[78] Lycées : la demi-jauge fantôme

mercredi 5 mai 2021
par  Snes S2 Yvelines

Le lundi 3 mai, personnels fatigués, lycéens anxieux et désorientés ont fait leur énième rentrée avec des modalités d’organisation différentes, et un nouveau protocole sanitaire « renforcé » qui impose en lycée et dans les classes de 4ème et 3ème de 15 départements une «  jauge de référence fixée à la moitié des effectifs  », « à l’échelle globale de l’établissement  ». (cf circulaire du 29 avril relative à la reprise des cours en présence)

Si insuffisante qu’elle soit, puisqu’elle n’empêche pas la tenue en présentiel de cours en classe entière, à plus de 35 élèves, la jauge imposée par le Ministère, si elle était réellement mise en place, aurait au moins le mérite de désengorger les transports en commun, les couloirs et les cantines, où les risques de contamination sont accrus.

Hélas ! Les enseignants de plusieurs lycées ont eu la désagréable surprise de découvrir à la rentrée que la jauge n’était pas mise en place dans leur établissement. Ainsi, au lycée Franco-Allemand de Buc, les Seconde et les Première restent à 100 % en présentiel au motif qu’une partie des élèves de Terminales qui passent très tôt les épreuves du bac franco-allemand ne seront plus dans l’établissement. Au lycée Hoche de Versailles, les Terminale sont présents à 100 % dans l’établissement, tandis que les Seconde et les Première sont à distance en alternance une semaine sur deux. Dans ces deux cas, la jauge avoisine davantage les 66 % pour le lycée Hoche et frôle les 80 % au LFA. Le Lycée Marie Curie de Versailles respecte la jauge pour une partie des classes seulement, mais les classes exemptées d’enseignement à distance (CPGE, BTS 1ère année, séries technologiques) sont si nombreuses que l’on est de toute évidence bien éloigné de la règle imposée par le Ministre. Enfin au lycée Alain du Vésinet, un niveau entier demeure en présentiel chaque semaine, tandis que sur les autres niveaux, quelques cours seulement sont à distance, la plupart des cours maintenus pouvant aller jusqu’à 7 disciplines pour les classes de Première et 11 matières pour les Terminale. De surcroît, certains cours à distance sont intercalés entre des cours en présentiel, si bien que les élèves doivent les suivre au sein de l’établissement !

Les organisations retenues sont justifiées par des prétextes divers, parfois incongrus : interprétation toute personnelle des textes selon laquelle seuls les lycées de plus de 1200 élèves devraient appliquer la jauge ; fermeture temporaire de classes mises en éviction qui ferait de fait, baisser la jauge ; fragilité de certains publics comme les élèves de série technologique ; nécessité de maintenir au moins la moitié des enseignements en présentiel (une consigne effectivement donnée par le Ministère, mais ne présentant aucune incompatibilité avec la jauge à 50 % de l’effectif).

Alors que le virus circule encore activement en Île de France, avec un taux de contamination plus élevé qu’à la fin du second confinement, et un rajeunissement des patients atteints de formes graves du virus, il est irresponsable et dangereux de ne pas mettre en place, a minima, la mesure imposée par les textes, déjà loin d’être suffisamment protectrice.
De plus, l’absence de cadrage national donne lieu à des organisation diverses qui accroissent les inégalités entre les élèves des différents établissements, à quelques semaines des examens, qu’il semble encore prévu de tenir sans qu’aucun aménagement n’ait été annoncé et malgré les inquiétudes des lycéens.

Le SNES-FSU demande depuis de longs mois un protocole sanitaire réellement protecteur, en particulier la mise en place d’une véritable demi-jauge à l’échelle de la classe et non de l’établissement. Expert en artifices de communication, le Ministre floue le grand public, en employant à l’envi le terme « demi-jauge », qui laisse entendre que les cours se tiennent en demi-classe. Qui croirait, s’agissant d’un lieu de spectacle ou d’un cinéma disposant de quatre salles, que la « demi-jauge » consisterait à laisser vides deux salles, pour entasser le public dans les deux salles restantes ? C’est pourtant ce qui se produit dans de nombreux lycées, où les cours continuent à se tenir en classe entière dans des salles trop petites et mal aérées, alors qu’il est désormais largement établi que les gestes barrières et le port du masque ne suffisent pas à empêcher entièrement la propagation du virus dans les lieux clos.

A ne pas vouloir prendre les mesures à la hauteur des enjeux, et en mettant en place des demi mesures dont les contours varient au gré de l’évolution de l’épidémie, le Ministre porte la lourde responsabilité de la désorganisation des établissements scolaires en cette fin d’année, de l’épuisement des personnels, du stress des élèves et de la poursuite des contaminations en milieu scolaire.
Il est temps qu’il entende les revendications et mette en place les mesures réellement protectrices pour les élèves et les personnels, permettant de limiter efficacement la propagation du virus dans les écoles, et de fait, dans le reste de la société.

N’hésitez pas à contacter le Snes 78 pour lui faire part d’éventuelles difficultés concernant la jauge ou la mise en place du protocole sanitaire dans votre établissement en écrivant à snes78@versailles.snes.edu

Pour aller plus loin :