Chronique des délestages annoncés

Comptes-rendus des réunions au Ministère et au Rectorat - Modalités de fermeture des établissements scolaires
dimanche 1er janvier 2023
par  Snes S3 MRP

 Chronique des délestages annoncés

2 décembre 2022 : Annonce dans les médias que les établissements scolaires ne seront pas épargnés par les délestages électriques liés à la situation internationale, mais aussi à la défaillance du parc nucléaire français. Les écoles, collèges et lycées pourront être concernés par les coupures de courant et dans ce cas rester fermés le matin.

Quelques heures plus tard : Réunion au Ministère de l’Éducation nationale en présence des organisations syndicales pour préciser les modalités de ces délestages.
L’occasion pour le SNES-FSU de pointer le problème de méthode (les informations avaient fuité dans la presse avant les concertations avec les organisations syndicales, comme aux plus grandes heures de la crise sanitaire), ainsi que toutes les questions encore sans réponse. Retrouvez dans cet article le compte rendu de cette réunion et les interventions du SNES-FSU.

Le SNES-FSU dénonce la prise en compte tardive du problème, et le fait que l’Éducation nationale ne soit pas considérée comme prioritaire dans la distribution de l’énergie.

Modalités annoncées pour les fermetures d’établissements scolaires

En cas de coupure de courant, la fermeture des établissements scolaires est imposée par l’impossibilité d’assurer la sécurité des élèves faute d’alarmes (incendie, intrusion etc) en état de marche, faute d’éclairage mais aussi à cause de la probable panne des réseaux téléphoniques, seul le 112 étant préservé.
Les créneaux de délestage prévus sont de 8h à 10h, de 10h à 12h ou de 18h à 20h. Dans les deux premiers cas, les établissements n’ouvriront qu’à 13h30. Le créneau du soir imposera la suppression de toutes les activités et réunions prévus après les cours. Un même établissement ne doit pas être concerné deux fois dans la même journée, ni plus de trois fois pendant la période de crise (dont on ne peut connaître à l’avance l’intensité ni la durée !). Il ne devrait pas y avoir plus de 10 % des établissements « délestés » en même temps.
Le protocole retenu est le suivant :

  • J-3 : Alerte grâce à l’application EcoWatt. L’alerte orange appelle à intensifier les « éco-gestes », l’alerte rouge avertit d’un probable délestage.
  • J-2 : Confirmation de l’alerte.
  • J-1 : Alerte rouge éventuellement confirmée à 17h. Nécessité de prévenir toute la communauté éducative des établissements concernés par la fermeture du lendemain matin.
    Les personnels qui ne pourraient pas arriver dans leur établissement en raison de l’arrêt des transports en commun ou qui devraient garder leurs enfants dont l’école est fermée bénéficieront d’ASA (autorisations spéciales d’absence). Le ministère semble reconnaître qu’il ne peut être question de « continuité pédagogique » sans électricité !
    Il est probable que les transports scolaires ne pourront pas être mobilisés en milieu de journée et que les élèves concernés ne pourront pas être présents l’après-midi. En revanche, les internats doivent continuer à pouvoir accueillir les élèves car ils disposent de systèmes de sécurité autonomes pouvant fonctionner pendant 5h. Les cantines pourraient fonctionner avec des repas froids.

