[91] Attention danger : La crise sanitaire accélère la casse du service public d’éducation !

lundi 15 juin 2020
par  Snes S2 Essonne

Depuis le début de la crise sanitaire, les enseignant-e-s travaillent sans relâche pour maintenir le lien avec leurs élèves. Si la « continuité pédagogique » était difficile à mettre en œuvre et exacerbait des inégalités sociales et scolaires, la reprise qui s’organise depuis le 11 mai dans les écoles et depuis le 2 juin dans les collèges et les lycées, est tout aussi problématique. A distance, les personnels ont fait preuve d’un investissement considérable pour adapter leurs pratiques pédagogiques à une multitude d’outils numériques pas toujours performants, mettant en évidence le manque d’investissements publics en la matière. En présentiel, ils se heurtent à un protocole sanitaire incontournable mais inapplicable. Il ne suffit pas de rouvrir les écoles pour qu’elles redeviennent, comme par enchantement, des lieux d’enseignement. La reprise sur la base du volontariat décidée par le ministre Blanquer a induit l’idée que le protocole sanitaire n’était pas parfaitement protecteur et a laissé les parents seuls responsables d’un choix difficile : renvoyer en classe leurs enfants. Cette reprise, peu ambitieuse sur un plan pédagogique, présage une rentrée complexe et inquiétante. Comment renouer avec le scolaire quand on en a été éloigné si longtemps ? Comment retourner à l’école quand la crise l’a vidée de son sens ? C’est au ministère de prendre en charge ces questions ; c’est à l’Etat de reconstruire ce qu’il avait commencé de détruire cyniquement depuis tant d’années et que la crise sanitaire a achevé de défaire. Et ce n’est certainement pas à coups de dispositifs douteux qu’il parviendra à redresser l’école ! Ce n’est pas non plus sur fond de campagne électorale que nous installerons une véritable justice sociale !

 Le dispositif 2C2S : la vigilance s’impose !

D’abord présenté comme un dispositif temporaire permettant aux élèves de bénéficier d’activités sportives et culturelles lors de la réouverture progressive des écoles, collèges, lycées, le dispositif « Sport, Santé, Culture, Civisme » (2S2C) apparait désormais comme l’horizon de « l’école de demain » selon la déclaration de M. Blanquer au Sénat, le 19 mai 2020. Il s’agit là de la vision d’une « école des fondamentaux » (lire, écrire, compter, respecter autrui) qui consiste à renvoyer certaines disciplines (éducation musicale, arts plastiques, EPS, théâtre, cinéma…) hors de l’Ecole. Pour nous et au nom de la culture commune que nous défendons, toutes ces disciplines relèvent du service public d’éducation et en ce sens, elles doivent être, au même titre que les autres, enseignées en garantissant l’égalité de service public sur tout le territoire. Le dispositif 2S2C permet l’intervention en son sein, sur le temps scolaire, d’intervenants extérieurs à l’école et de structures telles que les associations culturelles, artistiques, sportives… Ce dispositif autorise même parfois à utiliser de manière prioritaire des installations sportives ou scolaires alors même que pour des raisons sanitaires cet accès est refusé dans le cadre de notre discipline scolaire (comme aux Ulis et à Grigny actuellement). Pour la FSU, seuls les enseignants recrutés sur concours, cadres A de la fonction publique d’Etat, sont à même de pouvoir déterminer localement, avec leur direction, les caractéristiques de mises en œuvre de l’EPS et du sport scolaire, des arts plastiques ou de l’éducation musicale, des enseignements du théâtre ou du cinéma, dans le cadre de projets pédagogiques pensés et construits en équipe.

 Vacances apprenantes, opportunisme et prof bashing

Après le 2S2C, voici la nouvelle idée lumineuse du gouvernement : les vacances apprenantes ! Au lieu de faire de la préparation de rentrée un impératif scolaire et social, on se paie de mots pour combler les brèches.
Sur fond de déchaînement médiatique contre les profs, la mairie de Ris-Orangis participe à l’entreprise de sape du service public d’éducation, en proférant des propos scandaleux et clivants : https://mobile.twitter.com/stefraffalli/status/1270621266400153601?s=12
Est-ce sa façon de s’inscrire dans la nouvelle école de la défiance dont notre ministre Blanquer se fait le porte-drapeau ? Le SNES-FSU s’indigne d’une telle campagne de recrutement et exige un positionnement clair de la DSDEN sur cette question. Vous trouverez en pièce jointe le communiqué de la FSU 91.
La crise sanitaire et les besoins qu’elle a générés ne doivent pas finir de mettre à mal l’Education Nationale. Ce n’est que grâce à une politique éducative, généreuse et véritablement bienveillante, que nous pourrons tous ensemble construire une école égalitaire, plus juste et émancipatrice.


Documents joints

Communiqué - Vacances apprenantes Ris-Orangis