Bilan rentrée 2019 collèges

mercredi 2 octobre 2019
par  Snes S3 AT

Ci dessous le bilan édifiant de la rentrée en collège fait par la section académique du SNES-FSU Versailles.
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Contrairement au annonces du ministère, la rentrée est loin d’être réussie. Ci-dessous, un état des lieux de la rentrée 2019 en collège suite aux remontées de l’enquête de rentrée du SNES-FSU Versailles.

ÉLÈVES SANS PROFESSEURS
Dans près de la moitié de notre panel d’établissements, des heures non pourvues sont signalées à la rentrée de septembre. Loin de se limiter aux disciplines traditionnellement déficitaires comme la technologie ou les mathématiques, la pénurie touche quasiment toutes les matières : anglais, physique-chimie, lettres, espagnol, éducation musicale, arts plastiques, SVT, documentation…
Des classes commencent donc l’année scolaire avec un emploi du temps bien allégé ! Par exemple, dans un collège, quatre classes n’ont pas de professeur d’anglais.
Des remplacements assez prévisibles ( pour congé de maternité ne sont pas assurés. Un signe de la folle attractivité de nos métiers certainement !

STAGIAIRES SANS TUTEUR
On nous signale encore cette année des stagiaires sans tuteur le jour de la rentrée, d’autres dont le tuteur enseigne dans une commune non limitrophe.

CLASSES SURCHARGÉES
Alors même que les élèves d’UPE2A ne sont pas encore tous affectés, sans grande surprise, on constate des effectifs en hausse partout.

La « norme » en REP se situe manifestement au-delà de 25 élèves par classe, fréquemment à 27-28
Dans les établissements non classés, l’éducation se fait en batterie puisque l’on atteint 30, voire 32 élèves … dans des classes en général meublées pour 26 ou 28.
Il faut donc se livrer à une véritable chasse aux tables et aux chaises pour caser tout le monde, AESH inclus, au mépris parfois des règles de sécurité.
Et tant pis pour les manipulations si les salles de sciences ne suffisent pas : cours dans des salles de mathématiques sans évier, 32 élèves avec des paillasses prévues pour 30, manque de matériel, accès difficile aux issues de secours ...
Dans un collège du 92, les 28 classes se partagent une unique salle de sciences.

Dans les établissement qui débordent le plus, l’inscription de quelques élèves a été refusée : 15 en 6e dans un collège d’Argenteuil par exemple.

HEURES SUPPLÉMENTAIRES A VOLONTÉ
HSA EN QUANTITÉ
On assiste comme prévu à une inflation généralisée des HSA, relativement bien acceptées (faiblesse des salaires oblige).
Ainsi, peut-on voir un service de lettres agrémenté de 3h de LCA, donc 21h au total.
Les HSA sont mieux acceptées encore quand elles conditionnent les dédoublements (« pas d’HSA, pas de dédoublement »). Et la difficulté à pourvoir les BMP permet de faire pression sur les collègues en poste fixe pour les absorber.

Certains chefs d’établissement charitables (ou simplement réalistes) ne souhaitent pas que les collègues dépassent les 3 HSA hebdomadaires, craignant l’épuisement de leurs troupes … et des arrêts maladie sans remplacement !

RÉUNIONS PLANIFIÉES
Sans surprise, elle sont (très) nombreuses.
Des conseils pédagogiques sont prévus dès octobre ou début novembre et parfois planifiés pour toute l’année scolaire. Ils peuvent avoir tendance à devenir des organes de décision « opaques », ne faisant l’objet d’aucun compte-rendu.
De manière globale, l’imagination semble déjà sans bornes pour proposer / imposer des réunions de toutes sortes :

  • Les « projets »
  • La liaison CM2-6e
  • Le projet d’établissement (« ateliers »)
  • Les parcours
  • Les IMP
  • Les brevets blancs et épreuves communes
  • Les stages de 3e
  • « L’aide aux élèves »
  • Les CVC et leur « journée de l’élégance », leur « semaine de la persévérance » ...

