Obtenir un protocole sanitaire adapté - Retour sur les mobilisations de novembre 2020

samedi 21 novembre 2020
par  Snes S3 MC

Face au mépris assumé, la colère n’a jamais été aussi forte dans nos professions.
Dès le lundi 2 novembre de nombreux collègues se sont saisis du préavis de grève déposé par le SNES-FSU pour dénoncer la situation dans laquelle se trouvait leur établissement, mais aussi pour exiger que l’on respecte nos professions.
Dès le 5 novembre le SNES-FSU Versailles a appelé à la grève sur le mot d’ordre
« Stop au mépris ! : Situation sanitaire alarmante, hommage à Samuel Paty confisqué, contexte sécuritaire préoccupant, salaires toujours pas revalorisés, conditions de travail dégradées... ».

Retour sur les mobilisations qui ont eu lieu dans notre académie depuis le 2 novembre.

 78 - Mobilisation forte et protocole renforcé finalement mis en place au lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie

Au lycée Saint-Exupéry de Mantes-la-Jolie, la mobilisation a commencé bien avant la rentrée du lundi 2 novembre. Dans le sillage des différents hommages rendus dans le département à Samuel Paty pendant les vacances scolaires, nous avons pu échanger sur la situation avec les enseignants mais aussi les parents du lycée. Dès le vendredi 30 octobre, nous avions sollicité notre direction pour demander la banalisation du lundi, conformément aux mandats portés par la FSU 78. Cette banalisation aurait permis de préparer l’hommage mais aussi l’organisation pédagogique en demi-groupes dans le contexte de confinement. Nous avons par ailleurs organisé deux assemblées générales virtuelles (une première le vendredi avec 35 collègues et une deuxième le dimanche avec environ 70 collègues connectés). Ces AG qui nous ont permis de prendre des décisions collectives avant même de revenir au lycée : pas de reprise des cours si nous n’obtenons pas la banalisation du lundi ainsi que les dédoublements. Suite à cela, les élus SNES-FSU ont pu communiquer à l’ensemble des parents via l’ENT afin de les tenir informés des perturbations qui allaient toucher le lycée le lendemain, les invitant notamment à ne pas envoyer leurs enfants à l’école pour soutenir notre démarche collective.
Malgré la bonne volonté de notre direction qui entendait nos arguments, les consignes du Rectorat et de la DSDEN 78 ont coupé court à nos demandes légitimes. L’exigence d’un retour des élèves à 8h30 a mis le feu aux poudres alors que l’ensemble de la communauté éducative était déjà excédée par la communication du Ministre. Le lundi 2 novembre, nous avons organisé une Assemblée Générale au lycée avec 70 collègues, dans le respect des gestes barrière et de l’aération de la salle que nous occupions. Nous avons voté à l’unanimité la décision de ne pas reprendre les élèves tant que nous n’aurions pas obtenu les demi-groupes. Nous avons alors compté 82 % de grévistes. Forts de cette dynamique collective, nous avons poursuivi l’AG toute la journée en travaillant par ateliers dans l’établissement (comment parler aux élèves de l’assassinat de Samuel Paty, quelle organisation des demi-groupes).
Le lendemain, nous avons repris l’AG à 8h30, avec toujours une cinquantaine de collègues mobilisés. Afin de ne pas les épuiser dans un mouvement de grève long, nous leur avons proposé d’exercer collectivement notre droit de retrait, considérant que l’organisation matérielle et pédagogique du lycée nous faisait courir un risque vital dans le contexte de crise sanitaire. Avec la collaboration de la secrétaire du CHSCT, nous avons donc rempli chacun une page du registre Danger Grave et Imminent avec un texte identique. Un courrier collectif a également été envoyé à la DSDEN 78 et à la Rectrice expliquant la raison pour laquelle nous avions exercé notre droit de retrait, et exigeant que notre sécurité soit assurée au plus vite pour reprendre les cours. Le mercredi matin, n’ayant toujours pas de réponse écrite concernant notre alerte, nous avons expliqué aux collègues en AG que nous étions toujours couverts par notre droit de retrait. Cela nous a permis de gagner la bataille des indécis, puisque même si nous avons bien fait comprendre que ces journées pourraient nous être retirées, nous aurions un argumentaire très solide pour contester cette décision. Dans le même temps, notre direction a fait remonter une organisation en semaine A/semaine B qui avait déjà été votée en CA au mois de juin dernier afin d’anticiper une dégradation du contexte sanitaire.
Le jeudi matin, les élèves ont organisé un blocus. Des tentatives avaient déjà eu lieu la veille devant les établissements du Mantois. La présence des forces de police aux abords du lycée n’a pas empêché les élèves de mener leur action pacifique. Mais des élèves (ou jeunes) venant d’autres établissements ont cherché l’affrontement avec la police, et celle-ci a fait usage de gaz lacrymogène et grenade assourdissante. Dans ce contexte, le blocus s’est dissout et nous avons fait rentrer les élèves en sécurité dans le lycée. La situation devenant de plus en plus tendue, nous avons alerté contre un risque accru de violence aux abords du lycée en l’absence de réponse rapide. Il a fallu attendre 13 heures ce jeudi pour avoir le feu vert de la DSDEN 78 pour que nous organisions les dédoublements. Nous étions prêts, nous avons donc pu reprendre les cours le vendredi avec les élèves.
Dans le sillage ou parallèlement à notre mobilisation, de nombreux établissement du Mantois se sont engagés dans la lutte. Notre victoire locale, confirmée par le Ministre le soir même à l’échelle nationale (celui-ci devant faire face à une multitude d’établissements mobilisés comme le nôtre), a pu servir de point d’appui sur tout le territoire. D’autres AG inter-établissements ont été organisées, notamment pour aider les collèges qui n’ont, à ce jour, toujours pas obtenu gain de cause. Le mardi 10 novembre, jour de grève nationale dans l’éducation, une audience intersyndicale et inter-degré a été reçue à la sous-préfecture de Mantes la Jolie pour porter nos revendications.

