Bac 2021 - Audience au Rectorat le 6 juillet, beaucoup de questions sans réponse !

mardi 6 juillet 2021
par  Secteur politique éducative

Du fait de l’organisation calamiteuse du baccalauréat cette année, le SNES-FSU Versailles a demandé à être reçu le plus vite possible par la Rectrice de l’académie de Versailles. La Rectrice étant indisponible, et compte tenu de l’urgence, nous avons finalement été reçus par le Secrétaire Général et le directeur de cabinet de la Rectrice. Malheureusement, aucune réponse satisfaisante n’a été donnée durant cette audience.

Le SNES-FSU Versailles a été reçu mardi 6 juillet au matin, à sa demande, par le Secrétaire Général de l’académie et le directeur de cabinet de la rectrice. Particulièrement choqués par les réponses de la Rectrice lors du dernier CTA, où l’administration rectorale se défaussait de toute responsabilité dans l’organisation des examens, nous souhaitions obtenir des réponses face au bilan désastreux de cette session du baccalauréat.

Nous avons dressé le tableau des très nombreux et inacceptables dysfonctionnements qui ont marqué cette session du baccalauréat 2021. Face à cette situation, nous attendions a minima des explications de l’Administration, qui s’est pourtant révélée incapable de nous apporter de véritables éclaircissements.

 Retards et dysfonctionnements en cascade

Nous avons rappelé que les dysfonctionnements avaient commencé très tôt, dès les réunions d’entente pour les épreuves d’EAF, convoquées dans un délai trop court, et s’étaient poursuivis jusqu’à la dernière étape, avec l’ultime report des sous-jurys de délibérations.

Après le problème des réunions d’entente, un nouveau retard est ainsi intervenu, les copies de philosophie n’étant pas toujours disponibles le jour annoncé, alors que les délais de correction prévus étaient déjà notoirement insuffisants.
Avec une date de remontée des notes initialement fixée au 30 juin, ces délais se sont effectivement avérés intenables. La plupart des collègues n’ont été en mesure de terminer leurs corrections que le lundi 5 juillet.

Il faut dire que la numérisation des copies à marche forcée, via l’outil Santorin, loin de faciliter la correction, a au contraire alourdi et allongé la tâche des correcteurs. Nous avons rappelé à nos interlocuteurs qu’à certains moment, Santorin n’avait pas été accessible. Certains collègues ont même perdu des corrections et ont dû refaire le travail !

Nous avons donc fait part de notre bilan, très négatif, de la numérisation des copies et de la correction sous Santorin des copies dématérialisées, et posé les questions qui s’imposent : pourquoi renoncer à la correction de copies papier, puisque ces copies existent et que cette modalité a largement fait ses preuves ? Pour quel bénéfice ?

=> Sans apporter aucune réponse à ces questions, et tout en reconnaissant certaines difficultés, le Rectorat a défendu, sans argument valable, la ligne du ministère : pas question de revenir sur le principe de numérisation des copies ! Aucune piste de réflexion, aucune solution aux problèmes n’a été franchement proposée.
Seul vague élément d’analyse : l’idée selon laquelle les problèmes résulteraient d’une « centralisation » excessive. Sans aller jusqu’à le formuler aussi clairement, le Secrétaire général suggérait que l’organisation du baccalauréat gagnerait à être davantage locale... Une piste plus que préoccupante, donc.

 Une composition des jurys du Grand Oral fantaisiste, autant qu’injustifiable !

Nous avons fait le constat que le SIEC n’avait pas été en mesure de convoquer à temps des jurys composés de deux collègues répondant aux critères fixés pour l’évaluation du Grand Oral. Nous avons rappelé l’envoi de convocations le week-end, les délais indécents imposés, l’existence de jurys non réglementaires constitués d’une seule personne, la pénibilité pour les membres dits « naïfs », qui se sont souvent sentis inutiles, les situations d’attente insoutenable pour certains élèves (jusqu’à 6 heures !).
L’Administration avait selon nous à répondre de l’absence d’anticipation, qui ne saurait être imputée uniquement au SIEC.
A quel moment et par qui les listes d’élèves et leurs spécialités ont-elles été transmises au SIEC ? Quand et comment leur ont été communiquées les listes d’évaluateurs possibles ? Des consignes ont-elles été données ? Est-il normal d’imposer aux mêmes collègues cinq jours de passage, suivis des jurys puis du rattrapage ? Pourquoi n’a-t-il pas été possible de répartir correctement la charge de travail ? Pourquoi n’a-t-il pas été possible d’identifier d’autres collègues disponibles ?

=> Les réponses du Rectorat ont été embarrassées : là encore, sans chercher à nier les faits, le Secrétaire général a reconnu que nous posions les bonnes questions, mais s’est dit dans l’attente d’un bilan plus précis. Sans chercher ouvertement à se décharger sur le SIEC des problèmes réels soulignés, il a argué du fait qu’aucun service académique n’avait en charge les examens, ne reconnaissant donc aucunement la responsabilité du Rectorat dans l’absence d’anticipation. Tout en disant reconnaître les difficultés concrètes du SIEC, il n’a cependant pas voulu admettre que le manque de moyens humains avait pesé particulièrement lourd.

Puis nous sommes revenus sur les défaillances dans le déroulement des oraux : appariteurs et surveillants ont souvent manqué ; c’est parfois un membre du jury qui devait s’occuper d’appeler les candidats, de les accompagner dans la salle de préparation puis de les appeler de nouveau pour le passage. Comment les oraux ont-ils pu être pensés sans qu’aucun temps de pause n’ait été prévu ? Sans aucun temps de concertation pour se mettre d’accord sur la note ?

