Epreuves du baccalauréat 2021 : refuser l’inacceptable

lundi 7 juin 2021
par  Secteur politique éducative

Enchaînant les décisions contestables voire absurdes, le Ministère de l’Éducation Nationale impose des conditions de passage des épreuves, de corrections et d’évaluation inacceptables. La correction des copies numérisées concentre les critiques. Les aménagements consentis (possibilité d’imprimer les copies) ne font que renforcer l’absurdité du dispositif.

Parmi les aménagement des épreuves du baccalauréat de 2021, ceux imposés par le Ministère en philosophie sont les plus aberrants. Les modalités de correction sont tout particulièrement inacceptables.

Le Ministère de l’Éducation nationale a en quelque sorte fait de l’épreuve écrite de philosophie une épreuve optionnelle, puisque la note de l’élève n’est conservée que si elle supérieure à la note de contrôle continu. Les syndicats enseignants n’ont aucunement été consultés. Pas plus que les professeurs de philosophie voire même les corps d’inspection de la discipline. La seule contrainte imposée pour éviter un zéro est la présence de l’élève le 17 juin pour composer.
Les professeurs de philosophie auront un travail colossal de correction, pour des copies dont la note risque fort de ne pas être retenue, car inférieure à celle du contrôle continu. Quel sens a dès lors tout le travail fourni ?

Rappelons que les notes pourront être modifiées par le jury d’harmonisation, et augmentées jusqu’à 3 points !

Épreuves d’EAF et de philosophie : incohérence des décisions du Ministère !

Si des aménagements importants, bien qu’insuffisants, ont été consentis pour les épreuves de français, celles-ci ne sont pas pour autant transformées en épreuves optionnelles, sur le modèle de l’épreuve de philosophie. Pourtant, en lettres comme en philosophie, les élèves ont subi les mêmes conditions dégradées d’apprentissage.
A travers ce « deux poids, deux mesures » cynique, le Ministère donne tout à la fois l’impression d’être conscient du caractère dégradé du bac 2021, qui peut maintenant être sacrifié, tout en faisant encore mine de vouloir sauver le bac 2022. Les élèves en terminale cette année seraient donc voués au contrôle continu massif et à ses nombreux écueils, tandis que ceux qui sont actuellement en première conserveraient une part plus significative de contrôle terminal.
C’est surtout tenter de faire oublier au passage à quel point le bas nouvelle mouture met de toute façon à mal le caractère d’examen terminal, national et anonyme du baccalauréat.

Des conditions de correction dégradées
Nous avons très tôt alerté sur la surcharge de travail prévisible pour les collègues de français et de philosophie. Le SIEC ne semble pas en avoir pris la mesure et les convocations ne sont pas encore parvenues aux collègues concernés. Nous renvoyons sur ce point au compte-rendu de l’audience auprès du SIEC sur ce point. Nous y avons pointé l’ensemble des problèmes qui risquaient de se poser (surcharge de copies, cumul des corrections des copies écrites et passage des oraux…).

Pour l’heure, c’est le mode de correction des copies qui suscite un fort mécontentement. Dans le prolongement de ce qui a eu lieu lors de la première session des Épreuves communes (alors désignées E3C) lors l’année scolaire 2019-20, le Ministère impose la correction de copies sous format numérique via l’application Santorin. Numérisées du 17 au 18 juin, les copies seraient attribuées aux professeur qui devraient les corriger en ligne.
Depuis un certain temps déjà, les enseignants connaissent les nombreux aspects négatifs de la correction de copies numériques : impossibilité de comparer les copies entre elles, de les trier par sujet, contrainte matérielle (ordinateur et connexion disponible), fatigue oculaire, gâchis de moyens (travail de numérisation) et absurdité (stockage des données sur des serveurs, consommation de bande passante). Enfin, risque patent de surveillance à distance du travail des correcteurs par l’administration. En plus de dégrader les conditions de correction, la copie numérique s’inscrit dans une optique de contrôle des fonctionnaires, emblématique néo-management public.

Interpeller les corps d’inspection et l’administration
Le mécontentement des collègues s’est très vite exprimé et certains d’entre eux se sont adressés à leur corps d’inspection notamment en philosophie. Nous mettons en pièce-jointe des exemples de ces lettres. Le SNES-FSU encourage les différentes équipes pédagogiques à interpeller les corps d’inspection de Lettres et de Philosophie.

Sous la pression, le Ministère a concédé le 4 juin la possibilité pour les collègues qui en feraient la demande de corriger une version physique des copies. Nous appelons les collègues à en faire la demande tant les défauts de la correction numérique sont évidents.
Toutefois, cette mesure est insuffisante. D’abord car elle est conditionnée à une demande explicite alors que la correction physique devrait être la règle. Deuxièmement, elle est absurde : aucun accès à la copie papier originale n’est prévu ; c’est un scan imprimé de cette dernière qui serait fourni ! Cela signifie d’une part du travail pour le personnel administratif des établissements qui continueront à effectuer le travail de numérisation et, d’autre part, une qualité médiocre pour les copies qui risquent d’être pénibles à lire. Il y a tout lieu de craindre que les problèmes constatés lors des E3C de janvier-février 2021 (pages blanches, mal scannées etc.) se reproduiront.

Le SNES-FSU continue d’exiger le retour à une correction systématique des copies papier originales et de dénoncer la surcharge de travail que représentent les épreuves du baccalauréat 2021, alors même que le sens de ces épreuves est sérieusement remis en cause.


Documents joints

Lettre équipe philosophie Cergy