François Hébert, lycée Saint-Exupéry Mantes-la-Jolie

 92 - Mobilisation au collège Louis Blériot de Levallois-Perret

Une semaine après la reprise, la fatigue engendrée par un protocole pourtant peu strict se faisait déjà sentir, et la colère face aux annonces de J.M. Blanquer ne retombait pas. Les enseignants se sont réunis en HMIS afin de rédiger un courrier à la Rectrice et présenter leurs revendications : dédoublement des classes, 3 AED supplémentaires, fin du jour de carence... Le mardi 10 novembre, 53 % des enseignants du collège étaient en grève pour exiger un protocole plus strict. Sous l’impulsion de la section SNES-FSU de l’établissement, les élus enseignants ont présenté une déclaration au CA et comptent adresser un courrier à la députée de la circonscription qui s’était rendue dans l’établissement à la rentrée.

Marian Petitfils, collège Louis Blériot de Levallois-Perret.

  91 - Mobilisation très forte au collège Jean Lurçat de Ris-Orangis, protocole refusé, l’inquiétude grandit !

Le collège Jean Lurçat de Ris Orangis compte 930 élèves, est classé REP/Politique de la ville et se compose de locaux vétustes et inadaptés pour lesquels on nous promet une réhabilitation prochainement. Nous y sommes engagés, combattifs, mobilisés, depuis la rentrée de septembre et encore plus depuis celle novembre pour la sécurité sanitaire de tous.
En pleine aggravation de la pandémie et pic de contaminations qui ont déclenché le reconfinement partout en France, nous avons été assommés par le protocole sanitaire dit « renforcé » mis en place par le ministère de l’Éducation nationale dans les collèges, bien moins protecteur que celui de juin de l’année dernière, alors que la situation est bien plus grave et que les populations des territoires les plus défavorisés sont frappées de plein fouet par la pandémie. Nous sommes inquiets pour nos 930 élèves ET leurs familles car chaque enfant rentre à la maison le soir et peut être asymptomatique. Les gestes barrières sont difficiles à faire respecter, malgré les efforts de nos élèves ; la cour du collège est immense donc difficile à surveiller, surtout quand il y a 1 AED pour 500 élèves, nul n’est tenu à l’impossible. Il y a forcément une dangereuse concentration d’élèves (non masqués) pendant le repas au réfectoire, malgré les efforts de réorganisation de notre direction, qui fait tout ce qu’elle peut avec les moyens du bord. Les cours en classe entière ne permettent pas la distanciation physique ni entre élèves ni avec le professeur, les salles ont peu de fenêtres ou des fenêtres condamnées qui ne permettent pas une bonne aération. Les cours d’EPS ont lieu sans masque, il n’y a pas de ventilation suffisante dans les infrastructures sportives, le maintien de l’AS le mercredi après-midi multiplie les risques en appliquant un brassage des niveaux et des classes. Les collègues AESH sont en contact rapproché des élèves, et ne sont pas assez protégées. La surcharge de travail des agents de service et leur exposition aux risques de contamination est préoccupante. L’Administration continue à recevoir un nombre très important d’élèves et de parents au quotidien. Tous les personnels sont exposés, de même que les élèves et donc leurs familles.
Le protocole actuel induit par ailleurs la sédentarisation des élèves dans une salle de classe pour éviter les brassages liés aux déplacements de gros effectifs, mais cela pose de nombreux problèmes de surveillance du fait des classes sans professeur à l’intercours et du nombre limité d’AED (11 AED dont 3 mi-temps pour 930 élèves) pour surveiller les élèves entre deux changements de professeurs. Cela pose évidemment des questions de responsabilité quant à la sécurité des élèves dont nous sommes comptables. Notre collège a la taille d’un lycée et les locaux sont mal configurés : trois bâtiments différents qui réclament des déplacements longs entre chaque heure de cours avec le protocole actuel. Les entrées et couloirs sont très étroits et ne facilitent pas les flux d’un nombre considérable d’élèves. Autant de raisons qui justifient notre demande de demi-classes pour une diminution significative des risques.
Ces demi-classes étant accueillies chaque jour en demi-journée, le lien pédagogique sera définitivement maintenu. Au-delà des conditions sanitaires acceptables, ces temps de travail en demi-groupes seraient de qualité et offriraient une attention toute particulière à chaque élève. Le temps de non présence des élèves au collège sera consacré à un travail en autonomie sans support numérique impératif puisqu’il sera donné, expliqué, guidé en classe et repris au cours suivant avec le professeur. Les parents n’auraient ainsi plus à gérer les multitudes de fichiers numériques comme cela a été le cas lors du confinement. Le travail passerait directement du professeur à ses élèves. Ces conditions permettraient un apprentissage serein pour tous, la mise en place d’un travail de qualité sans besoin numérique impératif (nos élèves n’étant d’ailleurs pas tous équipés).
Nous ne voulons pas risquer de fermer notre collège si la situation se dégradait encore du fait des contaminations croissantes et du manque de protection sanitaire. L’année dernière, l’école à distance a fait trop de mal à nos élèves en difficultés, entraînant parfois des ruptures dans les apprentissages. Il n’est pas facile d’être élève en 2020… Nous demandons donc des aménagements qui ont été acceptés dans les lycées après mobilisation des personnels, parents et élèves.
Depuis 10 jours, nous œuvrons auprès des familles (soutien des élus FCPE), des élus locaux de Ris-Orangis qui sont dans une écoute attentive, de la député LREM que nous avons invitée à venir dès que possible sur le terrain pour constater les difficultés actuelles ; les syndicats, leurs responsables, nous soutiennent et nous accompagnent. Nous avons fait grève trois jours, elle a été suivie massivement : zéro vie scolaire, zéro personnel administratif, la quasi-totalité des professeurs et des AESH en grève au plus fort de la mobilisation.
Vendredi dernier, en fin de journée, nous avons reçu une réponse négative à nos demandes d’aménagements sans explication particulière. Un refus non argumenté après 10 jours de mobilisation. Nous sommes extrêmement inquiets car les personnels sont épuisés, certains sont aussi touchés par la covid-19, nous voulons retrouver la sérénité nécessaire à notre mission première : enseigner et faire fonctionner notre établissement, pour nos élèves, dans une période déjà tendue dans nos quartiers.

Collège Jean Lurçat de Ris-Orangis

 95 - Impréparation totale sur fond de mépris au lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse

