Réouverture le 11 mai ? Non au bricolage !

dimanche 26 avril 2020
par  Snes S3 MRP

 Réouverture le 11 mai ? Rien n’est prêt !

Suite à l’annonce, faite le lundi 13 avril par le président de la République, de la réouverture des établissements scolaires et du déconfinement progressif, la multiplication des annonces contradictoires sur la réouverture des établissements scolaires de la part des membres du Gouvernement a montré que ce dernier n’était pas à la hauteur des enjeux sanitaires. Alors même qu’au début du confinement le président de la République, clamant sa confiance dans la science, a mis en place un conseil scientifique supposé l’éclairer dans ses prises de décision, il s’affranchit désormais de l’avis de ce dernier qui, dans un rapport du 20 avril, préconisait la fermeture des écoles jusqu’en septembre. Le président, en décidant de ne pas tenir compte de l’expertise médicale, prend la responsabilité de non seulement mettre en danger non seulement personnels et élèves, mais aussi toute la société (voir le communiqué du SNES-FSU : Réouverture des établissements scolaires - Le savant et le politique).

Le ministre de l’Education nationale préfère quant à lui se mettre en scène dans des vidéos adressées aux personnels ou dans les média plutôt que d’avoir une communication saine et respectueuse en notre direction. Fidèle à son image, il a une nouvelle fois fait preuve de son mépris pour la Profession. En effet dans un tweet samedi soir à 21h53, passant sous silence la recommandation, en date du 20 avril, de la fermeture des établissements scolaires jusqu’à la rentrée de septembre, il communique ainsi au sujet des préconisations du Conseil scientifique en cas de réouverture des établissements scolaires : « Avec cette note du Conseil scientifique, nous avons la base pour l’élaboration du protocole sanitaire annoncé pour donner un cadre sûr au déconfinement scolaire. »

Le SNES-FSU a lancé ce dimanche un ultimatum au Ministre de l’Education Nationale : sans garanties sanitaires applicables partout, les établissements scolaires et les CIO ne peuvent être ouverts, le 11 mai ou après, pour reprendre leurs activités quotidiennes et habituelles (voir notre communiqué). Seul un accueil du type de celui actuellement organisé pour les enfants de soignants pourrait alors être assuré.

Retrouvez ici le communiqué de la FSU : Réouverture des établissements scolaires le 11 mai - Une décision politique au doigt mouillé, ainsi que le courrier de la FSU au Premier Ministre, du 24 avril.

 Dans l’académie de Versailles : les ravages du renvoi au local

Le SNES-FSU émet de sérieux doutes quant à la capacité du Ministère à mettre en place un cadrage national dans le contexte actuel compte tenu de la gestion faite jusqu’à présent de la situation sanitaire par le gouvernement.

La situation académique, loin de dissiper nos craintes, ne fait que les renforcer. En effet dès le début du confinement, la communication du Rectorat a été déplorable.
Pour toute communication en direction des personnels durant cette période de confinement, Madame la Rectrice a adressé deux courriels, qui auguraient bien mal de la suite, enjoignant les personnels à se rendre dans leur établissement, malgré l’annonce de la fermeture des établissements et du début du confinement.

Ensuite, le refus du cadrage et le renvoi quasi systématique au local pour la mise en place de la continuité pédagogique ont engendré de nombreuse dérives que nous avons soulignées dans des articles précédents.
Le SNES-FSU Versailles intervient depuis le début du confinement pour porter la parole et les revendications des personnels auprès du Rectorat. Nos derniers échanges avec le Rectorat, à l’occasion d’un groupe de travail portant entre autres sur le possible déconfinement, présidé par Madame le Rectrice le Jeudi 23 avril n’ont fait que renforcer ce nos inquiétudes. En effet les réponses à nos demandes de cadrage fort, si la situation sanitaire permettait la réouverture des établissements, sont loin d’être à la hauteur des enjeux en termes de santé publique. Si l’administration rectorale prétend reconnaître l’importance d’un cadrage, en s’abstenant de prendre clairement position pour éviter les dérives déjà constatées, elle reste prompte à s’en remettre aux décisions locales et à l’expérimentation, ce qui ne peut qu’accentuer nos inquiétudes.

Les retours du terrain montrent bien les dangers et les ravages du renvoi au local : réunion et définition de protocoles et d’un plan de reprise à l’échelle de l’ établissement avec des mesures bien en-deçà des préconisations du conseil scientifique ; commandes de matériel faites sur les fonds propres des établissements ; communication hasardeuse voire problématique de la part de certain personnels de directions et d’IEN ; retours inquiétants de réunions de bassins entre CE et direction académique. Les exemples se multiplient.

Pour le SNES-FSU sans garanties sanitaires applicables partout, les établissements scolaires et les CIO ne peuvent être ouverts, le 11 mai ou après, pour reprendre leurs activités quotidiennes et habituelles.
Si dans les prochains jours le Ministre confirme son incapacité à présenter un plan garantissant la sécurité et la santé de tous, le SNES-FSU exigera que les collèges, lycées, CIO ne soient pas ouverts jusqu’en septembre et se mobilisera aux côtés des personnels pour faire valoir leurs droits individuels et collectifs.

 La lutte contre les inégalités sociales ? Toujours au coeur du projet du SNES-FSU !

Bien évidemment, nous souhaitons pouvoir retrouver nos élèves. Et le SNES-FSU fait toujours de la lutte contre les inégalités sociales le cœur de son projet. Mais nous dénonçons fermement l’instrumentalisation des inégalités sociales faites par le gouvernement et les collectivités territoriales dans leur plan de communication pendant cette crise. Ce n’est pas en exposant l’ensemble de la population et plus particulièrement les quartiers populaires par une réouverture précipitée des établissements scolaires sans les garanties sanitaires nécessaires que l’on pourra résorber les inégalités qui se sont creusées pendant la période.

Au niveau académique nous avions déjà dénoncé l’insuffisance de la dotation académique et en particulier la reprise de moyens faite sur les dotations des établissements de l’éducation prioritaire dans plusieurs départements au moment de la préparation de rentrée : voir notre article.
Dès le début du confinement, le SNES-FSU a porté la demande de moyens supplémentaires pour remédier l’an prochain aux effets de la discontinuité pédagogique et au creusement des inégalités sociales et scolaires. La légèreté de la réponse du rectorat quand nous avons porté cette revendication (manifestement considérée comme n’étant guère plus qu’une lubie) lors du groupe de travail du 23 avril est inacceptable et montre une fois encore le peu de considération pour les conditions d’étude des élèves.