Stagiaires : compte rendu de l’audience auprès du Recteur le 10 novembre 2010

jeudi 2 décembre 2010
par  Snes S3 MRP

Depuis le début de l’année, le SNES poursuit sa campagne contre la réforme de la formation des maîtres qui a servi à supprimer plusieurs milliers d’emplois dans le second degré et dont les actuels stagiaires essuient les conséquences catastrophiques : temps complet, formation en plus du temps de service, disparition des IUFM comme acteur de la formation.

Après la journée de grève du 6 septembre, il a organisé une conférence de presse nationale le mercredi 20 octobre où des stagiaires ont témoigné sur leurs conditions de stage et de formation, qui a eu un grand retentissement auprès des médias. Stress et fatigue, sentiment d’isolement d’autant plus insupportable quand la hiérarchie stigmatise les difficultés professionnelles imputables aux conditions d’exercice résultant de la réforme, surcharge accablante de travail, formation notoirement insuffisante... constituent leur quotidien. Une revendication forte en est sortie : le Ministre dont la politique est responsable de cette situation ne peut continuer de mépriser ainsi les stagiaires, et à travers eux le métier et les élèves, en s’enfermant dans le déni de réalité. Le compagnonnage ne peut tenir lieu de formation et enseigner ne s’apprend pas sur le tas.
La section académique du SNES de Versailles a été reçue à sa demande par le Recteur le 10 novembre pour rappeler cette ferme condamnation de la réforme actuelle, évoquer la situation des stagiaires dans l’Académie de Versailles et porter un certain nombre de mesures demandées par les stagiaires pour améliorer immédiatement les conditions d’entrée dans le métier (renforcement des journées de formation sur le temps de service, suivi amélioré par des formateurs…).

Si le Recteur a reconnu les conditions difficiles dans lesquelles étaient placés les stagiaires, il affirmé que ce n’était que conjoncturel, les actuels stagiaires n’ayant pas bénéficié dans le cadre de leur cursus de master de stages de formation professionnelle prévus à compter de cette année. Il s’est ainsi fait le relais zélé d’une réforme rejetée par l’ensemble de la communauté éducative en cautionnant le temps plein imposé aux néo-recrutés et d’une formation sur le tas et mimétique de quelques bonnes recettes assimilables en quelques semaines par le biais de stages. Cela ne peut que renforcer notre détermination à combattre cette réforme qui non seulement vise à supprimer des emplois mais aussi à réduire nos métiers à ceux de simples techniciens

Sur les mesures immédiates demandées, le Recteur a refusé d’inscrire de nouvelles journées de formation sur temps de service arguant d’un manque de moyens de remplacement, ce qui implique pour lui que les professeurs ne puissent s’absenter pour se former. Nous avons dénoncé cet argument scandaleux et inacceptable qui revient à dire que les enseignants désormais devront se former en dehors de leur temps de service.

Nous avons par ailleurs demandé à ce que plusieurs visites, orientées vers l’aide et le conseil, aient lieu dès maintenant et qu’elles soient assurées, non pas par l’Inspection et le tuteur qui interviennent dans la titularisation, mais par des formateurs. Le souci que nous avons clairement exprimé est d’éviter que les inspections de fin d’année ne prennent la forme « d’inspections couperet ». Le Recteur a semblé admettre le bien fondé de notre demandé mais ne s’est engagé sur rien explicitement.

Enfin nous avons dénoncé et condamné avec fermeté des pressions et des intimidations de la hiérarchie qui visent à stigmatiser et reprocher les difficultés professionnelles que peuvent rencontrer des stagiaires du fait des conséquences désastreuses de la réforme de la formation. De même, nous avons dénoncé les entraves à l’exercice de leurs droits syndicaux. Le Recteur s’est élevé contre toute idée de caporalisation de la profession et de remise en cause des garanties collectives, s’engageant à rappeler le respect de ces principes auprès des chefs d’établissement. Nous appelons tous les stagiaires à nous signaler pressions et abus, et à ne pas rester isolés. La seule réponse relève de la défense collective.

La construction du rapport de force doit se poursuivre. L’intersyndicale région parisienne, à l’initiative du SNES, appelle, avec le collectif Stagiaire Impossible, les stagiaires et tous les personnels des collèges et lycées à participer à un rassemblement le mercredi 1er décembre à 14h30 au métro Sèvres-Babylone, pour interpeller le Ministre, qui a promis depuis plusieurs semaines « un point d’étape », désormais repoussé en décembre, en présence des organisations syndicales sur la réforme de la formation des enseignants,

Le SNES mobilise la profession à travers la signature d’ une adresse collective en direction du Ministre afin qu’il tire sous la forme d’engagements politiques les conséquences de cette réforme catastrophique pour les personnels et pour les élèves, lors du « point d’étape ».