La rentrée du lundi 2 novembre dernier était synonyme de stupéfaction et d’indignation au lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse.
Indignation car les enseignants ont dû batailler pour qu’une heure de concertation leur soit accordée pour échanger et mettre en place un projet autour de la laïcité et la citoyenneté, projet d’une importance capitale à destination des élèves suite au meurtre abject de notre collègue Samuel Paty. La Direction avait indiqué dans un email envoyé la veille que seules vingt petites minutes seraient accordées en salle des professeurs avant de récupérer les classes à 8h25. Secoués par cette annonce, les professeurs ont, dans l’ensemble, refusé de prendre leur classe à l’horaire habituel et ont pu commencer une heure plus tard.
Stupéfaction car non contents d’être confrontés à une direction expéditive, ils se sont rendus compte qu’aucune mesure de renforcement concrète n’avait été prévue pour appliquer le nouveau protocole sanitaire publié le 29 octobre. Étant encore endeuillés et sous le choc de l’attentat de Conflans-Sainte-Honorine qui aurait pu survenir dans n’importe quel établissement, y compris le nôtre, les enseignants n’ont pas eu la force d’exercer un droit de retrait ou faire grève ce jour- là. Ils ont d’abord voulu établir une communication claire et apaisée avec la Direction. Deux collègues ont donc écrit deux emails adressés aux chefs d’établissement au nom de l’ensemble des professeurs ce jour- là. L’un est resté sans réponse car le collègue n’est pas un élu du personnel dixit la Proviseure, l’autre a reçu une réponse expéditive lui indiquant qu’il existait des instances légitimes pour communiquer et répondre aux questions de santé et sécurité au travail. Face à ce énième mur de mépris, les enseignants avec l’appui de l’intersyndicale du lycée ont exercé un droit de retrait le lendemain en demandant à la Direction de renforcer le protocole sanitaire dans l’établissement car le premier avait déjà été mis en œuvre très tardivement (32 signalements sur le RSST depuis la rentrée de septembre).
A l’occasion de ce droit de retrait la Proviseure a pris à parti deux déléguées syndicales de l’établissement sur un ton très agressif. Les collègues présents ont tous été choqués et abasourdis par la violence du ton employé et ont décidé en heure d’information syndicale de demander une audience à l’IA. Depuis le début de l’année le lycée Simone de Beauvoir est quasiment livré à lui-même et ne repose que sur le travail collectif des enseignants soit pour mettre en place le protocole sanitaire soit pour réorganiser le temps de travail scolaire pour empêcher le brassage vecteur de propagation du virus. Un premier courrier avait déjà été adressé au Rectorat.
Finalement la direction a accepté de banaliser une heure le jeudi 5 novembre de 17h à 18h pour discuter de la mise en œuvre d’un fonctionnement hybride (distanciel-présentiel). Les enseignants étaient en faveur de classes en demi groupes, cette proposition n’a pas été validée par la Rectrice selon la Direction.
A ce jour le lycée fonctionne en enseignement hybride grâce au travail quotidien des équipes pédagogiques mais force est de constater que cet enseignement hybride a ses limites surtout lorsque les élèves sont confrontés à des problèmes techniques ou de connexion. Les représentants des parents d’élèves inquiets de cette situation et des répercussions sur le niveau scolaire de leurs enfants ont également interpellé par écrit la Direction. Ils doivent rencontrer la cheffe d’établissement cette semaine.

Afaf Kabli, lycée Simone de Beauvoir à Garges-lès-Gonesse

 91 - Une mobilisation forte et victorieuse ! Mise en place d’un réel protocole sanitaire renforcé au lycée Jacques Prévert de Longjumeau