13 décembre 2022 : Réunion au rectorat de l’Académie de Versailles en présence des organisations syndicales pour détailler le plan au niveau local. Le contexte du « plan de sobriété énergétique » est rappelé, dont l’objectif est de « lisser les pics de consommation » et ainsi d’éviter le « black out ». La Première ministre a envoyé une note aux préfets dès le 30/11, mais la déclinaison pour l’Éducation nationale n’est pas encore finalisée : un « kit » devrait être fourni aux PerDir et directeurs d’écoles. Le plan sera piloté par le préfet dans une Cellule opérationnelle départementale (COD) où le DASEN sera représenté. Il est rappelé qu’il s’agit d’anticiper, mais que le plan ne sera peut-être jamais mis en œuvre.
La chronologie des alertes est rappelée avec la précision supplémentaire que le préfet identifiera la veille à midi les zones concernées par le délestage. Des ajustements seront possibles jusque dans la soirée : certaines zones peuvent sortir du plan de délestage. Le préfet doit publier la liste des établissements touchés, et organiser la communication à la population (sans que l’on sache vraiment de quelle manière).
Les établissements doivent faire financer en urgence par les collectivités territoriales le matériel de première nécessité comme des lampes torches. Les internats doivent rapidement vérifier le bon état de leurs systèmes de sécurité autonomes. Tous les établissements doivent imprimer des listes de tous leurs élèves et personnels et vérifier qu’elles sont à jour. Les agents territoriaux et les personnels administratifs seront placés en ASA pendant la durée de la coupure.
Les enfants des personnels « essentiels à la vie de la nation », dont la liste n’est pas encore arrêtée de manière précise, doivent être accueillis dans des écoles proches et non concernées par les coupures, car sur le même réseau électrique qu’un hôpital ou un commissariat par exemple, mais cela ne devrait concerner a priori que le premier degré.

Bien des questions restent aujourd’hui sans réponse :

  • Qu’en est-il des élèves, en particulier de collège, qui ne seraient pas au courant de la fermeture et qui se présenteraient dans l’établissement ? Faut-il les accueillir sans personnel et sans système de sécurité opérationnel ?
  • Qu’en est-il du redémarrage en début d’après-midi du chauffage et des serveurs ? Des techniciens pourront-ils intervenir rapidement en cas de problème ?
  • Les différents personnels censés être mobilisés pour le redémarrage pourront-ils être à leur poste à l’heure de la réouverture des établissements, alors que l’on ne sait pas dans quelles conditions les transports en commun se remettront en route ?
  • Quelle sera la procédure pour les demandes d’ASA des personnels qui ne pourront pas se rendre sur leur lieu de travail ?
  • Les EREA situés dans un hôpital ne seront pas délestés, mais qu’en est-il des autres, à Vaucresson par exemple ?
  • Le rectorat assure accorder « une attention particulière aux élèves en situation de handicap », sans que l’on sache vraiment de quelle manière.
  • Des repas froids seront-ils livrés dans les cantines par les collectivités territoriales ? Quels repas, puisque les cuisines centrales peuvent se trouver aussi en zone délestée ?
  • En cas de délestage de 18h à 20h, les élèves internes pourraient être accueillis dans des internats non délestés, mais dans quelles conditions ?
    Le rectorat promet d’autres réunions pour janvier : un peu tard, puisque c’est le moment le plus à risque de tension sur le réseau électrique ...

 Qu’en pense le SNES-FSU ?

En 2023, la septième puissance économique mondiale reconnaît sa possible incapacité à fournir l’énergie nécessaire à ses établissements scolaires, en même temps qu’aux services sensibles « qui engagent la vie de la nation ». Face à cette nouvelle crise, qui menace pourtant depuis des mois, l’impréparation semble encore une fois totale et le ministère oscille entre propos rassurants et « apocalypse annoncée ».

Le SNES-FSU a dénoncé la méthode de communication du ministère, à la dernière minute et par médias interposés, ainsi que ses recommandations déconnectées du terrain.
Le SNES-FSU ne demande pas de maintenir ouverts les établissements scolaires à tout prix et dans des conditions de confort et de sécurité insatisfaisantes, mais juge inacceptable qu’un gouvernement censé faire de l’éducation sa priorité fasse payer à ses écoles le prix d’une politique énergétique défaillante depuis de nombreuses années.
Le SNES-FSU sera particulièrement vigilant en ce qui concerne le respect des droits des personnels en cas de délestages. Signalez-nous toute difficulté en écrivant à s3ver@snes.edu et en contactant votre section départementale :
snes78@versailles.snes.edu
snes91@versailles.snes.edu
snes92@versailles.snes.edu
snes95@versailles.snes.edu