La rentrée dans les COLLEGES

L’École de Blanquer : avec une majuscule, mais...
lundi 20 septembre 2021
par  Snes S3 AT

Dans son ouvrage publié début septembre 2021, Jean-Michel Blanquer prétend « écrire l’École avec une majuscule en tant que référence centrale de notre existence collective » ...

Une majuscule, mais toujours moins de moyens humains ni matériels, c’est la réalité que reflète notre enquête dans l’académie de Versailles et que vivent tout particulièrement nos collègues des collèges Saint-Exupéry de Villiers-le-Bel et Marcel Pagnol de Saint-Ouen l’Aumône, mobilisés depuis la rentrée.
Pour cette deuxième rentrée sous COVID, non seulement le « quoi qu’il en coûte » n’a pas atteint nos établissements, mais on assiste encore une fois à une réduction des moyens d’enseignement et de surveillance, alors qu’aucun investissement n’a été réalisé pour améliorer les conditions d’hygiène.

 UNE DEUXIЀME RENTRÉE SOUS COVID

Dans tous les établissements, la pré-rentrée s’est déroulée selon le planning habituel : réunion plénière et conseils d’enseignement, parfois buffet offert par le collège.

Dans la plupart des cas, le chef d’établissement s’est contenté de présenter de manière succincte le protocole sanitaire en vigueur jusqu’à nouvel ordre, c’est-à-dire le niveau 2 (jaune).
Dans le 95, il a été précisé que le masque était obligatoire dans la cour de récréation en raison d’un arrêté préfectoral.

Comme l’an dernier, le protocole sanitaire donne lieu à des interprétations diverses et se fait sans concertation.

  • Des paquets de masques en tissu sont distribués aux personnels, mais pas partout.
    Il faut parfois aller les demander au gestionnaire
  • Pour les élèves, la situation est très variable aussi. En général, des stocks de masques en tissu ou chirurgicaux sont prévus en dépannage.
  • La limitation du brassage par niveau imposée par le protocole « jaune » donne lieu comme dans des collèges de Montesson et de Milly-la-Forêt à des interprétations abusives de chefs d’établissements qui imposent l’organisation « une classe, une salle » sans concertation, au détriment des collègues (stress, épuisement, perte de temps, salles totalement inadaptées) et des élèves qui sont tout simplement mis en danger faute de surveillance lors des intercours.
    Mais c’est un collège d’Argenteuil qui remporte la palme de l’absurdité : le dispositif « une classe, une salle » imposé par le chef d’établissement, l’a conduit à supprimer les dédoublements en raison des contraintes d’emploi du temps trop fortes qu’il s’est lui-mêmes imposées. En toute illégalité, ce principal demande aux collègues d’effectuer en « devoirs faits » les heures de cours ainsi supprimées.
  • Des distributeurs de GHA sont placés à l’entrée des collèges, parfois dans toutes les classes, pas toujours en salle des professeurs, et financés par les fonds propres des établissements. Des désinfectants pour surfaces ne sont pas toujours fournis.
    Dans un collège de Franconville, le GHA manque déjà et à Sartrouville ce sont les collègues qui doivent aller demander à leur gestionnaire le gel et le désinfectant pour les tables ! À Vélizy-Villacoublay, les collègues doivent fournir le récipient pour le gel ...
  • Les élèves sont en général regroupés par classe à la cantine, et ont une place attitrée.
    À Sartrouville, un chef d’établissement a pris l’initiative discutable de demander aux parents de ne pas mettre leurs enfants à la cantine dans la mesure du possible.
  • Des récréations séparées sont organisées dans quelques collèges.
  • Les réunions parents-professeurs ont été maintenues, mais en admettant un seul parent.
  • L’aération préconisée dans le protocole reste problématique, les chefs d’établissement refusant souvent le déblocage des fenêtres pour des raisons de sécurité.
  • Quelques capteurs de CO2 à promener de classe en classe ont été fournis par les conseils départementaux, mais pas de purificateurs d’air. On peut donc constater que l’air des classes est pollué, mais pas y remédier.

La vaccination

  • Des questionnaires ont été distribués aux parents afin de savoir s’ils acceptaient la vaccination de leurs enfants.
  • À Conflans Sainte-Honorine, un chef d’établissement demande dans un questionnaire si les élèves sont déjà vaccinés.
  • Pour les sorties dans des lieux recevant du public, les incertitudes sont nombreuses.
  • Les modalité d’application de la campagne de vaccination restent dans le flou le plus complet. Personne ne semble vraiment savoir où et quand les élèves volontaires seront vaccinés.

La continuité pédagogique
La question est abordée dès la pré-rentrée, avec semble-t-il une pression moindre pour la mise en place de classes virtuelles. En général, il est simplement décidé que le cahier de texte en ligne sera rempli de manière détaillée, avec des exercices à faire en pièce jointe afin que les élèves à l’isolement puissent rester à jour. Les élèves sont incités à constituer des binômes pour le rattrapage des cours.