Nous avons aussi évoqué les cas de binômes d’examinateurs de la même discipline, celui d’un examinateur unique, ou encore la souffrance des examinateurs qui ont vu défiler cinq jours de suite des candidats sur des disciplines sans lien avec leur champ de compétence et ne se sentant pas habilités à évaluer quoique ce soit.

=> Le Rectorat s’est contenté de reconnaître que tout ceci n’était pas satisfaisant. Il a admis qu’il faudra faire un bilan mais sans dégager de direction claire.

 Des chefs d’établissements en charge du bac ?

Dans ce contexte de désorganisation, nous nous sommes interrogés sur le rôle donné au chef d’établissement : le SIEC a-t-il donné une autorisation aux chefs pour convoquer d’eux-mêmes les examinateurs du Grand Oral ? Certains chefs d’établissements disent qu’ils vont devoir gérer seuls le rattrapage : qu’en est-il ?

=> Le Rectorat a admis que le SIEC avait bien autorisé les chefs de centre à émettre des convocation, du fait de la situation particulière. Toutefois, les convocations pour les rattrapages restent du ressort du SIEC.
Difficile de ne pas faire le lien entre cette délégation de pouvoir aux chefs d’établissement, et l’idée de « décentraliser » l’organisation des examens évoquée plus haut...
Il a été rappelé que les collègues qui ont été convoqués directement par le chef de centre devaient voir leur convocation générée sur Imag’in pour pouvoir ensuite prétendre aux indemnités qui leur sont dues.
N’hésitez pas, si vous êtes dans cette situation et que vous ne trouvez toujours rien sur Imag’in, à nous alerter !

 Sous-jurys de délibération : du fiasco au scandale !

Plusieurs fois reportés, à la dernière minute, les sous-jurys de délibération ont été un lamentable fiasco, exacerbant la colère des personnels.
Comment expliquer l’ampleur des dysfonctionnements ? Jusqu’où est-il possible de laisser le SIEC piloter à vue, avec les conséquences que l’on connaît pour les personnels qui se sont déplacés plusieurs fois pour rien ?
Au-delà du problème des reports, l’organisation de ces sous-jurys s’est avérée hautement problématique :
Comment accepter des jurys d’une personne, comme le SIEC en a explicitement donné la possibilité ? Est-il acceptable qu’un chef de centre, comme celui du lycée Jean Renoir à Asnières, se soit autorisé à annoncer aux membres des jurys qu’il fallait éviter tout rattrapage, y compris en allant jusqu’à transformer un 8,3 en 10, pour l’un des candidats ! Ailleurs, des jurys ont décidé de ne pas mettre plus de 25 points en plus. Où est l’équité de traitement entre les candidats ? Quel est le rôle des chefs de centre ?

=> Si le rectorat a entendu les problèmes signalés, nous n’avons pas eu le sentiment qu’une intervention était envisagée. De toute évidence, sans cautionner explicitement ces pratiques, le Rectorat, par sa passivité, fait le choix de laisser la main aux chefs de centre sur ces questions !

 Silence à tous les étages

Pour finir, nous avons dénoncé l’attitude du rectorat : aucune réponse n’a été faite à nos courriers, ce silence faisant écho à l’absence totale de réponse du SIEC. Est-ce une position de principe que de ne pas répondre à nos interpellations ? L’Administration a également été scandaleuement absente pour les collègues et pour les organisations syndicales dans un contexte de dysfonctionnement grave. Comment notre employeur peut-il justifier un telle posture ? Où est le respect des personnels ? Où est le souci de transparence ?

Compte tenu des conditions de travail fortement dégradées cette année, nous avons mis en avant le fait que les personnels ont, seuls, permis que le baccalauréat puisse se tenir cette année, malgré d’extraordinaires dysfonctionnements. Nous avons insisté sur la nécessité d’une expression vis-à-vis de l’ensemble des personnels, témoignant de la reconnaissance de l’Institution.

=> Les responsables du rectorat ont expliqué ne pas vouloir ajouter de la « communication à la communication », une expression que nous avons déjà eu à entendre, et qui masque bien mal les graves défaillances du Rectorat. Ils ont rappelé que le SIEC est toujours accaparé par les derniers jours du bac, justifiant ainsi son silence assourdissant.

Le souci d’éviter trop de communication était bien sûr irrecevable et incompréhensible, puisque le SIEC ne communiquait pas du tout de son côté. Une intervention du rectorat était au contraire indispensable, par exemple ce fameux mardi 29 juin où les jurys et leurs présidents ont été livrés à eux-mêmes sans aucune communication claire sur les décisions à prendre, alors que le serveur ne fonctionnait pas.

Concernant l’éventualité d’une expression en direction des personnels, et d’une forme de reconnaissance vis-à-vis du travail effectué, le Secrétaire général s’est contenté d’indiquer que c’était envisagé, sans pouvoir à ce stade nous indiquer de modalités précises, mais en laissant entendre que la reconnaissance pourrait être financière. Il s’est voulu rassurant sur la question de l’indemnisation des collègues convoqués, mais qui n’auraient eu sur place aucun travail à effectuer.

En conclusion, les représentants du SNES-FSU Versailles sont sortis sans réponse claire de la part du Rectorat sur les causes de la situation et sans que le Rectorat semble envisager quoi que ce soit pour éviter que la situation ne se reproduise l’an prochain. Dans l’attente d’un bilan, auquel le Rectorat s’est engagé, mais dont on ne sait quand il sera fait, nos interlocuteurs ont refusé de se positionner franchement. C’est évidemment plus que préoccupant pour l’année à venir, dans un contexte où le contenu du baccalauréat, déjà sérieusement mis à mal par la réforme Blanquer, est profondément menacé dans sa légitimité auprès des élèves et des enseignants.