Audience avec le SIEC le 20 janvier

Compte-rendu de l’audience accordée au SNES-FSU
mardi 2 février 2021
par  Secteur politique éducative

Le 20 janvier 2020, à la demande des sections académiques du SNES d’Île-de-France, une audience avec les responsables du SIEC a été organisée. Compte-rendu.

En présence de Frédéric Muller, directeur du SIEC, d’Anne Cocusse de la Division de l’enseignement supérieur et de Béatrice Rodriguez du service financier, les représentants du SNES-FSU ont pu évoquer avec le SIEC de nombreux points problématiques.

 Quel bilan de la session du bac 2020 ?

Impossible de reconnaître, dans le portrait très positif dressé par le SIEC de l’organisation du bac du confinement en 2020, la situation que nous avons vécue !

Voici ce qu’en retient le SIEC : malgré les conditions sanitaires, les délais très compliqués et le besoin de mettre sur pied des outils techniques, les commissions d’harmonisation ont bien pu se tenir et en septembre, une session de rattrapage plus importante que d’habitude a pu être organisée. Ainsi, en filière générale, 6 000 élèves ont effectué leur rattrapage à ce moment.
A contrario, le SNES-FSU ne pouvait que dénoncer ce qui s’est déroulé en mai-juin  : notes remontées de manière malhonnête dans certains établissements, arrondis d’arrondis effectués pour pousser les moyennes vers le haut… Finalement, les commissions n’ont fait que constater des poussées de notes totalement invraisemblables par rapport à la session 2019, notamment dans certains établissements privés.
Sans être en mesure de nier les faits, les responsables du SIEC ont expliqué qu’ils n’avaient pas d’éléments concrets de leur côté. Ils n’ont pas non plus d’éléments statistiques pour constater les différences de résultats sur plusieurs années, en particulier entre l’enseignement public et l’enseignement privé.

Le SNES-FSU a fait part de ses vives inquiétudes qu’avec le recours encore une fois au contrôle continu pour la session 2021, les mêmes problèmes se posent. Se déclarant « sensible » sur cette question, le SIEC a annoncé qu’il y aurait des consignes ministérielles de cadrage, mais sans que l’on n’ait encore de dates.

Voilà surtout de quoi confirmer nos craintes, le cadrage ministériel consistant désormais systématiquement en la délégation à l’échelon local de toute une suite de procédures et de dispositifs qui devraient relever de consignes nationales.

 Annulation des épreuves de spécialité de mars 2021 : ce à quoi nous avons échappé

Jeudi 21 janvier, la décision d’annuler les épreuves de spécialités du bac 2021 a été prise par le Ministère de l’Éducation nationale. Révélateur de l’absence de transparence et de concertation dans les prises de décision : personne au sein du SIEC n’en était informé, encore un jour avant !

Les discussions prévues à ce sujet lors de cette audience conservent leur raison d’être, malgré l’annulation des épreuves de spécialité. Il y a même lieu de rester extrêmement mobilisé sur le sujet : dès l’an prochain – si les conditions sanitaires redeviennent normales en tout cas –, les dangers que nous avons identifiés par notre analyse réapparaîtront tels quels.

À quoi les collègues ont-ils donc échappé au moins temporairement ?

À un calendrier de correction totalement intenable et injustifiable.

Entre la dernière date de bascule des copies via Santorin aux correcteurs – le 22 mars – et la date limite de correction – le 30 mars à 18 h –, le calendrier du SIEC ne prévoyait que 8 jours pour corriger un lot de 25 à 30 copies du bac sous format numérique.
La correction à l’écran est, on le sait, bien plus fatigante. Nous nous sommes interrogés sur la faisabilité de la chose, en apprenant à notre grande stupeur que les correcteurs ne seraient pas déchargés de cours (sauf lors du passage des épreuves orales et pour cause).

Réponse du SIEC : cela serait conforme à la décision de la note de service du ministère ! De telles conditions de correction sont évidemment déplorables et mettent en lumière l’absence de volonté du Ministère de permettre un travail de qualité.