DISPOSITIFS EN TOUS GENRES

BILANS DU DNB
Lors de la plénière de pré-rentrée, un bilan du DNB est généralement dressé, mais pas dans tous les établissements. Il fait état des résultats flatteurs obtenus grâce au « socle » évalué à la louche, mais passe sous silence les notes obtenues aux épreuves écrites …

DEVOIRS FAITS
Le dispositif repose entièrement sur les bonnes volontés (et sur les salaires indigents) des enseignants payés en HSE et des AED, avec au besoin quelques discrètes pressions des CE. Il sert aussi à compléter le services de quelques rares collègues.
Il se fait généralement sur le temps de la demi-pension ou le soir (16-17h et 17-18h).
L’appel à des intervenants extérieurs est possible : parents d’élèves et retraités bénévoles (avec quelles qualifications ?) dans un collège, association « Zup de Co » dans un autre.

DISPOSITIFS NON OBLIGATOIRES
Quel que soit le nom qu’on leur donne, les « quarts d’heure lecture » sont tendance cet automne.
Nul ne songerait à nier les bénéfices de la lecture pour nos élèves, mais ces séances quotidiennes ou hebdomadaires sont parées par leurs initiateurs de vertus parfois surprenantes… jusqu’à la lutte contre le décrochage scolaire !
Le dispositif, s’il est quotidien, nécessite généralement des aménagements d’emplois du temps votés en CA qui conduisent à une amplitude plus élevée des horaires scolaires.
L’éloquence a presque autant le vent en poupe, talonnée de près par les « classes sans notes ».
On nous signale aussi un « bar à devoir » (sic) sur le temps de la demi-pension.

12H D’ORIENTATION EN 4ème
Dans quelques cas, cette nouveauté ministérielle est confondue avec les heures de vie de classe assurée par les PP. Ailleurs elle est passée sous silence. Tout le monde semble un peu pris de court !

AP
L’AP est mise en place selon des modalités très diverses (dédoublements, co-enseignement). Elle est incluse dans les services et semble remplir remplit à merveille son rôle de variable d’ajustement.

VIE SCOLAIRE SINISTRÉE
Les postes d’AED sont globalement pourvus, mais semblent partout en nombre insuffisant pour encadrer des élèves toujours plus nombreux. Il en est de même des postes de CPE.


INCLUSION SANS MOYENS

Il est à noter partout que l’inclusion des élèves à Besoins éducatifs particuliers est rendue très difficile par la hausse des effectifs et l’absence de moyens supplémentaires.

UPE2A
L’inclusion se fait de manière plus ou moins importante et réfléchie selon les établissements et les affectations des élèves sont encore en cours.

SEGPA
Les situations sont très variées, de l’inclusion complète dans les classes à l’absence d’inclusion.

ULIS et autres élèves relevant de la MDPH
Le fonctionnement des PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés) n’est pas encore très clair, y compris pour certains chefs d’établissements, eux-mêmes peu informés et qui renvoient les collègues à la « plateforme Eduscol » et aux « formations proposées » !
Une chose est certaine cependant, les AESH mutualisés sont maintenant la norme. Ils partagent parfois leur service entre plusieurs établissements.
Dans de nombreux établissements, les AESH manquent.

MANUELS NUMÉRIQUES OU PAS

Le passage souvent à marche forcée aux manuels numériques ne se fait pas sans grincements de dents :

  • Les licences payées aux éditeurs reviennent très cher et certains établissements n’ont pas les moyens de les renouveler.
  • Il a fallu attendre 15 jours après la rentrée pour que le nouvel ENT du Val d’Oise donne accès aux manuels numériques.
  • Certains parents d’élèves aimeraient voir leurs enfants s’éloigner des écrans et se plaignent du côté peu pratique des manuels numériques, notamment dans les familles nombreuses ne disposant que d’un ordinateur. Pas évident de faire son exercice de mathématiques sur un smartphone…
  • Les élèves de familles particulièrement défavorisées comme celles logées dans des hôtels sociaux, n’ont pas forcément accès à internet.
    Plusieurs établissements sans manuels numériques n’ont pas de dotations suffisantes pour fournir des manuels papier à chaque élève ou assurer les réassorts rendus nécessaires par les hausses d’effectifs. Dans certains cas, il faut se contenter de séries ou de demi-séries dans les salles.
    Certains collèges ne disposent même d’aucun manuel ou dans certaines disciplines des classes entières n’ont pas les manuels.