M1 en alternance : c’est non !

Un nouveau cataplasme sur une jambe en bois
vendredi 27 mai 2016
par  Secteur entrer dans le métier

Le 18 mai dernier, le secrétaire général DRH de l’académie de Versailles a fait le constat, en présence des élus du SNES-FSU, de l’aggravation de la crise de recrutement dans notre académie, déjà fortement déficitaire. S’il a bien lié ce phénomène au manque d’attractivité de l’académie de Versailles, il a mis de côté la question de l’attractivité du métier en général, pourtant au cœur des débats actuels.

Face à cette situation de crise, les réponse du ministère et du recteur sont loin d’être satisfaisantes. Au lieu de proposer de véritables pré-recrutements, on fait le choix d’utiliser des étudiants en proposant des « M1 en alternance » pour combler le manque d’enseignants en poste. cela compromet la formation de nos futurs collègues et n’est en rien une réponse à la crise actuelle.

Vous trouverez ci-dessous le communiqué de la FSU :

« Communiqué FSU

M1 en alternance : Pour une formation des enseignants de qualité, la FSU demande de véritables pré-recrutements.

La ministre de l’Éducation nationale a annoncé le 24 mai, lors la journée des ESPE, le développement de l’alternance dès le M1 avec un concours de recrutement spécifique. Expérimenté cette année à Créteil et en Guyane, ce dispositif propose à des étudiants de M1 MEEF de travailler à tiers temps, en étant payés au SMIC. Dès la rentrée, il devrait se mettre en place dans les ESPE de Versailles, Amiens et Reims.

Ce qui n’est pas dit, c’est que la formation de ces étudiants M1 en alternance est réduite par rapport aux M1 « classiques ». Amputant les horaires universitaires, déjà insuffisants pour appréhender toute la complexité du métier, ce dispositif déporte la formation vers une adaptation précipitée aux gestes professionnels. Alors que le ministère met en avant qu’il a remis en œuvre la formation initiale des enseignants, c’est paradoxal. Par ailleurs, la mise en place d’un concours spécifique dans le cadre de ce dispositif remet en cause l’égalité de traitement entre les étudiants.

Les directeurs d’ESPE se sont félicités de la réussite de ces étudiants aux concours, sans préciser qu’une sélection drastique a été faite pour s’assurer que seuls les étudiants les plus solides, qui pourraient absorber la surcharge de travail tout en préparant le concours, soient recrutés dans ce dispositif.

En utilisant le salariat étudiant, le ministère fait ainsi le choix de faire reposer essentiellement sur les épaules des étudiants les conséquences de la crise de recrutement, à savoir la pénurie d’enseignants sur le terrain et la crise de remplacement qu’elle induit. Il précarise l’entrée dans le métier et remet en cause le fait que les enseignants et CPE sont concepteurs de leur métier.

La FSU ne peut approuver un tel dispositif inadapté à l’objectif de démocratisation tout comme à celui d’enrayer la crise du recrutement. En effet, l’augmentation des postes aux concours depuis 2012 ne suffit pas à rendre attractif le métier d’enseignant. Les premiers résultats d’admissibilité de la session 2016 sont inquiétants dans certaines disciplines pour le second degré, dans certaines académies pour le premier degré.

Pour la FSU et ses syndicats de l’enseignement, il y a urgence à mettre en place des pré-recrutement, ce qui signifie rémunérer des étudiants pour suivre et réussir les études sans avoir à travailler par ailleurs. En contrepartie, ces étudiants sous statut d’élèves-professeurs s’engagent dans les parcours universitaires et les préparation aux concours de l’enseignement et de l’éducation, puis dans une période d’engagement au service de l’État.

Rendre attractifs nos métiers, c’est aussi revaloriser de façon conséquente les salaires et améliorer les conditions de travail des enseignants et des CPE.

Les Lilas, le 26 mai 2016 »