Premièrement, nous avons obtenu en accord avec la direction que l’après-midi du lundi de la rentrée soit transformé en Assemblée Générale. Une petite moitié des collègues a alors pu réfléchir aux modalités d’un protocole. Rapidement la solution retenue a été celle d’un accueil en demi-classes en alternant une semaine au cours de laquelle la moitié de la classe assiste à ses cours habituels les lundi, mercredi et vendredi tandis que l’autre moitié suit ses cours les mardi et jeudi. La semaine suivante les deux groupes sont alternés. Il a été également décidé de faire suivre deux semaines A puis deux semaines B pour respecter la progression des cours tenus en quinzaine comme l’EMC qui est dédoublée chez nous. La direction nous a parfaitement suivis sur ce protocole et sur l’idée qu’il fallait tout faire pour empêcher la fermeture des lycées. Notre Proviseure a été extrêmement réactive puisque dès 17h, suite à l’AG, elle postait sur Pronote un mot à destination de l’ensemble de la communauté scolaire pour expliquer le protocole sanitaire retenu et actait sa mise en application dès le lendemain matin !
L’information a alors était relayée sur de nombreux réseaux dont Twitter. Le Rectorat a ainsi découvert ce crime de lèse majesté et a immédiatement rappelé à l’ordre notre direction qui, sous la pression, a rétropédalé. Elle a en effet publié un nouveau message sur Pronote à 19h expliquant qu’on en restait à un fonctionnement normal du lycée sans aucun protocole sanitaire renforcé ! La colère s’est mêlée à l’incompréhension la plus totale. Plusieurs collègues se sont ainsi mis en grève en signe de protestation face au Rectorat mais en soutien à notre direction. Il a été également décidé de débrayer 15 minutes au début de chaque heure de cours pour maintenir la pression et appuyer à nouveau notre demande auprès du Rectorat. Les collègues se sont relayés chaque heure dans le bureau de la Proviseure pour demander s’il y avait une réponse désormais positive du Rectorat. Ce dernier, pour gagner du temps, s’est caché derrière une surenchère de procédure en signifiant à notre Proviseure qu’elle devait retranscrire sa demande dans le formulaire prévu à cet effet. Ce que notre Proviseure a fait. Nous avons de notre côté rédigé une lettre à l’attention des parents d’élèves pour les alerter sur la situation et sur le refus du Rectorat en réaffirmant que notre mobilisation n’avait qu’un seul but : maintenir ouvert le lycée dans des conditions d’accueil protectrices pour toutes et tous. Notre Proviseure a relayé en personne notre lettre et a également reçu une délégation d’élu.e.s parents dont une des représentantes est médecin. Ils ont ainsi pu constater l’absurdité de nos conditions d’accueil et de travail dont des cours à 35 élèves dans des salles de 40 mètres carrés comportant une seule fenêtre simplement entrebâillée en raison d’un dispositif anti-suicide…
Face aux actions des collègues et aux remontées des parents nous avons finalement eu gain de cause le 6 novembre pour une application de notre protocole dès le lundi 9 novembre au matin !
Aujourd’hui il reste des ajustements à trouver et certains déséquilibres entre les groupes à solutionner mais la différence est flagrante dans le lycée où les gestes barrières (à commencer par la distanciation physique !) peuvent enfin s’appliquer !
Désormais, c’est évidemment à une demande d’allègement des programmes et à la mise en place d’une pédagogie inversée que nous œuvrons pour la plus grande réussite de nos élèves et la construction de leur autonomie face au travail. La suppression des épreuves continues a été un vrai soulagement pour les élèves et les professeurs en enlevant un stress supplémentaire dans une période bien assez difficile. C’est un premier pas dans le sens de nos demandes.
Restons donc combatives et combatifs et n’oublions pas de doubler cela d’optimisme et de solidarité notamment envers nos collègues du Premier degré et du Collège !


