Collège2016, DNB, LSU : le bilan par la profession à destination du nouveau Ministre

mardi 23 mai 2017
par  Snes S3 SV

Dans le cadre de l’action nationale du SNES-FSU (interpellation du nouveau gouvernement à partir des témoignages des collègues Collège2016, DNB, LSU, action nationale en mai), plusieurs réunions ont été organisées tout au long du mois de mai par la section académique : lors des collectifs départementaux et des heures d’informations syndicales, de nombreux collègues ont témoigné de la réalité de leur quotidien professionnel après 7 mois d’application de collège2016.

Le bilan est sans appel et confirme les pistes aperçues en début d’année (voir le compte-rendu du stage collège2016 du mois d’octobre, avec les premières conclusions, notamment sur l’organisation des enseignements et les conséquences pour les élèves : retour sur le stage académique college2016 à l’automne)

En cette fin d’année, quatre points ont été particulièrement mis en avant par les collègues

  • l’épuisement des personnels : confrontés à la mise en place simultanée de quatre programmes, à une multitude d’injonctions contradictoires, les témoignages de mal-être et de perte de sens du métier se multiplient.

  • les multiples entraves à la liberté pédagogique, notamment en matière d’évaluation des élèves. Alors que les dispositions réglementaires affirment sans aucune ambiguïté la liberté pédagogique des enseignants en la matière, sur le terrain, les personnels sont confrontés à de multiples pressions hiérarchiques qui tentent de leur imposer un unique mode d’évaluation, par compétences.
    De manière plus générale, ces injonctions prennent des formes diverses comme le montrent plusieurs témoignages de collègues : stigmatisation des personnels faisant valoir leur liberté pédagogique, développement des classes sans notes sans concertation collective, imposition de bulletins intermédiaires de compétences, chef d’établissement qui tente d’imposer un nombre déterminé d’évaluations à chaque discipline ou même qui annonce aux parents la fin des notes pour l’année prochaine !
    Les exemples sont nombreux et attestent de dérives inacceptables.
    Après quelques annonces très médiatisées en 2014 et 2015, le précédent gouvernement avait du renoncer à l’application de mesures très contestables sur l’évaluation des élèves. A défaut de les appliquer par la loi, elles font leur réapparition de manière insidieuse, dans les établissements, par le local. Or, c’est bien la liberté pédagogique des enseignants est ainsi remise en cause.

  • une évaluation des élèves devenue illisible pour tous  : sur les bulletins des élèves, la confusion règne ! Appréciations en police 4 pour faire entrer tous les éléments attendus sur les nouvelles maquettes, bulletins de plusieurs pages, dégradé de ronds verts clairs, verts foncés, jaunes et rouges à ce point incompréhensible que dans un collège, le chef d’établissement a décidé d’introduire une nouvelle mention parmi celles existantes pour que les familles comprennent mieux le positionnement des élèves ! Or, c’est aussi le rapport des familles à l’école qui se joue dans l’évaluation des élèves et force est de constater que le fossé ne cesse de se creuser. Ces nouvelles modalités d’évaluation, comme le développement des classes sans notes, ont ainsi été dénoncées par les représentants des parents lors d’un CDEN dans le 78.
    Ci-dessous, un exemple de positionnement sur le socle, à partir de pastilles de couleur, 1ère étape d’une longue procédure…
    Positionnement socle
    Positionnement socle



    Bilan de fin de cycle 3 à partir de pastilles de couleur mais qui sera imprimé en noir et blanc !



  • DNB et positionnement des élèves en fin de cycle : pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué !
    A la fatigue de l’année en cours, s’ajoute en cette fin d’année l’organisation lourde et confuse du DNB et l’élaboration des bilans de fin de cycle pour les élèves de 6ème et 3ème.
    L’oral du DBN est renvoyé à une organisation locale, pour laquelle le plus grand flou règne  : l’organisation devient propre à chaque établissement (ici l’oral porte sur un EPI, là uniquement sur le stage de 3ème) et loin du caractère national qui définit pourtant le brevet, l’évaluation est renvoyée à des grilles construites localement. Le SIEC joue également de ce renvoi au local pour se défausser de toute responsabilité en matière d’organisation et de rémunération, en dépit des textes réglementaires existants.
    Enfin l’élaboration des bilans de fin de cycle, notamment de cycle 4, en fin de 3eme, révèle toute l’usine à gaz qu’est devenue l’évaluation des élèves. Dans de nombreux collèges, les réunions se multiplient pour tenter de mettre d’accord sur le positionnement des élèves sur les différents domaines du socle. Les professeurs principaux sont particulièrement sollicités et nombreux sont ceux qui témoignent d’une surcharge de travail importante. Les propositions de tables de conversion des notes et de compétences proposées par le Rectorat montrent à quel point la dimension technocratique l’a emporté sur toute considération pédagogique.

Le bilan est donc sans appel ! De très nombreux éléments attestent des impasses de cette réforme. Une autre réforme du collège s’impose. Il y urgence à ce que le nouveau Ministre de l’Education Nationale prenne la mesure de la gravité de la situation. Les difficultés ne seront certainement pas surmontées par un énième recours à l’autonomie des établissements qui, telle qu’elle est annoncée et conçue par le nouveau président de la République et son gouvernement, va davantage renforcer le mode de pilotage en cours des établissements, particulièrement dévastateur pour les personnels et la qualité du service public d’Education.

Les ressources académiques sur le collège
* publication académique : DNB, aller au plus simple, LSU ne rien se laisser imposer, les réunions obligatoires ou pas
* Notes, compétences, c’est nous qui choisissons
* LSU, collège 2016, tous les outils pour faire face aux injonctions


Documents joints

PDF - 31.5 kio