Circulaire rectorale « orientation et affectation des élèves rentrée 2011 » :

EXIT les décisions d’orientation, vive la gestion des flux !

La circulaire rectorale « orientation et affectation pour la rentrée scolaire 2011 » du 26 avril 2011 est significative de la déclinaison académique de la politique gouvernementale (voir en pièces jointes, la circulaire et les annexes). Elle suscite de par les disposions nouvelles qu’elle introduit des réactions actuellement vives dans les salles des professeurs, en particulier chez les professeurs principaux qui doivent assumer des tâches encore plus lourdes que par le passé.

Nous retiendrons trois points particulièrement préoccupants :

Le détournement des procédures d’orientation :

Depuis la mise en place des procédures jusque là en vigueur, la décision d’orientation (c’est-à-dire le jugement pédagogique sur la capacité de l’élève à poursuivre une voie de formation) précédait la décision d’affectation, décision administrative prise par l’Inspecteur d’académie et basée sur les vœux formulés et les capacités d’accueil.
Avec la circulaire du 26 avril 2011, l’instauration d’une pré-affectation avec une réunion préparatoire qui se tient avant les conseils de classe du 3ème trimestre, dessaisit ces conseils de leur place dans la décision d’orientation !

Qui siège dans la réunion préparatoire ? conseils de professeurs ? assemblée des professeurs principaux ? chef d’établissement ?
Au final, les vœux des élèves ne seront ni examinés de façon égalitaire ni régis par des règles transparentes. Ainsi les élèves demandant les filières ST2S et STL auront des notes coefficientées, contrairement aux postulants de STG, dont l’affectation relève de la seule volonté du chef d’établissement de les inscrire ou non.

Concernant la voie professionnelle, les saisies doivent être faites mi-mai sur Affelnet ! Seuls les élèves non affectés sur l’un de leurs vœux seront avertis pour faire d’autres vœux des places laissées vacantes après la commission de pré-affectation. La pré-affectation est donc bien une affectation : pas question d’avoir un meilleur vœu en juin même si des places se libéraient. Sans parler des élèves de 2nde GT qui n’auront pas voulu faire de vœux pro. Seules les familles peuvent faire la demande de la voie professionnelle : le conseil ne peut donner qu’un avis, préconiser une entrée en 1ère pro. On sait que les places pour les réorientations sont très peu nombreuses, et le nombre de redoublants contingenté.
Ces dispositions empêchent une approche sereine des questions d’orientation, tant pour les familles que pour les équipes, et ne peuvent déboucher que sur des crispations et des conflits là où le dialogue et la confiance s’imposent.

C’est aussi la question de l’égalité de traitement entre les élèves qui est posée.

Le détournement du calendrier national ou comment contourner la reconquête du mois de juin !!

Fixer au 30 mai les commissions préparatoires à l’affectation et finir les inscriptions au 1er juillet c’est sans doute bien pour les familles, mais à quel prix ? Qui pourra encore croire que le mois de juin dans l’académie de Versailles est encore un moment d’apprentissage et d’enseignement ? Quand s’arrête l’évaluation des élèves et quelles notes seront prises en compte pour les dossiers d’affectation ?

Le nouveau théorème qui va régir l’avenir des élèves : orientation = Gestion des flux = gestion par les flux

Dans le contexte actuel de contraintes budgétaires et de réduction drastique des capacités d’accueil dans la voie pro, les marges de manœuvre sont très limitées pour l’Administration. Cela induit aussi des façon de procéder contestables :

• Connaître les demandes des élèves et les décisions prévisibles ou contraintes c’est se permettre de moduler les structures sans donner aucune information aux intéressés ni aux instances réglementaires. Ainsi la capacité d’accueil des STI2D est très probablement surévaluée au détriment de la série S. Si la demande est plus faible que prévu en STI2D on peut réduire les capacités d’accueil de la filière (il suffit de jouer sur les options du tronc commun) et ouvrir en S (en reventilant les heures à disposition de l’établissement).

• Imposer de formuler des vœux en voie pro avant les commissions, c’est améliorer la gestion des flux d’élèves, mais c’est aussi pénaliser ceux qui n’accepteront pas d’aller là où des places existent indépendamment de leur projet,

L’Administration ne remet pas en cause la carte des formations, mais elle recherche un calibrage tenant peu compte des réalités. Comment les familles et les élèves sont-ils informés de tous ces enjeux ? Comment s’y retrouveront-ils dans le maquis ainsi créé ?

Compte tenu la complexité du système, qui va demander des explications importantes auprès des familles, on devrait aboutir soit à une augmentation des passages en 2nde par décision discrétionnaire des chefs d’établissements soucieux d’éviter une augmentation de leur nombre de non affectés, soit à un gros forcing auprès des familles pour qu’elles demandent en priorité des vœux de Voie Professionnelle pour être certaines d’avoir un vœu sécurisé lors de la pré-affectation.
Autant de situations régies à l’interne, selon le chef d’établissement, et non selon des règles connues de tous et qui garantissent une égalité de traitement lors de l’affectation.

Le SNES continue d’exiger le retour à un calendrier et à des procédures d’affectation identiques et transparents pour tous les élèves, qui respectent le travail des conseils de classe, préservent de véritables possibilités de progression et de choix avec une offre de formation qui corresponde aux besoins. Nous devons imposer d’autres choix, plus ambitieux et respectueux des missions des personnels, conformes à ce que sont en droit d’attendre les parents, les élèves, les enseignants et les conseillers d’orientation psychologues.

Claudine Bur (secteur orientation) et Marie-Pierre Carlotti (responsable du secteur lycée)