DES « EDUCATEURS » REPONDENT AU PRESIDENT SARKOZY

Les enseignants du collège Léonard de Vinci, à Guigneville organise une réponse originale.
mardi 16 octobre 2007
par  Snes S2 Essonne

A l’initiative de la section locale du Snes du collège, les enseignants ont organisé la réponse à la « lettre aux éducateurs » du Président Sarkozy.

A partir du trame minimale, chaque enseignant a été invité à faire des remarques des ajouts, à commenter le texte présidentiel.

Des propos sérieux, mais aussi humoristiques émaillent le nouveau texte.

A VOUS DE VOIR,QUELLE UTILISATION EN FAIRE DANS VOTRE ETABLISSEMENT !

 La lettre du Président aux éducateurs soulève de nombreuses questions auxquelles ses 31 pages ne répondent pas.} }}

Elle invite à ce que les différents éducateurs se renvoient la balle : qui est responsable de cet échec scolaire ayant atteint des niveaux qui ne sont pas acceptables dont on nous parle ? Sont-ce les parents, les enseignants ? Nos enfants n’y seraient pour rien ? L’Etat non plus ?

Il semble exemplaire que, tout au long de ces 31 pages, ne soit évoquée à aucun moment la responsabilité étatique face à la dégradation des conditions d’enseignement ! Il apparaît aussi que le tissu social, la crise économique, la paupérisation des classes moyennes n’interviennent nullement dans l’échec de la démocratisation des savoirs. L’école est considérée comme une bulle imperméable à toute influence extérieure. C’est à ce titre qu’il devient urgent selon le Président d’y faire entrer le monde, et plus particulièrement celui de l’entreprise.

Ce dégoulinage pseudo littéraire[ avec des périodes ternaires ou quaternaires, l’usage de métaphores filées, d’euphémismes,de répétitions( conscience, aimer, culture : des occurrences nombreuses), sous-tendu par une rhétorique à l’ancienne : captatio benevolentiae puis définition du sujet replacé dans son contexte, rupture à la page 16 enfin,les flatteries d’usage ou les recommandations morales ridicules]se termine par le plan de campagne qui se résume à ça : IL s’agit d’être plus efficace, non de rationner.

Au-delà de la fausse problématique de la lettre : qu’est-ce qu’éduquer ? , nous sommes face à une redéfinition du métier d’enseignant : bivalence, polyvalence, moins de professeurs, moins d’heures de cours, autonomie des établissements pour la gestion des moyens et pour l’évaluation des personnels, mise en place du socle commun...Il s’agit ni plus ni moins d’un passage en force de la loi Fillon avec l’hypocrite faconde d’un bavard qui s’imagine que ses lecteurs, parents ou professeurs, sont idiots, qu’ils n’ont jamais réfléchi à ce que signifie éduquer et qu’ils vont se satisfaire sur cette question qui concerne l’avenir d’une nation, de mots . D’ailleurs cette opération, visant à toucher les âmes sensibles au lyrisme et à l’attention qu’on leur prête en leur envoyant à domicile une missive personnelle, n’aura coûté que la bagatelle annoncée de 450 000 euros, sachant que c’est certainement plus . Cette somme modique n’aurait-elle pas trouvé meilleure utilité, employée à des créations de postes ? Quelle singulière façon d’économiser, maître mot du Président qui justifie la casse de la Fonction Publique d’Etat par le gouffre du déficit national ?

 Somme toute, il est agaçant de se voir adresser un discours où quelqu’un qui méconnaît le terrain, confond ses interlocuteurs (Educateurs : qui ? Parents ? Professeurs ? Mêmes missions ?), donne des leçons de morale à la mode au XIX ème siècle, invente des recettes qui existent déjà et qui surtout ne coûtent rien à l’Etat, a de l’Education une vision passéiste, semble n’avoir d’autre ambition pour l’Ecole que cette philosophie des talents.

 L’échec de la démocratisation de l’Ecole, c’est la faute des profs : DONC supprimons le collège unique, instaurons une école de la pérennisation des clivages sociaux : un élève doué le restera, recevra le maximum ; un élève en difficulté aura le minimum, ainsi il ne sortira ni de sa classe d’origine ni des ses problèmes.

Merci au Président pour cette vision ambitieuse de l’Ecole. Face à un enjeu qui concerne le futur de la jeunesse, la seule fin de l’Etat est de faire des économies...
Cette synthèse accompagne désormais les commentaires de la lettre présidentielle. Le tout n’aurait pas été possible sans l’aide de mes collègues, Karine Lenoir et Gaëlle Tarisca. Sophie Maison.


Documents joints

Première mouture de la réponse
Deuxième mouture de la réponse.
Un philosophe répond au Président.