« Si tu ne dis pas non, voilà ce qui t’arrive... » - Le curieux atelier du Conseil départemental du Val d’Oise à destination des collégiennes

mardi 11 janvier 2022
par  Snes S3 AT

Dans la société apprenante chère à notre ministre, nos élèves apprennent certes à l’école avec leurs professeurs, mais aussi (et même surtout) dans d’autres lieux et auprès d’intervenants extérieurs financés sous différentes formes par les collectivités territoriales.

C’est ainsi que le Conseil départemental du Val d’Oise, au lieu de dépenser bêtement l’argent du contribuable en gadgets inutiles comme des lavabos, des purificateurs d’air ou des capteurs de CO2, propose aux collégiennes un atelier d’une journée intitulé : « Savoir dire non ».

C’est en effet uniquement aux filles que s’adresse cette action de « l’Atelier de Restitution du Patrimoine et de l’Ethnologie », car comme nous allons le voir, les garçons n’étant pas concernés par le sujet, il est bien normal que pendant cette journée ils puissent s’occuper autrement (nous suggérons pour eux des cours d’approfondissement en mathématiques ou des tournois de football)...

Voici donc l’objectif de l’atelier, tel qu’annoncé sur la fiche détaillée fournie par le Conseil départemental : « Un certain nombre d’adolescentes subissent des violences ou des situations de harcèlement, perdent confiance et préfèrent se taire. Par le biais de cet atelier ludique et didactique, elles apprendront à affirmer leurs choix et à savoir se faire respecter en sachant dire non ». Encadrées par une graphiste et sculptrice, elles participent le matin à un débat (« C’est quoi l’autoprotection ? », « Les techniques pour savoir dire non »...) suivi d’un jeu d’expression corporelle et d’une mise par écrit de la scène entre harceleur et harcelée.
L’après-midi, les collégiennes « personnifient des légumes avec des tissus, perles, accessoires, papiers », « tout en jouant avec les mots autour d’expressions culinaires qu’elles trouveront elles-mêmes ». Pendant la mise en scène, les participantes cherchent un slogan qui résume l’atelier du matin : par exemple « Si tu ne dis pas NON, voilà ce qui t’arrive… ».

Nous regrettons vivement que les victimes de Harvey Weinstein pour ne citer que lui, n’aient pas eu la chance de bénéficier de cette formation innovante. Que de scandales auraient ainsi pu être évités ! Et combien d’hommes ordinaires n’auraient pas vu leur honneur entaché et même pire, leur vie détruite si les jeunes filles, en mettant en scène des endives ornées de perles et de rubans, avaient appris dès le collège à prendre leurs responsabilités et à dire non avec efficacité !

Il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin. Après « Savoir dire non » (pour « se faire respecter » et ne pas subir d’agressions sexuelles), on attend avec impatience les ateliers de perfectionnement : « Savoir calculer la longueur de sa jupe et la profondeur de son décolleté » (pour être sexy sans se faire violer) et « Savoir être gentille » (pour ne pas être battue).

Tous les espoirs sont assurément permis, puisque les moyens financiers investis dans les CLA et dans les cités éducatives permettront d’y voir défiler toujours plus d’intervenants extérieurs bien mieux formés et plus compétents que nous simples personnels de l’Éducation nationale (infirmières scolaires ou professeurs).

N’avons-nous pas déjà Énergie Jeunes pour faire comprendre à nos élèves de l’éducation prioritaire que s’ils ne réussissent pas à l’école c’est parce qu’ils ne s’en donnent pas les moyens ?

« Savoir dire non » est un exemple particulièrement scandaleux, sur lequel le SNES-FSU a alerté le Rectorat dès qu’il a pris connaissance du programme de cet atelier. Nous avons rappelé à l’Institution sa responsabilité et demandé qu’elle ait - c’est bien le moins que l’on puisse exiger - un regard plus attentif sur le contenu de ce type de formations, où le pire peut côtoyer le meilleur.
Le SNES-FSU invite également les collègues à toujours prendre connaissance en détail du programme des actions proposées par les collectivités territoriales ou par des associations afin d’éviter les mauvaises surprises. Pensez à nous alerter le cas échéant !

Afin de protéger nos élèves, les sujets les plus sensibles comme ceux des violences sexuelles ne doivent en aucun cas pouvoir être confiés à des intervenants dont les compétences et qualifications ne sont pas avérées. Elles doivent rester du ressort des personnels de l’Éducation nationale.
Le SNES-FSU continue d’exiger la création des postes nécessaires afin que l’Éducation nationale puisse remplir elle-même son rôle, sans avoir à externaliser ses missions, seul moyen de pouvoir garantir la qualité des interventions.