CTA du 24 mai 2022 - Effets délètères de la politique éducative du Gouvernement, une nouvelle rentrée sous tension se prépare !

lundi 30 mai 2022
par  Snes S2 Hauts de Seine

 1) Job Dating « Venez comme vous êtes »

La campagne de communication de l’Académie, y compris sur les réseaux sociaux, pour le recrutement massif de contractuels, sonne comme un signal d’alarme. C’est l’aveu-même des conséquences de la politique éducative du Gouvernement : il manquera des dizaines d’enseignants à la rentrée.

Si le discours tenu semble en contradiction avec le discours ministériel selon lequel il n’y a aucun problème à l’horizon pour la rentrée à venir, il est en revanche affligeant sur la forme, laissant à penser qu’une personne lambda peut devenir enseignante en quelques minutes. Comme l’écrit Michel Becquembois dans un billet publié dans le journal Libération le jeudi 19 mai : « Et le cercle vicieux est enclenché : le métier est dévalorisé alors on a du mal à recruter ; on a du mal à recruter alors on organise un job-dating ; on organise un job-dating... qui dévalorise le métier. »

L’académie de Versailles est un concentré à elle seule des conséquences de la crise de recrutement. Alors que les causes sont connues (faiblesse des rémunérations, conditions de travail dégradées, absence de compensation suffisante du coût de la vie en Ile de France), le Rectorat a donc trouvé la solution : un job-dating.
L’Académie prévoit, "dans une logique offensive avec des modalités renouvelées” de pourvoir environ 2000, dont 600 enseignants pour le Second degré, 600 AESH, 60 Psy-En et 35 infirmières scolaires.

Face à nos interrogations sur ces modalités baroques de recrutement, le Rectorat assure qu’un plan de formation, conçue par la nouvelle École Académique de Formation Continue a été conçue, comprenant l’accompagnement par des tuteurs dont on ne connaît ni le recrutement, ni les modalités de désignation. La communication se pensait parfaite, mais les conséquences à la rentrée pour ces personnels non formés et les élèves sont inquiétantes.

La FSU a rappelé sa revendication d’un plan de titularisation pour les contractuels qui passe par une augmentation du nombre de postes offerts aux concours réservés.

Une gestion contestable des personnels précaires dans l’académie
L’académie compte déjà 20% de contractuels. Ces derniers subissent une gestion marquée par des retards de paiement, des conditions de renouvellement pénalisantes. Ainsi, la nouvelle procédure de renouvellement qui laisse une place prépondérante à l’avis du chef d’établissement a donné lieu à des pratiques contestables, allant jusqu’à la contestation de l’exercice du droit de grève. Le Rectorat affirme pourtant que des efforts ont été faits et que les procédures de renouvellement.

AESH
La FSU a à nouveau dénoncé la gestion des AESH en pointant les problèmes liés à leurs contrats. Le Rectorat s’est engagé à régulariser cette question avec effet rétroactif.
Plus d’informations sur ce sujet dans un nouvel article. (en cours de rédaction).

 2) Des moyens toujours très insuffisants pour les vies scolaires !

La dotation pour la rentrée 2022 a été présentée. Cette dernière n’évolue pas puisque les quelques moyens supplémentaires sont dédiés aux nouveaux établissements qui ouvriront à la rentrée prochaine dans le Val d’Oise. La situations continue de se dégrader !

De l’aveu même de l’Administration, la dotation est à nouveau insuffisante et ne permet pas de suivre la croissance démographique. Ainsi, dans le Val d’Oise, le comparatif entre la dotation théorique et la dotation réelle révèle qu’il aurait fallu doter le département de 53 postes ou ETP supplémentaires ! Comme la pénurie ne peut pas être gérée en déshabillant Pierre pour habiller Paul, les vies scolaires fonctionneront encore en mode dégradé.

La FSU a dénoncé, dans ses interventions, ces choix budgétaires alors que les vies scolaires, CPE comme AED, sont épuisées, non seulement par les deux années de pandémie, mais aussi, par les sous-effectifs. Une enquête du CSHCTD de l’Essonne sur les conditions de travail dans les vies scolaires montre clairement combien la souffrance au travail s’aggrave pour les AED.

A cela s’ajoutent des pratiques pour le moins contestables dans certains établissements, pendant la pandémie (obligation faite aux AED de rester en présentiel par exemple) contre lesquelles le SNES-FSU Versailles était intervenu. Rappelons aussi que certains chefs d’établissement n’ont pas hésité à faire pression sur les AED grévistes lors des mouvements de cette année.

Concernant la prime REP + et la cdisation, le Rectorat a répondu qu’il attendait les directives ministérielles.

 3) Examens : satisfecit de l’Administration

Selon l’Administration, les épreuves de spécialités se sont bien déroulées, malgré quelques “bugs techniques”... Pourtant, nombre de collègues font état de difficultés matérielles sur Santorin (copies scannées dans le désordre, application au fonctionnement ralenti, etc.). Nous attendons par ailleurs toujours un bilan concernant les dysfonctionnements de l’an dernier, et une date pour l’audience sollicitée avec les sections académiques de Créteil et Paris (voir cet article). Espérons que des leçons ont été retenues !

Conséquences du bac Blanquer : des épreuves orales non rémunérées
La FSU a rappelé que, désormais, plusieurs épreuves orales et expérimentales (DNL, oral de LLCE, ECE) ne sont pas rémunérées.
Les collègues dépendent du bon vouloir des chefs d’établissement. La compensation de cette lourde charge de travail est renvoyée au local. Il y a donc généralisation des pratiques dénoncées pour l’oral du DNB. L’Administration se contente de répondre qu’il n’y a pas de cadrage ministériel.

La FSU a encore une fois rappelé son hostilité à la réforme du bac et sa revendication d’un retour à un baccalauréat fondé sur des épreuves terminales, nationales et anonymes.

 4) Formation continue : les contours flous de l’École Académique de la Formation Continue

L’Administration avait inscrit à l’ordre du jour la présentation de la nouvelle organisation de la formation continue. Cette réforme n’a fait l’objet d’aucune discussion préalable, alors que la FSU réclame un groupe de travail sur cette question depuis plusieurs années. Le Rectorat a finalement accepté d’organiser un groupe de travail sur ce point important qui aura lieu au début du mois de juin.
Les premières informations sur cette EAFC posent en effet plusieurs problèmes. Le contenu des formations n’est pas connu mais quelques exemples laissent perplexe, comme « la laïcité au prisme des UPE2A ». On ignore si, par exemple, les stages organisés conjointement avec des institutions (musées, instituts de recherche, universités) garderont leur place, alors qu’elles sont très demandées par les collègues. Nous n’avons aucune visibilité sur la formation des futurs stagiaires à plein temps qui entrent pourtant en fonction à la rentrée !

Enfin, nous nous inquiétons du principe des inscriptions au fil de l’eau qui permettront aux chefs d’établissement d’émettre des avis défavorables, en fonction de la date du stage mais aussi de son contenu. Cela laisse la porte ouverte à des avis arbitraires et remet encore une fois en cause la liberté pédagogique de l’enseignant.