Défaut d’anticipation, absence de cadrage national, dégradation de nos conditions de travail : les étapes de la crise sanitaire et de la gestion de celle-ci par notre Ministère se suivent et se ressemblent. Les résultats de l’enquête académique en témoignent (130 réponses).

 Protocole à géométrie variable - éducation toujours moins nationale…

80 % des collègues ont vu évoluer le protocole depuis le 2 novembre… selon une formule différente dans chaque établissement !
Ainsi, 89 % des collègues de lycée indiquent qu’un fonctionnement en effectifs allégés a été mis en place, mais à des dates variables, selon des modalités allant d’une alternance par demi-groupes pour tous les niveaux, à un dispositif hybride en 2^nde uniquement. Et dans 11 % des cas, le 100 % présentiel est donc resté la règle ! Une disparité préoccupante des conditions de préparation aux épreuves du baccalauréat dont le caractère national est fondamentalement remis en cause.
En collège, la diversité est plus grande encore : ici, des nettoyages plus fréquents ; là, un allégement des effectifs de la demi-pension ; ailleurs, le contraignant dispositif « une classe-une salle » (dès septembre, ou seulement en novembre… et parfois abandonné).

 Protocole renforcé ?

Sujet récurrent de sarcasmes, la mise en œuvre d’un protocole réellement protecteur semble impossible : manque de produits désinfectants dans 25 % des cas ; idem pour les masques fournis en nombre insuffisant. Et le nombre d’agents est souvent insuffisant pour une charge de travail accrue. 2/3 des réponses signalent l’impossibilité de respecter la distanciation, notamment dans les couloirs et à la cantine, de limiter le brassage. Le lycée Blanquer rend vaine toute velléité de réduire le nombre de contacts.

 Une situation qui pèse sur les personnels

Bien qu’évidemment nécessaire, la mise en œuvre du protocole sanitaire représente un facteur majeur de dégradation de nos conditions de travail.
Le port du masque entrave, pour 75 % des collègues, l’interaction avec les élèves. Pour près de 70%, c’est une source de fatigue supplémentaire. Plus de la moitié se sentent plus isolés, du fait notamment de la limitation des regroupements en salle des professeurs. Le recours accru au numérique et les pressions liées à son usage croissant sont notés dans plus de 2/3 des réponses.
Le dispositif « une classe – une salle », qui concerne ou a concerné la quasi totalité des collèges est source de stress liés à la gestion de classe pour 88,3 % des collègues. En lycée, le fonctionnement par demi-groupes entraîne parfois de telles difficultés qu’un retour à un fonctionnement normal est rapidement envisagé.

 Personnes vulnérables : quelle situation ?

6,4% des collègues ayant répondu à l’enquête indiquent faire partie des personnes vulnérables.
Ce qui ressort de leurs réponses est d’abord le flou concernant leur situation administrative, qui s’explique notamment par une communication très défaillante de l’Institution. 3 seulement indiquent connaître clairement leur situation administrative (ASA, travail à distance, arrêt maladie ?).
La moitié de ces personnels vulnérables indiquent bénéficier d’un certificat d’isolement. Pourtant, aucun ne s’est vu proposer d’aménagement de son poste de travail, comme le prévoient pourtant les textes, pour ces personnels.

Je suis une personne vulnérable. Dois-je retourner dans mon établissement le 4 janvier ?
=> Retrouvez dans cet article les dernières informations vous concernant (janvier 2021).

 Reprendre la main syndicalement !

Les aménagements liés au protocole sanitaire sont lourds d’enjeux pour l’enseignement et pour nos conditions d’exercice. Dans 45 % des cas pourtant, aucune concertation n’a eu lieu préalablement à leur mise en place ! Faire entendre la voix des personnels reste possible  : interpeller l’Administration, saisir le CHSCT départemental, renseigner le registre de santé et sécurité au travail (connu de 90 % des collègues, mais encore trop peu utilisé) permet de témoigner de la situation, d’obtenir des réponses aux problèmes et des évolutions, et de démontrer la nécessité de consulter les personnels, via leurs représentants. Les sections SNES-FSU départementales et académique sont là pour vous accompagner et vous informer sur vos droits !

=> Retrouvez dans cet article les outils indispensables pour alerter sur vos conditions de travail !