Pour « faciliter la correction », le SIEC avait aussi décidé de convoquer non seulement les professeurs de spécialité chargés des enseignements en première, mais aussi des collègues n’enseignant pas la spécialité, en SES par exemple.
Entre des délais démentiels et des correcteurs tenus d’évaluer des niveaux et des programmes qu’ils n’ont pas préparés, nous nous dirigions vers des conditions de correction calamiteuses et une grave rupture d’équité dans le traitement des candidats.
Rappelons que les notes de spécialité auraient été – après une rapide évaluation de trois jours – intégrées dans Parcoursup pour le 8 avril ; la « sélection » se serait faite en grande partie à partir de ces notes !

A travers cette organisation et ce calendrier qui se seraient avérés intenables, c’est l’inanité du baccalauréat de Jean-Michel Blanquer que les représentants du SNES ont dénoncée.

 Le Grand Oral : nos inquiétudes persistent

Jusqu’à ce jour, les épreuves du Grand oral ont été maintenues.
Il y a même tout lieu de penser que celles de spécialités ont été annulées pour « sauver » la « figure de proue » du bac Blanquer : le Grand oral. Les annonces du SIEC ne nous ont pas rassurés sur ce dernier et notamment sur la question du vivier des correcteurs. Par souci de rigueur, le SIEC va s’efforcer de convoquer deux professeurs de spécialité comme examinateurs, sans pouvoir s’engager à ce que ce soit toujours réalisé. Il est vraisemblable que dans de nombreux cas, le candidat n’ait en face de lui qu’un examinateur ayant enseigné dans une de ses deux spécialités. C’est inquiétant quant à la qualité de l’évaluation et cela signifie que la probabilité est forte de ne pas être interrogé sur une des deux questions relevant d’une spécialité non représentée dans le jury (ce que suggère d’ailleurs la FAQ du ministère).
Nous avons évoqué le cas des viviers de correcteurs en lettres et en philosophie, amenés à enseigner en HLP mais aussi à assurer les épreuves du bac en contrôle terminal. Les réponses du SIEC nous portent à penser qu’il y aura un problème de vivier, même si les épreuves de ces disciplines devraient être placées pour éviter les chevauchements avec le Grand oral qui débute le 21 juin et se clôt le 30.

Flou quant au contenu des épreuves et difficultés organisationnelles, la mise en œuvre du Grand oral, emblématique du bac Blanquer, s’annonce particulièrement chaotique !

Retrouvez ici l’article Bac 2021, un problème en chasse un autre.

 Le remboursement des corrections et les retards

De nombreux collègues nous ont fait part de leurs difficultés à se faire rembourser par le SIEC et il a fallu donc soulever de nouveau la question des retards, souvent très importants, de paiement. Le SIEC a insisté sur le blocage de paiement de mars à juin qui n’était pas de leur fait ainsi que sur la négligence ou la lenteur de certains chefs d’établissement pour valider les missions. Soit.
Toutefois nous avons fait remarquer que le baccalauréat de 2020 n’avait entraîné aucun paiement à verser – sauf la session de septembre — et que le retard aurait pu largement être rattrapé.
Pour les dossiers les plus en retard, le SIEC nous a confié la procédure à suivre auprès de la Trésorerie, qui ne valide qu’un nombre limité de dossier par mois (même si ce nombre devrait porté à 60 dossiers prochainement au lieu de 50). Le SIEC s’est engagé à un effort dans le traitement des dossiers.
Les collègues concernés peuvent prendre contact avec la section académique pour que nous leur indiquions la procédure à suivre.

 

Le SNES-FSU, toujours fermement opposé à la réforme du bac

Bac local, aggravation des inégalités entre élèves et entre établissements, évaluations permanentes, dégradation des conditions de travail…
Le réquisitoire contre la réforme du lycée et du baccalauréat portée par Jean-Michel Blanquer est long. Son articulation avec la logique de sélection de ParcourSup en fait un redoutable instrument de tri social. Les réformes s’accumulent et telles les pièces d’un puzzle forment l’image d’un système éducatif réorganisé à l’aune des logiques du marché. Au SNES-FSU, nous nous opposons à cette réforme, nous réclamons sa remise à plat. La démocratisation du lycée passe par une autre réforme du lycée.

Le SNES-FSU continue de revendiquer pour le baccalauréat le retour à des épreuves terminales, nationales et anonymes.