Godefroy GUIBERT, lycée Jacques Prévert de Longjumeau

 95 - Un protocole sanitaire appliqué dans la souffrance dans les collèges

Le malaise est profond depuis le lundi 2 novembre 2020 dans les établissements scolaires. Après les déclarations sans cesse contradictoires de notre ministre qui ont rythmé les deux semaines qui ont suivi l’assassinat de notre collège Samuel Paty, il a fallu mettre en place, dans l’urgence, un nouveau protocole censé protéger les élèves et les personnels.

En réalité, ce protocole n’est non seulement pas assez suffisant pour nous protéger comme les scientifiques le prescrivent depuis des mois, mais en plus, il est inapplicable.

Tout est soumis à cette formule : « dans la mesure du possible », censée laisser de l’autonomie aux établissements et aux spécificités locales. La réalité est la suivante : les fenêtres ne peuvent qu’être entrebâillées, le nombre d’AED est ridicule pour surveiller les élèves faisant leur « pause » cloîtrés dans leur salle pour éviter le brassage, les enseignant·e·s passent de salle de salle avec leur clavier et leur souris personnelles – et encore, lorsque le matériel a été distribué et qu’il fonctionne (et pendant que tout dysfonctionne, et que l’enseignant·e tente de régler le problème, c’est une classe de 30 élèves qui s’agitent derrière lui).

Car les élèves sont énervés, épuisés, difficiles à gérer. Peut-on décemment leur en vouloir ? Peut-on décemment en tenir rigueur à des adolescents privés, pendant le temps extra-scolaire, d’activités sportives, musicales, artistiques... en raison du confinement ? Peut-on leur en vouloir de percevoir l’école comme une prison lorsqu’on ne les autorise pas de la journée à faire une pause digne de ce nom aux récréations au collège ? Les élèves n’ont plus aucun sas de décompression, et c’est l’école qui explose. Les élèves vont mal, les personnels souffrent.

Le protocole tel qu’il est prescrit actuellement est inapplicable : les personnels de l’éducation nationale l’ont dit et redit, ils ont exercé leur droit de grève, afin d’alerter et de construire, localement, des solutions alternatives pensées, réfléchies, adaptées à leur établissement. Combien d’heures passées, souvent en collaboration avec les chef·fe·s d’établissement et avec les parents élus au Conseil d’Administration, pour que l’école redevienne un lieu où on vient apprendre sereinement, tout en se protégeant au mieux de la pandémie ?

  • Des demi-groupes, en collège ? Refusés !
  • Des recrutements d’AED supplémentaires ? On ne répond même pas à notre demande !
  • Où sont les professeurs remplaçants recrutés par l’EN, comme l’a annoncé le Ministre lors de son allocution du 12 novembre ? À part des mensonges, nous ne voyons rien arriver dans nos établissements pour nous aider à faire notre travail. Ce travail que nous aimons, cette mission que nous exerçons avec passion, nous ne pouvons l’exercer actuellement car nous sommes méprisé·e·s, tout comme le sont les élèves.

Élodie Gaden


Documents joints

lettre rectrice clg Blériot Levallois
lettre ouverte Ministre