 DES EFFECTIFS EN HAUSSE, DES CLASSES SURCHARGEES

Comme l’an dernier, les DHG n’ont pas tenu compte de la poussée démographique dans les départements de la grande couronne et encore moins de la situation sanitaire, puisque les classes n’ont jamais été aussi chargées. Les effectifs ont été sous-évalués, ce qui a donné lieu à des fermetures de postes et de classes jusqu’au mois de juin. Il en est de même pour les postes d’AED.
Parfois, quelques heures ont été rajoutées au compte-goutte au mois de juin, permettant des dédoublements.
On atteint presque partout 30 élèves par division, 28 en REP, et jusqu’à 27 en REP+.
À Fontenay-aux-Roses, un groupe de langue compte 33 élèves ! C’est le cas aussi en REP+ à Argenteuil !
Un à deux adultes, voire trois (avec deux AESH) et une trentaine d’adolescents continuent à s’entasser dans des pièces de 40 à 50 m2 …
À Ris-Orangis, une section « rugby » a été mise en place sur la marge, au prix de la suppression des demi-groupes, à Conflans un groupe LCE (Langues et cultures européennes) a été financé également sur la marge.
La nouvelle option « Français et culture antique » a été mise en place sur la marge également dans deux établissements de notre enquête.
« Devoirs faits » se met en place progressivement sur la base du volontariat des collègues.

 DES CLASSES SANS PROFESSEUR

Comme chaque année, des collègues ne sont pas remplacés alors même qu’il s’agit d’absences prévues ou connues de longue date. Par exemple, à Fontenay-le-Fleury, à la rentrée 18h de français n’étaient pas assurées (2X9h) ainsi qu’un BMP de 9h en anglais.
À Ris-Orangis, il manque dans un collège un BMP en espagnol, un temps plein en technologie et un temps plein en mathématiques. Au Mesnil-Saint-Denis (78), il manquait à la rentrée un temps plein en mathématiques et en histoire-géographie, à Franconville c’est un BMP de 12h qui manque en histoire-géographie et de 6h en EPS.

 LES HSA

La situation est très variable. Certains collèges n’en ont pas ou très peu, alors que dans d’autres les collègues (surtout ceux en début de carrière) subissent des pressions pour en accepter au-delà des deux obligatoires.

 LES MANUELS

La hausse des effectifs rend nécessaire des commandes de manuels supplémentaires.
Dans les collèges passés aux manuels numériques, on se heurte aux mêmes difficultés que pour l’enseignement à distance : équipement informatique insuffisant des familles, problèmes de connexion …

 LES DISPOSITIFS NON OBLIGATOIRES ET NON FINANÇÉS

Le quart d’heure de lecture continue sans aucun moyen, augmentant l’amplitude horaire de la journée de travail. On recense aussi l’éloquence, des dispositifs anti-décrochage, anti-harcèlement ...
Un collège de Milly-la-Forêt annonce des dispositifs aux curieux intitulés : « Compétences psycho-sociales » et « Génération 2025 » (en lien avec les JO de 2024 semble-t-il).
Ces dispositifs, dans le meilleur des cas, donnent lieu au paiement de quelques HSE ou à une IMP.
Les classes sans notes survivent dans quelques collèges, en particulier en 6ème comme à Corbeil-Essonne ou à Conflans-Sainte-Honorine (avec aussi deux classes « coopératives »). Au moins un collège d’Argenteuil fonctionne totalement sans notes.
À Ris-Orangis, on recense un dispositif « Collège vert » ainsi que « OEPRE » (Ouvrir l’école aux parents pour la réussite des enfants).
Dans le sillage des Cités éducatives, on voit apparaître des « débats à visée philosophique » et les « Cordées de la réussite » (Argenteuil)

 DES REUNIONS

Des réunions sont déjà planifiées : liaison école-collège, collège-lycée, évaluation de l’établissement ... ou avec les IPR de certaines disciplines.

 DES POSTES D’AESH NON POURVUS

Des élèves se trouvent encore sans AESH, certains postes restant non pourvus.
Il n’est pas rare qu’un AESH prenne en charge plusieurs élèves (jusqu’à trois) dans la même classe.
Les inclusions sont de plus en plus difficiles dans les classes surchargées (élèves d’ULIS, de SEGPA ou d’UPE2A).

 L’ETAT D’ESPRIT DANS LES SALLES DES PROFESSEURS

Comme l’an dernier, nous vivons une rentrée particulièrement difficile et éprouvante puisque les difficultés liées au contexte sanitaire se trouvent gravement accentuées par la la hausse des effectifs qui dégrade encore les conditions de travail.
L’autonomie accrue des établissements et le renvoi au local de certaines décisions donne lieu à des abus et à une dérive autoritaire d’un nombre non négligeable de chefs d’établissements qui prétendent imposer aux collègues des tâches non réglementaires.

Lien de l’article actualisé (obligatoire ou pas)

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s3ver@snes.edu
colleges@versailles.snes.edu

Pour une vraie revalorisation de nos salaires
Contre les suppressions de postes, pour des conditions de travail décentes
Pour une éducation de qualité pour tous nos élèves 

 LE 23 SEPTEMBRE, FAISONS ENTENDRE NOTRE VOIX !