[CPE] Santé mentale : les ravages d’une pénurie organisée
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Santé mentale : les ravages d’une pénurie organisée
Alors que nous connaissons un 5ème Ministre de l’Éducation Nationale en l’espace d’une année à peine, le massacre de la politique éducative des différents gouvernements depuis plusieurs années a des conséquences majeures sur la santé mentale des personnels et des élèves.
L’étude « EnCLASS » [1] révèle que 14 % des élèves de collège et 15 % des élèves de lycée présentent un risque important de dépression. Entre 2018 et 2022, la proportion de lycéen·es ayant eu des pensées suicidaires au cours de l’année écoulée a augmenté fortement. Elle est passée de 13,3 % à 17,4 % chez les garçons et de 24,2 % à 30,9 % chez les filles.
Pour les personnels, ce n’est pas mieux, « seulement » 31 % des personnels se disaient insatisfaits de leur métier en 2013, quand ils sont 55 % aujourd’hui. À la question « Songez-vous à changer de métier ? », ils sont désormais non plus 30, mais 51 % à répondre « oui » [2].
Malgré ce constat alarmant, les choix du Gouvernement restent celui de la pénurie : pénurie dans la Fonction publique, qu’elle soit hospitalière ou d’Éducation, gel du point d’indice, suppression de postes...
Alors que l’École a besoin de médecins scolaires, d’infirmier·ères, d’assistant·es sociaux·ales, de psyEn, pour faire face aux difficultés accrues des élèves, le Ministère et l’académie de Versailles bricolent pour répondre à la pénurie de ces personnels.
Les CPE sont destinataires d’une formation de « premier secours à la santé mentale ». Le SNES-FSU appelle à refuser cette formation et à revendiquer le recrutement de personnels médicaux sociaux.
Combien de collègues passent aujourd’hui plus de temps à pallier ce manque de personnels au détriment de leurs propres missions éducatives ?
Comment accueillir et faire réussir des élèves dont la santé est préoccupante ? Le Ministère ne s’en alarme pas, son seul intérêt, à travers le choc des savoirs, est de trier les élèves et de sortir du système scolaire émancipateur ceux qui ont des difficultés.
L’autre préoccupation de cette ère macroniste est de de réprimer la jeunesse, dite responsable de la perte d’autorité des enseignants…. Pour cela, en toute méconnaissance de notre circulaire de mission 2015 [3] (3), certains en appellent au retour du surveillant général censeur… censé mettre au pas la jeunesse.
Un CPE soignant et policier, quel bel avenir pour notre métier !
Et pendant ce temps, nos chefs d’établissement aimeraient nous compter parmi leurs adjoint·es voire leur secrétariat, nos IPR les confortent dans leurs aspirations et nous demandent d’assurer les formations Laïcité (bien entendu, si possible hors temps de service et non rémunéré)… Le CPE couteau suisse…
Le SNES-FSU rappelle que nous faisons partie des équipes éducatives et uniquement de celles-ci. C’est le travail collectif avec les enseignant·es qui donne du sens à nos missions éducatives. C’est le refus des dérives, le refus de pallier les pénuries de personnel, et le respect de nos missions, qui permettront de replacer l’élève au centre de notre action pour l’aider à surmonter ses difficultés.
C’est avec des personnels compétents, formés, utilisés dans le respect des missions pour lesquelles ils ont été recrutés, que nous pourrons inverser la courbe négative de la santé des personnels et des élèves.
Pour cela, le SNES-FSU exige un recrutement massif dans l’Éducation Nationale, pour accompagner au mieux les élèves et permettre à chacun·e de redonner du sens à son métier, critère essentiel à notre santé. C’est par une revalorisation de nos salaires, sans contrepartie, que nous attirerons de nouveaux collègues.
Loïc Sanchez, militant du secteur CPE
cpe@versailles.snes.edu