Contrats de deux ans : recul de la précarité ou délabrement du service public d’éducation ?

vendredi 19 juin 2015
par  Snes S3 MRP

De nombreux collègues non titulaires viennent d’être contactés par le rectorat de Versailles qui leur propose de signer un contrat de deux ans. Cette nouveauté dans l’académie appelle plusieurs commentaires : sur la forme tout d’abord. La rapidité avec laquelle les collègues doivent répondre (avant le 20 juin pour certains) est inadmissible. Les personnels doivent pouvoir prendre le temps de réfléchir à toutes les implications, tant professionnelles que familiales, que ce nouveau type de contrat peut avoir. Par ailleurs la lettre adressée aux collègues évoque un rattachement administratif dans un établissement « au plus proche du domicile » mais ne fait évidemment aucune référence à l’affectation pour des suppléances ou à l’année (et sur les deux années de contrat ?).

Quant à la rémunération, si le courrier parle bien d’un traitement indiciaire à temps complet, toujours aucune référence, malgré les demandes répétées du Snes depuis des années, à la mise en place d’une grille indiciaire prévoyant une progression salariale au cours du contrat. On demande en réalité aux collègues de s’engager à ne pouvoir envisager aucune augmentation de salaire pendant deux ans : l’austérité salariale étant la chose la mieux partagée aujourd’hui au sein du service public ! Le Snes a immédiatement demandé, avec d’autres organisations syndicales, une audience à l’administration rectorale afn d’obtenir des précisions sur ce nouveau dispositif.

Sur le fond de la question, s’il faut évidemment se réjouir de voir la précarité reculer, même temporairement, avec la possibilité pour les non titulaires de pouvoir compter sur un revenu garanti pendant deux ans, cette nouveauté atteste surtout d’un double échec : échec de la loi Sauvadet qui devait permettre de résorber la précarité dans la Fonction Publique. Ce plan (le 15°...) n’a permis qu’à un nombre trop réduit de collègues d’accéder à la titularisation, tant en raison des conditions drastiques pour y être éligible (qui avait amené la FSU à ne pas signer le protocole d’accord) que du comportement des jurys, au moins dans certaines disciplines, traditionnellement hostiles à ce type de dispositif.

Echec également de la soi-disant « priorité à l’éducation » du gouvernement. Si comme la lettre du rectorat l’indique « les besoins de remplacement (…) sont en forte augmentation » c’est bien parce que les métiers de l’enseignement ne sont plus attractifs, tant en raison de l’austérité salariale, imposée depuis 2010, que de la dégradation continue des conditions de travail. Le manque d’enseignants pour répondre aux besoins touche tout particulièrement l’académie de Versailles et le nombre de titulaires disponibles pour les remplacement (TZR) sert de variable d’ajustement pour tenter de masquer les vides.

C’est pourquoi le Snes/FSU revendique un véritable plan de résorption de la précarité prévoyant l’arrêt de tout nouveau recrutement de personnel précaire et la mise en place d’un dispositif permettant à TOUS les personnels d’accèder à la titularisation.