Prime « Grenelle » réduite de moitié : un bien mauvais accueil fait aux stagiaires

jeudi 17 novembre 2022
par  Secteur entrer dans le métier

Les stagiaires qui sont en alternance en formation à l’INSPE et en exercice en établissement scolaire ont eu cette semaine une bien désagréable surprise : ils ont appris par un mail de la DPE qu’il avaient perçu indument la totalité de la prime abusivement nommée prime « Grenelle » [1], alors qu’ils n’auraient dû en percevoir que la moitié, et qu’une régularisation allait avoir lieu.
En effet, voici ce que précise l’article 2 du décret 2022-14 sur les conditions de versement de la prime :

L’attribution de l’indemnité prévue à l’article 1er est liée à l’exercice effectif des fonctions enseignantes et d’éducation y ouvrant droit.

Autrement dit : la prime est versée au prorata du nombre d’heures effectuées devant élèves . Les stagiaires en alternance ne faisant qu’entre 8h et 10h d’enseignement devant élèves, ne percevront donc qu’environ la moitié des 100 euros mensuels de prime que toucheront les stagiaires effectuant 18h devant élèves.
La décision de l’Administration est malheureusement conforme aux textes en vigueur.

On peut toutefois déplorer que la prime soit réduite de moitié pour les stagiaires dits à mi-temps, mais dont la charge de travail est particulièrement lourde. L’objectif étant de compenser les faibles rémunérations des stagiaires et de renforcer l’attractivité de nos métiers, on ne voit pas bien en quoi les stagiaires qui sont en formation à l’INSPE relèveraient moins de cette compensation que les autres stagiaires.

Le SNES-FSU Versailles, alerté de ce problème par de nombreux stagiaires, est intervenu aussitôt auprès de la DPE, pour dénoncer cette injustice, et pour demander que la reprise du trop perçu soit étalée sur plusieurs mois, afin de pénaliser le moins possible les stagiaires. Par ailleurs, nous avons insisté sur la nécessité que l’IFF, autre indemnité spécifique aux stagiaires et due sous certaines conditions (voir cet article), leur soit versée dans les meilleurs délais. En exigeant pour vérifier que les conditions sont bien remplies pour le versement de l’IFF que soit fourni un certificat de scolarité attestant du lieu de formation des stagiaires, le Rectorat crée une difficulté supplémentaire, qui retarde dans bien des cas le versement de l’indemnité.

Malgré nos demandes insistantes, le Rectorat ne s’est engagé ni sur l’étalement de la reprise du trop perçu (sa mise en œuvre relève à présent de la DDFIP et non du Rectorat), ni sur la mise en paiement rapide de l’IFF (il ne faudrait pas s’y attendre avant le mois de janvier !).

=> Tout ceci illustre une nouvelle fois l’écart entre les discours tenus par le ministère et le gouvernement sur de prétendues mesures de revalorisation et ce qui est mis en œuvre in fine. Cela ne peut que renforcer une forme d’amertume et le sentiment de manque de reconnaissance des enseignants.
Nous avons dénoncé cette situation, qui accroît les difficultés financières à l’entrée dans le métier, et rappelé la nécessité de faire évoluer les pratiques dans l’académie (concernant les reprises sur salaire comme la mise en paiement de l’IFF).


[1Les stagiaires n’étaient justement pas concernés par les primes du Grenelle de l’Éducation ; cette prime publiée dans un décret de janvier 2022 vient seulement corriger ce qui était déjà une injustice.