Carte et pédagogie des langues vivantes dans l’académie : le dogmatisme et la novlangue érigés en mode de pilotage

compte rendu de CAELVE du 9 décembre
dimanche 11 décembre 2011
par  Snes S3 MRP

Cette commission regroupe des représentants de l’Administration, des IPR de langues vivantes, des chefs d’établissement, des IEN, un représentant des Maires du département , un Conseiller Général, un membre du Conseil Economique et Social, et 4 représentants des enseignants (dont 1 du privé, les 3 sièges de l’enseignement public revenant à la FSU).

L’ordre du jour comportait un état des lieux des LV dans l’Académie : effectifs par LV, modification de la carte des langues (implantations de sections) à la rentrée 2011.

Les autres points abordés ont été prétexte à l’Administration pour caricaturer l’enseignement des LV avant l’instauration salvatrice du CECRL, des groupes de compétence et des certifications, et laisser paraître à plusieurs reprises le mépris dans lequel elle tient les enseignants.

Morceaux choisis :

« Rousseau avait complètement tort : un précepteur face à un élève, ça ne marche pas ! »

« Quand un élève ne comprend pas, les professeurs ne savent que répéter leur explication avec les mêmes mots, puisqu’ils sont dans le concept ( ???) »

Les certifications : elles « font prendre conscience aux professeurs de la nécessité d’un entraînement efficace à la compréhension orale ainsi qu’à l’interaction ou à la prise de parole en continu[…] »

 Le document sur les groupes de compétence débute par un « constat » au lance-flammes :

Inefficacité « de la répartition traditionnelle des élèves (classe /groupe / regroupement) ; non-pertinence de la distinction LV1/LV2 ; « l’année scolaire n’est pas forcément la bonne mesure pour programmer la progression » (avec retour de l’idée de concentrer les heures sur une partie de l’année puisqu’au lycée l’horaire est globalisé) ; les dédoublements « ne favorisent pas toujours un changement de pratique pédagogique » ; « la concertation, l’harmonisation des pratiques d’évaluation ne sont pas répandues » …
Il faut, par exemple, « individualiser mieux l’enseignement des langues » (exemple donné par un IPR : en sortant d’un cours, se demander pourquoi tel « élève n’a pas accroché à ce qu’on lui a proposé, et réfléchir à ce qu’on lui proposera la prochaine fois » ! Les effectifs des classes ? Un faux problème.)

  Les groupes de compétence : la potion magique

Ils peuvent être instaurés autour des 5 compétences du CECRL, mais aussi être des groupes « de remédiation/d’approfondissement /d’entr’aide/ d’assimilation et d’entraînement/ de projet/de profil ».
L’organisation hebdomadaire (les élèves sont-ils en groupes sur tout ou partie de l’horaire ?) est à voir avec … le chef d’établissement, que les IPR pourront utilement conseiller. Aucune mention des équipes pédagogiques !

Il s’agit de « déterminer l’horaire global pertinent nécessaire en fonction du diagnostic posé et de l’objectif poursuivi ».

Une bonne idée : faire des groupes de compétence dans sa classe, c’est-à-dire dans son cours.

Une autre bonne idée : regrouper tous les élèves, leur projeter un support, et leur demander ensuite d’effectuer des tâches différentes (par compétence travaillée selon leurs besoins du moment.)

Un éclair de lucidité : cela demande « un travail du professeur en amont beaucoup plus considérable qu’avant ».

Un second éclair de lucidité : « des évaluations trop fréquentes compromettent la construction des apprentissages ».

Une phrase de compréhension un peu attristée : « ce qui est nouveau est toujours un peu déstabilisant » qui voulait sans doute atténuer l’image véhiculée tout au long de la réunion de profs ringards, flemmards et recroquevillés sur leurs pratiques qu’ils ne remettraient jamais en question.

Une dernière exclamation pour revigorer les sceptiques et entraîner les foules : tous les profs qui ont tâté des groupes de compétence ne comprennent pas comment ils ont pu enseigner avant !!!