VAL D’OISE : Victoire au lycée René Cassin à Gonesse ! Après deux semaines de lutte, les profs obtiennent les moyens d’accueillir décemment leurs élèves !

mercredi 28 septembre 2016
par  Snes S2 Val d’Oise

Après quinze jours d’une lutte exemplaire, la rentrée du lycée René Cassin de Gonesse a pu se dérouler lundi 19 septembre après une victoire des professeurs et des élèves, rejoints dans leur lutte par les parents d’élèves.

Dès fin juin, les enseignants du lycée René Cassin de Gonesse avaient écrit au rectorat s’inquiétant des effectifs très chargés en Première STMG (classes à 35/36 élèves). Ils n’avaient reçu aucune réponse des autorités académiques durant l’été.

A la rentrée, réunis en assemblée générale, face au constat de classes de STMG à 36 élèves et en l’absence de moyens suffisants pour les accueillir dignement, les professeurs du lycée ont décidé de se mettre en grève dès le vendredi 2, après avoir accueilli les élèves la veille. Ils réclamaient une demi-classe supplémentaire, le maintien de tous les dédoublements et une réduction des effectifs à 30 élèves par classe entière. Ils voulaient aussi la nomination d’enseignants supplémentaires pour prendre en charge les BMP ainsi créés, le taux d’HS étant devenu insupportable dans l’établissement, incompatible avec un enseignement de qualité.

L’explication des 36 élèves par classe était simple : cette année, le Recteur, comme le ferait le PDG d’une compagnie aérienne, a décidé de faire du surbooking. S’appuyant sur le constat que chaque année certains élèves ne se présentent pas dans leur établissement d’affectation, il a tout simplement demandé aux services de monter à 36 le nombre de places par division. En route vers l’éducation low cost... Avec le résultat qu’on a vu à Cassin. Un moyen aussi de faire sauter le verrou des 35 élèves par classe. Ou du moins de voir si ça passe.

A Cassin, ça n’est pas passé. Ce fut même le point de départ de deux semaines de luttes, pendant lesquelles les collègues ont reçu l’appui des parents d’élèves, celui de nombreux élèves, du député-maire PS de la ville. Ils ont pu compter sur le soutien constant du SNES qui les a accompagnés dans leurs démarches et leurs actions : en étant à leurs cotés lors des deux audiences à la D.S.D.E.N. mais aussi en intervenant auprès du cabinet de la Ministre. Au bout du compte la mobilisation a payé.

Et pourtant, l’administration a d’abord tenté de jouer la montre. Appliquant les technique habituelles du management, les représentants de la Direction des Services Départementaux de l’Education Nationale ont laissé aux collègues le choix entre plusieurs solutions qui toutes avaient pour résultat de partager la charge des moyens entre la réserve départementale et l’établissement. Résultats prévisible : des classes autour de 34 élèves, des HSA encore plus nombreuses pour les collègues et des dédoublements réduits pour les élèves. Inacceptable !

Les collègues de Cassin ont refusé la logique qu’on voulait leur imposer. Leur mobilisation a été exemplaire. Elle s’est inscrite dans la durée et dans la solidarité entre les personnels, les parents, les élèves, les élus. Elle a été largement relayée dans la presse tant locale que nationale. Il faut le réaffirmer : une lutte majoritaire mène à des victoires. Malgré ce qu’on voudrait nous faire croire.

Les revendications portées par les enseignants du lycée René Cassin ont toutes été satisfaites, avec la création d’une ½ division supplémentaire et le maintien des dédoublements dans les trois autres classes à hauteur de ce que les collègues demandaient pour exercer au mieux leur mission de service public.

N’aurait-on pas pu s’épargner ce conflit en acceptant de prendre en compte les demandes légitimes des professeurs : limiter les effectifs à 30 par classe ? Sans doute. Mais il apparaît que les services rectoraux et le ministère ont refusé de céder aux demandes parfaitement légitimes des collègues parce qu’elles remettaient en cause les dogmes néolibéraux dont le gouvernement arme sa politique : réduction des dépenses publiques, autonomie des établissements, sortie des lycées de l’éducation prioritaire etc. Pas question pour la Ministre d’accepter de céder à la mobilisation, ça pourrait donner des idées aux autres. Seulement voilà : les collègues sont restés mobilisés, ils ne se sont pas divisés, ils ont tenu la position avec le soutien de toute la communauté, ils ont agi pour que leur combat soit largement médiatisé. Et devant la détermination des collègues il a fallu céder. D’autant que le gouvernement s’enfonce dans une logique crépusculaire, d’autant que la Ministre semble désormais plus isolée, d’autant que les élections approchent.

Au-delà, la question des moyens est posée pour tous les lycées de l’académie, en particulier ceux qui jusque-là bénéficiaient du classement en Éducation prioritaire. Un constat s’impose quoi qu’il en soit : si la réussite des élèves est bien la priorité des professeurs, elle passe par des effectifs moins lourds et des moyens pour dédoubler les classes. A l’institution, au législateur désormais, de prendre leurs responsabilités et de créer les postes aux concours à la hauteur des besoins éducatifs de la nation. Avec des salaires revalorisé et de véritables perspectives de carrière, avec aussi des pré-recrutements si l’on veut que les étudiants viennent passer les concours. Cela suppose aussi de cesser de considérer les élèves comme des flux de marchandise et de doter les établissements des moyens permettant non seulement de répondre à la montée démographique qu’ils connaissent mais aussi d’améliorer les conditions d’étude des élèves et d’exercice des enseignants.


Documents joints

article du Parisien du 16 septembre
article du Parisien du 2 septembre
article sur BFM TV du 15 septembre

Portfolio

Manif_audience_du_5 septembre