UPE2A : Tensions dans les classes d’accueil du Val d’Oise

mercredi 17 mai 2017
par  Secteur politique éducative

Le Val d’Oise est le département de l’académie qui enregistre le plus grand nombre d’élèves allophones nouvellement arrivés (« EANA ») ; une cinquantaine d’UPE2A (« Unités Pédagogiques pour Elèves Allophones Arrivants ») peuvent en principe y accueillir les jeunes dans le second degré, mais la situation n’y est pas du tout satisfaisante pour autant.

En effet, la scolarisation des élèves allophones est soumise à la double contrainte d’offrir à l’élève une place en UPE2A et une en classe ordinaire selon le principe de l’inclusion. Or, le ministère n’a pas davantage anticipé l’augmentation du nombre de jeunes étrangers que la hausse démographique en collège et lycée.

De ce fait, tantôt les UPE2A se retrouvent bondées et n’offrent plus de places aux nouveaux arrivants, tantôt c’est dans les divisions ordinaires que l’effectif a atteint son maximum, de sorte que l’accueil des EANA se trouve compromis.

Les enseignants d’UPE2A du 95 appuyés par le SNES-FSU 95 se sont mobilisés dès le premier trimestre et n’ont obtenu une audience à la DSDEN que fin mars, non sans mal, puisque le SNES 95 notamment a dû intervenir à plusieurs reprises en ce sens. Ils ont été entendus sur certains points, dont celui de la nécessité d’ouvrir des UPE2A supplémentaires dans les villes où se concentrent les familles, comme Argenteuil, afin de désengorger les structures existantes et de permettre aux élèves une scolarisation près de chez eux. Les conditions dans lesquelles s’est déroulée cette audience, n’ont pas permis d’évoquer l’ensemble des problèmes. 

Une nouvelle audience intersyndicale est demandée par le SNES-FSU 95 et la CGT Educ’Action 95.

A l’ordre du jour, le problème de l’accueil des EANA qui reste entier, malgré l’augmentation promise d’heures poste en UPE2A, puisque les DHG prévoient nombre de divisions saturées dès la rentrée 2017 : des places ne pouvant a priori pas leur être réservées dans les prévisions, qu’advient-il de ces élèves ?

Autre question, celle des effectifs en UPE2A à laquelle il n’a pas été apporté de réponse. Actuellement, on peut atteindre 30 élèves et plus, ce qui ne permet évidemment pas l’individualisation nécessaire dans ce type de structure hétérogène à l’extrême, où se retrouvent des élèves de tout âge, de tout niveau linguistique et scolaire. Pour le SNES-FSU, les effectifs doivent être limités pour permettre la réussite de tous.

Enfin, les enseignants et le SNES-FSU 95 exigent que soit formellement maintenu le droit à une deuxième année de « suivi » linguistique pour les EANA, droit qui ne doit pas être remis en cause par l’administration en récupérant des places pour faciliter une gestion comptable des flux. Alors qu’une année en UPE2A ne suffit souvent pas à l’apprentissage du français langue seconde, l’administration a évoqué la possibilité de limiter ce suivi à un quota d’élèves seulement (10 sur 30), ce qui est à la fois irréalisable et insoutenable pédagogiquement, le rythme de chaque élève devant être respecté avant tout.

La bataille pour l’accueil des élèves allophones est un enjeu majeur dans le contexte actuel. Contrairement à cette vision purement technique de gestion de flux d’élèves, l’exigence humaniste de l’accueil des migrants et des réfugiés passe par la scolarisation des jeunes dans des conditions dignes. Cela exige des moyens à la hauteur de cette exigence. Les enseignants sont confrontés à des conditions d’enseignement de plus en plus difficiles et surtout à la détresse de nombre de jeunes déclarés « sans solution », comme beaucoup de mineurs isolés peu scolarisés antérieurement qui ne trouvent pas de structure adaptée pour les accueillir. Malgré une écoute plus grande qu’auparavant de la part de la DSDEN, leurs demandes se heurtent à une logique comptable qu’ils ne peuvent plus entendre.

Etes-vous dans un établissement accueillant des UPE2A ? Quelle est la situation d’accueil des EANA ? Rencontrez-vous des problèmes supplémentaires ?…

N’hésitez pas à contacter le SNES Versailles au courriel suivant : colleges@versailles.snes.edu


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