conduit le comité régional académique réuni le matin même, compte tenu du risque d’assèchement du nombre de réservistes titulaires, à demander aux IA-IPR d’établir une liste de stagiaires dont la titularisation ne fait pas de doute et qui ont eu un emploi du temps au lycée, afin de les ajouter à la liste des réservistes ; tous les autres stagiaires seront dispensés.
EAF :
La réduction du nombre de jours de corrections (hors interrogations orales) conduirait cette année des correcteurs à corriger 65 à 70 copies en 3,5 jours ouvrés alors même que le nombre de candidats qu’ils auraient à interroger pourrait passer de 65 (13x5) à 91(13x7) : Cette situation inacceptable est rendue plus pénible encore par l’éloignement de certains centres où sont convoqués des collègues de Versailles et Créteil . Le SIEC a reconnu cette « difficulté » et travaille à la réduction du nombre de copies par correcteur pour ceux qui font également passer les oraux : leur charge de corrections passerait de 65 à 45 copies en moyenne. Cette solution se base sur l’appel à 200 correcteurs pour effectuer des corrections seules avec des paquets de 90 à 100 copies. Ces 200 correcteurs supplémentaires estimés sont pris parmi 127 « réservistes » et 95 certifiés ou agrégés enseignants en lycée, public ou privé, qui pour l’heure ne sont ni réservistes, ni convoqués- ?-, ce que le SIEC explique par l’absence volontaire de déclaration faite par les chefs d’établissements.
Le SNES émet les plus vives réserves sur ce « vivier caché » de 95 potentiels correcteurs de Lettres. Sachant qu’il y a 215 centres, le rapport avec les 200 correcteurs supplémentaires prouve que tous les collègues ne verront pas leur charge allégée. Et surtout, le nombre d’interrogations orales ne diminue pas : jusqu’à 91 candidats ! donc autant de problématiques à envisager et des oraux qui réclament une vigilance et une réactivité constantes pour, selon le SIEC, 13 candidats par jour et exceptionnellement 14. Pourtant nous avons déjà des exemples de collègues ayant 15 candidats.
Étant donné l’assurance donnée par le SIEC, les chefs de centre ne doivent pas alourdir la charge de travail des collègues présents mais faire appel aux réservistes.
Dès le départ, l’écart entre le nombre de copies prévues et les oraux annonçait un disfonctionnement : puisque le SIEC raisonne en nombres, il devait savoir que ses prévisions étaient irréalistes, les candidats étant les mêmes à l’écrit et à l’oral. Rien n’avait été annoncé lors de la dernière audience concernant le système hybride auquel on arrive. On n’ose imaginer qu’il y a eu d’une volonté délibérée et que la décision de recruter un volant de correcteurs ait été cachée.
Aujourd’hui les collègues qui sont d’écrit et d’oral cumulent les désavantages, et ne sont nullement dispensés de surveillance : le SIEC explique que cela relève du fonctionnement de chaque établissement et non de lui.
À cela se rajoutent les cas d’éloignement par rapport à la résidence (administrative ou personnelle !) particulièrement nombreux cette année. Le SIEC considérera les demandes motivées de changement d’affectation pour les collègues faisant passer les oraux. Mais il laisse entendre que la marge de manœuvre est très faible.
Même si le SIEC reconnaît n’avoir pas anticipé les difficultés induites par le calendrier arrêté, la charge reste. Le nombre de candidats est connu en janvier, pourtant c’est dans l’urgence que se traite le problème.
Le SNES a souligné que les facteurs de mécontentement se cumulent chez les collègues, que des pétitions circulent.
Enfin, le Snes rappelle que les milliers de suppressions de postes ont forcément des répercussions sur le vivier des enseignants. Et que la génération 2000 n’est pas une génération spontanée : il faut des correcteurs et des examinateurs en nombre suffisant face à la montée démographique. La « pénurie » n’est donc pas du fait de collègues niant leur mission et peu attachés au baccalauréat, et qui, ayant toujours rempli leurs missions, apprécient peu les rappels comminatoires qui accompagnent les convocations.
Changement d’affectation :
Pour les collègues demandant une révision de leur affectation pour le bac, étant donné la relation faite par le SIEC dans une réponse donnée par ses services, avec « le temps moyen de transport d’un francilien » et ses difficultés de gestion, le directeur du SIEC dit qu’aucune révision n’est à espérer.
DNB :
Pour des convocations parfois très éloigné du lieu de résidence administrative des collègues corrigeant le brevet, le SIEC explique que c’est dans un souci de confidentialité et de respect de l’anonymat des élèves. L’habitude de corriger souvent dans un bassin proche nuirait à l’un et à l’autre. C’est faire peu de cas de la conscience professionnelle des collègues. Le SNES rappelle que dans le même temps, les établissements organisent une interrogation d’Histoire des arts en interne… ce à quoi le SNES s’était opposé, et qu’il ne peut donc pas être suspecté de remettre en cause le principe d’un examen national avec la garantie de l’anonymat et des sujets nationaux.
Les enseignants ont suffisamment prouvé à quel point ils étaient attachés aux examens pour n’avoir pas toujours à se défendre de soupçons concernant leur manque de professionnalisme. Surtout quand cela va de pair avec les difficultés croissantes auxquelles on les confronte.
MP Carlotti
JF Gay
Secteur lycée