Mobilisations lycéennes, intimidation et repression de la part des forces de l’ordre - Avril 2023

mercredi 12 avril 2023
par  Snes S3 AT

Parmi les différents droits des lycéens figure le droit à la protection contre les violences, qu’elles soient physiques ou psychologiques. En cette période de forte mobilisation et de colère contre un gouvernement qui n’entend pas ce que le peuple lui dit, la répression policière des manifestations (et donc des manifestants) témoigne d’un pouvoir qui cherche à contrôler par la force cette colère légitime. Et la jeunesse, notamment lycéenne, n’est pas épargnée par cette violence policière.

 Des mobilisations lycéennes qui se multiplient dans l’académie

Dans certains établissements de l’académie de Versailles, les mobilisations lycéennes se sont déroulées sans heurts majeurs, y compris lorsque des blocus étaient organisés à l’entrée de l’établissement.
Comme au lycée Robert Doisneau de Corbeil-Essonnes (91), où un blocage filtrant a été organisé par les élèves, en présence de certaines fédérations de parents d’élèves.
C’est également le cas au lycée La Bruyère de Versailles (78). Le blocage du vendredi 31 mars s’est déroulé sans violence. Des cheminots sont venus apporter leur soutien aux lycéens, qui ont tenu le blocage jusqu’à la décision de la fermeture de l’établissement, dans le courant de la matinée. Des tensions ont eu lieu après la fermeture du lycée entre des manifestants restés sur place et des anti-manifestants versaillais ; ces tensions ont nécessité l’intervention de la police.
Le jeudi 6 avril, le matin, malgré la présence de la Cheffe d’établissement qui tentait de les en dissuader, entre 50 et 100 élèves ont bloqué le lycée René Cassin d’Arpajon (91), tout en permettant aux élèves qui le souhaitaient de rentrer dans l’établissement. Malgré la tension sensible par moments, un nouveau blocage a été mené le lendemain, sans heurts ni violence, et les lycéens ont pour projet de poursuivre leur mobilisation cette semaine.

 Une situation préoccupante à Mennecy (91)

Le samedi 1er avril, lors du baccalauréat blanc de philosophie, une grande majorité des élèves de terminales du lycée Marie Laurencin de Mennecy a refusé de composer. Ce refus spontané s’appuyait sur la volonté de s’opposer aux modalités du nouveau baccalauréat, à Parcoursup, ainsi qu’à la réforme des retraites. Des pétards, un blocus filtrant et des échanges un peu vifs ont marqué la matinée.
 Le lundi matin 3 avril, des élèves très nombreux ont repris le blocage du lycée, en présence des forces de l’ordre. Des élèves ont été arrêtés, plaqués au sol, certains avaient les genoux en sang. Des gaz lacrymogènes ont été lancés par la police à plusieurs reprises, devant des personnels choqués et sidérés, et en présence du C2A2E et des renseignements territoriaux. Les policiers ont par ailleurs systématiquement contrôlé l’identité des élèves. Le lendemain, mardi 4 avril, les lycéens, toujours très nombreux, ont renouvelé le blocage de leur établissement, sans aucun débordement.
Alors que leur demande de manifestation pour le jeudi 6 avril a été refusée par la mairie de Mennecy, le lendemain, 300 élèves, bien que profondément marqués par les violences policières, ont organisé à nouveau le blocus de leur lycée. Soutenus par la présence de parents et de personnels, les lycéens présents sur la voie publique ont cependant fait l’objet de menaces de verbalisation de la part de la police (des amendes de 100 à 200 euros).
Suite à cette semaine de forte mobilisation, les élèves du lycée Marie Laurencin ont décidé de la tenue d’une Assemblée générale mardi 11 avril au matin.

 Répression du mouvement lycéen au lycée Michelet de Vanves (92)

Le mouvement des lycéens, mobilisés mardi 4 avril au lycée Michelet à Vanves contre le projet de réforme des retraites, a été brutalement réprimé par la police. Des élèves ont reçu des gifles, ont été insultés, gazés et visés par des LBD.
Deux élèves ont été mis en garde à vue. Lors de celle-ci, les policiers du commissariat de Vanves ont refusé de contacter l’avocat désigné par la famille et ont par conséquent imposé un avocat commis d’office à l’un des élèves.
Plusieurs enseignants de l’établissement étaient présents ce jour-là, témoins de ces violences. Leur présence a permis que la situation ne dégénère pas davantage.
Le comble est que le proviseur de l’établissement, au lieu de reconnaître l’engagement des personnels dans une mission essentielle du Service Public d’Éducation, puisqu’ils assuraient la sécurité des élèves, leur a adressé un constat de service non fait....

Jeudi 6 avril, un plus grand nombre d’enseignants encore étaient présents lors de la mobilisation des élèves et le climat a été plus serein. Les policiers se tenaient à distance, ils dialoguaient avec les enseignants et certains élèves. Les deux journées ont été très différentes. Mais, à chaque fois, la présence de la communauté éducative auprès des élèves a été indispensable et a contribué à l’apaisement.
Lire le courrier rédigé par les personnels de l’établissement.

 Violences policières au lycée Ferry de Conflans-Sainte-Honorine (78)

Des images vidéo circulent sur les réseaux sociaux. La violence avec laquelle les élèves du lycée Jules Ferry de Conflans-Sainte-Honorine ont été traités lors de leur mobilisation de jeudi 6 avril ne peut que susciter colère et indignation.
Dès 8 heures, les forces de l’ordre présentes sur place ont utilisé des gaz lacrymogène sur les lycéens. Ces « gazages », réalisés à bout portant, ont profondément choqué les témoins de cette répression policière, notamment les enseignants du lycée, pour certains en pleurs devant une telle violence.

Les forces de l’ordre sont revenues à 9h, 10h, et 11h ; un élève a été verbalisé, puis plaqué au sol, menotté avant d’être emmené au commissariat, au prétexte qu’il aurait lancé un projectile sur les forces de l’ordre.
Choqués par ce qui s’était passé devant leurs yeux, certains élèves se sont rendus au commissariat pour défendre leur camarade, vidéos à l’appui pour prouver qu’il n’avait pas agressé les policiers.

Une telle réaction des forces de l’ordre face à des élèves calmes et responsables (à la fin du blocus, ces derniers ont pris le temps de balayer et nettoyer la rue devant l’entrée du lycée) est totalement disproportionnée, et rend compte manifestement d’une politique de répression d’un mouvement lycéen. Une répression d’autant plus incompréhensible que la semaine précédente, un blocus avait déjà été organisé par les élèves du lycée Jules Ferry. Des policiers étaient présents, et tout s’était très bien passé. Que s’est-il donc passé en une semaine pour un tel revirement dans la gestion des mouvements lycéens dans le département des Yvelines ?



Le SNES-FSU Versailles ne peut que dénoncer cette utilisation de la force et de la violence face à des mouvements lycéens et de jeunesse qui ont rejoint la mobilisation nationale contre le projet de réforme des retraites et le déni de démocratie du Gouvernement depuis l’utilisation du 49.3 à l’Assemblée nationale. Il l’a fait notamment par le biais d’un communiqué sur les violences policières à Conflans-Sainte-Honorine. Il continuera à soutenir l’ensemble des élèves qui voudront faire valoir leurs droits pour faire vivre la démocratie lycéenne au sein de leur établissement, en toute indépendance.


Documents joints

courrier personnels michelet