Bac/lycée : les petites phrases pas si anodines du rapport Mathiot

samedi 3 février 2018
par  Snes S3 SV

Le rapport Mathiot laisse les lecteurs pour le moins perplexes au regard des nombreuses contradictions relevées. La compréhension de l’architecture du lycée Mathiot a donné quelques sueurs froides aux lecteurs attentifs. Petit florilège de ces 65 pages...Au delà de ces quelques remarques, les pistes de réformes que comporte ce rapport sont inquiétantes pour nos métiers, tout en ouvrant la porte à une aggravation des inégalités déjà existantes. Analyse complète ICI

  • Souligner les limites du CCF et « en même temps » y penser très fortement
    p 16 "le baccaulauréat professionnel pour sa part est évalué via ce qu’on appelle le CCF, ou contrôle en cours de formation. Les retours d’expérience sur ce qui existe déjà en matière d’évaluation sont intéressants en ce qu’ils sont contradictoires : soit ils en soulignent l’intérêt (épreuves standardisées), tout en pointant leur lourdeurs organisationnelles (CCF), soit ils insistent sur la difficulté, voire l’impossibilité, à garantir l’anonymat des élèves et des établissements.

  • souligner que le CCF en langue ne fonctionne pas mais, « en même temps », envisager de développer le CCF et/ou le contrôle continu
    « la question de l’évaluation des langues vivantes, notamment à l’oral constitue un enjeu particulier. La mobilisation des enseignants perturbe fortement les enseignements et l’anonymat y est à tout le moins problématique »

  • Un éclair de lucidité ! Mais alors, pourquoi une telle précipitation du Ministère
    p22 « d’abord, il ne servirait à rien de proposer une réforme que sa complexité intrinsèque ou son illisibilité rendrait caduque »
    puis
    « une réforme d’une telle importance dans tous les sens de ce mot, suppose un temps de déploiement conséquent, un temps d’adaptation »

  • Pour qui doutait encore de la disparition des lycées en éducation prioritaire...
    p25 à propos des options facultatives « faire en sorte que [ces enseignements] soient plus souvent qu’aujourd’hui proposés dans des établissements situés dans des zones dites d’éducation prioritaire (même si le terme ne s’applique plus aux lycées) »

  • La continuité des apprentissages réduite à 5 mois ?!
    p27 « il nous semble intéressant de permettre aux élèves d’inscrire leur travail dans une relative continuité », avant de préciser « 5 mois » !
    La semestrialisation marque une rupture dans la continuité des apprentissages, celle-là même qui est pourtant vantée par P.Mathiot !

  • Travailler plus pour....ah non, sans gagner plus en fait
    p27 « si la suppression induite d’un conseil de classe peut priver les élèves et leurs parents d’un moyen de faire le point en cours d’année, il est possible de réguler cela en laissant les équipes enseignantes, organiser des temps informels de bilans en cours de semestres »

  • La réforme du lycée est aussi une réforme de nos statuts : danger, annualisation en vue !
    P28 [au sujet des semetres] « nous avons pleinement conscience que cette proposition pourrait avoir pour conséquence d’agir sur le rythme de travail des enseignants, qui est actuellement organisé sur une base hebdomadaire et fondé sur un cadre réglementaire spécifique depuis 1950 et actualisé en 2014 (...) dans un scénario où l’on envisagerait que les élèves puissent pleinement choisir leurs Majeure et leur Mineure (...) qu’ils aient la possibilité de pouvoir en changer d’un semestre à un autre, il faudrait envisager que la variable possibles des heures de services entre deux semestres soit permise par le cadre règlementaire. Nous ne méconnaissons pas les enjeux d’une telle modification du cadre règlementaire »

  • Bis repetita : la réforme du bac/du lycée est aussi une profonde réforme de l’organisation du système éducatif : la promotion de l’autonomie comme pseudo remède magique
    p29 « nous pensons que l’actuel conseil pédagogique tel que défini par le Code de l’Education (R421-41) serait de nature à créer les conditions d’une sorte d’équilibre des pouvoirs propice à instaurer un lycée de la confiance. Le conseil pédagogique veillera à accompagner, par exemple, l’organisation des épreuves ponctuelles comptant pour le baccalauréat en servant, le cas échéant, d’instance d’arbitrage. (...) on trouverait également judicieux qu’il soit plein usage des possibilités prévues par le Code de l’Education selon lesquelles l’association au conseil pédagogique »de toute personne dont la consultation est jugée utile en fonction des sujets traités et des caractéristiques de l’établissement" et en particulier des parents d’élèves et des élèves élus, mais aussi les partenaires extérieurs du lycée.

