VAL D’OISE : Non la pub n’a pas sa place au lycée

mercredi 6 juin 2018
par  Snes S2 Val d’Oise

Depuis le 9 mai, de nombreux collègues du Lycée Jacques Prévert de Taverny (95) se sont émus en découvrant que le matériel promotionnel du bal des Terminales 2018 comportait deux sponsors : une auto-école et une entreprise de cours de soutien scolaire de notre secteur de recrutement.
Certains ont directement fait part de leur étonnement à notre administration, d’autres se sont tournés vers les représentants des personnels enseignants au CA, qui ont alors relayés leur questionnement.

Pourquoi des sponsors ? Pourquoi ce sponsor (Math’s up) ?
Nous avons alors appris qu’un de nos collègues avait accompagnés le CVL pour organiser la soirée des Terminales, souhaitant (je cite ) « en mettre plein les yeux et créer une vraie émulation autour de cet événement ». C’est pourquoi, avec l’accord de l’administration, ils avaient trouvé deux partenaires qui, grâce à leur subvention (400 €), leur avaient permis de mettre en place la communication de l’événement dans l’établissement mais aussi la location de machines pour la soirée.

Jusqu’à présent jamais les élèves du CVL n’avaient évoqué la nécessité d’un tel déploiement de moyens (affiches et flyers serrigraphiés en couleur), ni bien sur l’appel à sponsor pour subvenir à ces dépenses, la soirée de l’an dernier étant d’ailleurs bénéficiaire.

L’apparition de sponsors dans les activités des élèves choquait les collègues, mais le choix de l’un d’eux en particulier (Math’s up) nous a amené à poser la question du conflit d’intérêt :
En effet, le collègue à l’origine du sponsoring travaille pour cette société…
Lorsque, chacun notre tour, nous avons essayé de lui expliquer en quoi cette pratique était incompatible avec sa fonction d’enseignant. Il n’a pas semblé comprendre où se situait le problème.

Pour ma part, en tant qu’élu SNES au CA, j’ai directement interpellé le Proviseur à ce sujet le 14 mai :
Il a reconnu avoir validé l’initiative, que le partenariat permettait de couvrir les frais, de gardiennage entre autres, de cette soirée, mais qu’il n’avait pas mesuré que le choix de l’un des sponsors pouvait entraîner autant de réactions. Enfin, il a dit qu’il nous informerait lorsqu’il aurait pris une décision.

Les jours passaient, la campagne promotionnelle se poursuivait, mais notre direction semblait ne vouloir intervenir.

Comme entre temps nous avions appris que le directeur de Math’s up était présent lors du bal des terminales l’an dernier, le 24 mai, à la sortie d’un conseil de discipline, les représentants des deux listes d’élus au CA (SNES et non-syndiqués) ont eu un entretien avec le proviseur duquel il ressortait qu’il allait recevoir le collègue à l’origine du sponsoring et prendre contact avec le directeur de Math’s up et nous tiendrait informés.

En l’absence de toute nouvelle information de la part de notre administration, et devant la poursuite de la campagne de publicité, la secraire du S1 et moi avons de nouveau demandé un point sur cette question au Proviseur le mardi 5 juin :
Il nous a dit avoir reçu le collègue, avoir contacté le directeur de Math’s up, en lui indiquant que sa présence au bal 2018 était inappropriée, et que les dernières affiches seraient retirées. Il a reconnu qu’une faute avait été commise et qu’il en assumait la responsabilité et qu’il serait vigilant à l’avenir sur ce point.

Nous avons pris note de ses décisions, mais avons une nouvelle fois regretté qu’elles aient étés aussi tardives, et que nous ne les apprenions qu’en venant le voir.

Pour ma part, devant l’inertie de notre direction face à de tels faits, je lui ai demandé de transmettre, par voie hiérarchique, deux courriers (un au Recteur et un au DSDEN) pointant cette campagne de publicité dans l’enceinte d’un établissement d’enseignement public.
Ce qu’il a accepté de faire, comprenant ma démarche.
Je lui ai de plus précisé que je transmettais l’ensemble des informations à mon syndicat, et je me réservai de donner toutes les suites, qu’avec les conseils du SNES, je jugerai appropriées.

L’affaire est-elle finie ? Aura-t-elle des conséquences sur l’ambiance dans la salle des profs ?

Pour finir, je rappellerai quelques évidences :
En tant qu’enseignant dans un établissement de l’Education Nationale, et par conséquent, en tant que fonctionnaire de l’Etat, s’impose à nous une stricte neutralité commerciale, encore rappelée récemment par le Ministre dans un vade-mecum laïcité.

De plus, il est formellement interdit à un fonctionnaire, dans le cadre de ses fonctions, de faire de la publicité sur son lieu de travail, encore moins lorsqu’il s’agit d’activités pour lesquelles il est rémunéré par ailleurs (il y aurait alors un conflit d’intérêt).

Dans le cas présent, ce que je regrette le plus c’est d’abord l’acceptation de sponsors (surtout Math’s up) par notre direction, et ensuite la lenteur de réaction à l’émotion suscitée dans notre communauté éducative. Je ne mets pas ici en cause la bonne volonté à l’origine de ce projet mais plutôt la carence du contrôle qui aurait dû être exercé.

François MOREAU, pour le S1 du Lycée Jacques Prévert TAVERNY


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