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Editorial

La défaite du FN au second tour de la présidentielle est un soulagement. Mais ses progrès en voix par rapport à 2002 alertent sur la nécessité de continuer à expliquer et combattre les menaces que représente l’extrême-droite, soutien du colonialisme et inféodée au capitalisme, pour la démocratie, les libertés, la cohésion sociale.

Les responsables politiques ont refusé de tirer les leçons de 2002 et d’ échéances électorales ultérieures et ont ainsi entretenu le terreau de la désespérance par les politiques d’austérité.

On ne peut pas ignorer non plus le déficit démocratique quand le FN est trop souvent installé comme seule alternative au mécontentement populaire. Or la campagne du 1er tour a montré qu’il était possible de rassembler sur de tout autres alternatives politiques, économiques et sociales, sur un projet de vie meilleure pour tous.

Les voix acquises par E. Macron au 2ème tour pour faire barrage au FN ne font pas oublier que son projet repose sur une adhésion très fragile. Une part importante de ses électeurs du premier tour s’était déjà portée sur « le vote utile » et au soir de son élection, E. Macron a dû reconnaître que les résultats n’avaient pas valeur de « blanc-seing ».

Et pour cause. Rien de ce que les libéraux considèrent comme des entraves au marché et aux profits n’échappe à des propositions du candidat élu qui seraient lourdes de conséquences : droits du travail, dépenses publiques, protection sociale (retraites, santé...), emplois de fonctionnaires et périmètre de la FP…

Après une loi sur la moralisation de la vie publique qui peut être populaire, est annoncé pour l’été le recours anti-démocratique aux ordonnances pour imposer à la majorité des salarié-es qui continuent de s’y opposer les mesures phares de la loi El Khomri. De nombreuses organisations syndicales appellent le Président à renoncer à ce passage en force.

Pour ce qui concerne les retraité-es, E.Macron a fait la proposition d’augmenter l’Allocation de Solidarité aux Personnes Âgées, mais 60% des retraité-es verraient leur taux de CSG faire un bond de 1,7%, « effort » considéré comme « juste et équilibré » sous le prétexte que la TVA n’augmentera pas !!

Quel cynisme, surtout quand on met en regard cette proposition avec le projet de supprimer l’impôt sur la fortune, remplacé par un impôt sur la seule fortune immobilière, à un taux avantageux ! Quant à la revalorisation des pensions en 2017, rien n’est dit sur ce sujet.

Les 9 organisations de retraité-es viennent de décider d’adresser une interpellation commune au nouveau Président sur ces questions du pouvoir d’achat.
Au mois de septembre, une conférence de presse nationale présentera l’analyse des réponses au questionnaire intersyndical, au nombre de 10 000 actuellement.

Une demande d’entrevue sera adressée au Président de la République afin de faire connaître les points forts de cette consultation et défendre nos revendications. Une nouvelle réunion des 9 est prévue le 19 juin.

Dans les semaines à venir, les élections législatives dont dépendra la majorité au parlement ont une importance toute particulière, compte tenu des incertitudes et des tensions générées par les perspectives de recompositions politiques. Le SNES s’emploiera, avec d’autres forces, à interpeller les candidats dans le cadre le plus unitaire possible pour faire valoir les attentes et les revendications des retraité-es.

Il n’y aura pas d’« état de grâce ». La détermination à ne renoncer à aucune de ces revendications reste entière.

Martine Beaulu-Barlier