  • pour faire face à l’hétérogénéité, le tri social, plutôt que des moyens pour faire progresser les élèves
    p31 « La seconde, en tous les cas son premier semestre, doit permettre au élèves d’arriver au lycée, de prendre leurs rythmes, de connaître où ils en sont dans l’acquisition des connaissances des compétences grâce à des tests de positionnement. Une partie d’entre eux est en situation de fragilité, une autre mieux préparée. Il convient donc de nourrir ce public différent, voire hétérogène, en permettant une forme d’atterrissage en douceur et en donnant la possibilité à ceux qui le veulent et qui le peuvent d’avancer un peu plus vite »

  • et 5 compétences qui font 6 !
    p.35 "il apparait que 5 domaines de compétences sont plus particulièrement nécessaires au bagage de l’élève au sortir du lycée :
  • l’ancrage historique et territorial
  • les sciences
  • le langage
  • l’international
  • le corps
  • la réflexion sur le monde

  • Lutter contre la hiérarchie des disciplines et les représentations...ou pas !
    p.36 « plutôt que de privilégier la constitution de classe »ouvertes", non attentives à ce que font les élèves par ailleurs, il nous paraît opportun de recommander que les élèves soient regroupés dans au moins deux catégories différentes de classes : d’un côté des classes pour ceux qui suivent des Majeures scientifiques ; d’un autre côté des classes pour ceux qui ont choisi des Majeures non scientifiques, ou dont la portée scientifique - entendu comme les sciences dites dures - n’est pas dominante.
    (...)
    Cette proposition n’a de sens que si les programmes prévus sont à « entrées multiples » et que leur structuration permette aux enseignants d’adapter la transmission de connaissances au niveau des élèves"

p40 "pour que les élèves de seconde puissent se repérer au moment de leurs choix, on propose de distinguer entre trois grandes catégories correspondant chacune à un certain nombre de majeures

  • majeures sciences et ingénierie
  • majeures sciences et technologies
  • majeures lettres-humanités-société"

  • lycée Mathiot, le grand délire organisationnel
    p39 "La deuxième condition est que les programmes de diverses disciplines soient adaptées au fait qu’une discipline sera étudiée de façon différenciée par les élèves, pendant un à quatre semestre de leurs choix.
    Nous avons conscience des contraintes organisationnelles que cette architecture peut produire Mais elle peut aussi être l’occasion d’innover de façon ambitieuse, par exemple en associant dans les mêmes cours, des élèves de première et terminale, en fonction des compétence acquises dans une discipline"


p37/p38 « Proposer une liste nationale de Majeures et prévoir par ailleurs la possibilité d’en proposer d’autres localement »
« les élèves ne pourraient pas changer de Majeure en cours d’année de première mais pourraient le demander entre la première et la terminale...le lycée organise soit en fin de première, soit avant la rentrée de terminale, des périodes dites de rattrapage, en l’occurrence dans la nouvelle discipline »


  • Lycée/bac/ParcourSup, tout est lié...ou quand un parcours dans l’enseignement supérieur se décidera en 1ère
    p41 (en 1ère) : un enseignement d’EPS en mineure durant les deux semestres de première dont l’une des finalités serait de servir d’introduction aux études de STAPS et partant outil direct d’appui aux élèves intéressés par cette piste d’études supérieures"

  • au sujet de ParcourSup et des attendus - enfin quelques éléments censés
    p48 : « il est essentiel par ailleurs que les règles édictées pour l’accès à l’enseignement supérieur ne fonctionnent pas comme des règles impératives pouvant empêcher purement et simplement un élève d’accéder à telle ou telle formation supérieur (...) il convient que les attendus, qu’ils soient nationaux, locaux, ou disciplinaires, soient conçus comme des moyens de préciser les conditions d’admission et de poursuite d’études et pas comme un moyen d’empêcher et donc de sélectionner »