Précarité : 498 Contrats Aidés en voie d’extinction dans les collèges et lycées du 92

Le masque tombe....
jeudi 6 janvier 2011
par  Snes S2 Hauts de Seine

Un « Contrat Aidé », c’est un contrat de travail subventionné par le Ministère du Travail et de l’Emploi qui permet à l’employeur de recruter un personnel précaire, pour 6 mois renouvelable dans la limite de 2 ans, en ne payant que 10% de son salaire, le Ministère du Travail prenant à sa charge les 90% restants. Il s’agit donc d’une aide à l’employeur.

Dans le cas des Contrats Aidés travaillant dans les collèges et les lycées, le bénéficiaire de l’aide est le Ministère de l’Education Nationale - c’est-à-dire l’Etat, qui peut ainsi disposer d’une force de travail à prix cassé – moins cher que des fonctionnaires titulaires, moins cher que des contractuels, une vraie affaire !
D’autant que cette main d’œuvre est flexible, très flexible, puisqu’elle est suspendue au renouvellement de son contrat tous les 6 mois ! Ce que de bonnes âmes présentent parfois comme une « aide aux chômeurs » est surtout une usine à fabriquer des travailleurs pauvres, payés en-dessous du seuil de pauvreté (seuil officiel : 908 euros mensuels pour une personne). Comment payer un loyer en région parisienne avec un 1/2 SMIC mensuel ?

Autre avantage des Contrats Aidés pour le Ministère : tandis qu’il supprime les postes de fonctionnaires à tour de bras, accorder ici ou là quelques CUI (Contrats Uniques d’Insertion) ou CAE (Contrats d’Aide à l’Emploi) a permis de calmer à moindre frais les protestations, d’entretenir l’illusion d’un fonctionnement normal des services.

C’est ainsi qu’on en est arrivé au chiffre de 498 Contrats Aidés dans les établissements de second degré des Hauts de Seine ; 498 mi-temps de secrétariat, surveillance, aide au CDI, maintenance TICE, aide de labo…. qui équivalent à plus de 250 « vrais » emplois statutaires qu’il serait légitime de créer puisque les besoins dans ces domaines sont réels !

Ces 498 Contrats Aidés ont tenu lieu de béquille à un service public qui tient à peine debout. Dans de nombreux établissements, on a deux CUI dans les bureaux parce qu’il y aurait besoin d’un poste de secrétaire à l’intendance, ou deux CUI au CDI alors qu’il faudrait un poste de documentaliste.
Mais la précarité extrême de ces contrats pose problème : comment une Vie Scolaire peut-elle être efficace quand elle repose sur une proportion considérable de CUI et que le turn over des surveillants est tel qu’ils ont à peine le temps de connaître les élèves ? Substituer des contrats précaires au recrutement de fonctionnaires ne permet pas d’assurer un fonctionnement correct du service public, qui se doit d’être continu et stable dans la durée…

Or le gouvernement a aussi beaucoup utilisé les Contrats Aidés dans ses opérations de prestidigitation médiatique, pour faire mine de « traiter un problème ». Ainsi en mars 2009, on nous annonçait non pas davantage de CPE, ni d’Assistants Sociaux, mais 5000 « Médiateurs de la Réussite Scolaire » (en fait des Contrats Aidés) pour traquer l’absentéisme scolaire, on allait voir ce qu’on allait voir !
Moins de deux ans après, la baudruche est bien dégonflée : sur les 124 Médiateurs initialement alloués aux établissements des Hauts de Seine, il n’en reste à ce jour que 90, du moins si tous les supports sont pourvus, en juin 2011 il n’en restera au mieux qu’une cinquantaine, et au delà de juin 2011, c’est le trou noir !

Au delà des seuls Médiateurs, c’est l’ensemble des 498 Contrats Aidés existant dans les collèges et les lycées des Hauts de Seine qui sont dans le collimateur. Pourquoi ?

C’est qu’en 2010 et 2011, les parlementaires de la majorité ont voté un budget de « rigueur » qui soutient les plus grandes fortunes avec le « bouclier fiscal », et qui sabre tout le reste.
Ce budget réduit – entre autres - les crédits du Ministère du Travail, qui ne subventionne plus les contrats aidés qu’à hauteur de 80% au lieu de 90%, tout en réduisant leur nombre (400 000 en 2010, 340 000 en 2011).
Dès 2010, le financement des contrats aidés s’est tari en cours d’année, avec des conséquences drastiques pour le fonctionnement de tous les organismes qui y ont recouru : de très nombreuses associations, les collectivités territoriales et les services publics – dont l’Education Nationale !

Depuis le premier trimestre de cette année, au fur et à mesure que les CUI arrivent au bout de leur 2 ans ou démissionnent, ils ne sont plus remplacés par d’autres précaires. D’ici juin 2011 on peut estimer la perte probable à au moins 75 Equivalents temps plein dans le département, pour le seul Second degré.

Au delà de juin 2011, l’IA lui-même ne sait pas si les Contrats Aidés iront au bout ou seront arrêtés net faute de financement.
134 collèges et lycées sont concernés à divers titres dans le département.

Dans le Second degré, le plan d’extinction des CUI intervient alors que les vagues de suppressions de postes de fonctionnaires ont déjà mis les personnels et les établissements dans un état de tension extrême. Le péril que les syndicats de la FSU ont maintes fois annoncé se concrétise : c’est désormais le fonctionnement le plus élémentaire des collèges et des lycées qui est en question, faute de personnel statutaire.

Le budget 2011 programme encore 4800 suppressions de postes d’enseignants de second degré, 600 suppressions de postes administratifs….
C’est dire l’urgence de mobiliser personnels et usagers pour la défense du service public et de l’emploi public statutaire. La précarité n’est pas une solution, notamment pour les personnes concernées auxquelles ne sont offertes aucune perspectives d’emploi durable. La précarité, ça suffit !

‡ La FSU, la CGT et Solidaires organisent le 20 janvier une journée nationale d’action commune contre la précarité dans la Fonction Publique : http://www.fsu.fr/spip.php?article2676

‡ La FSU vous appelle à témoigner dans le cadre de sa campagne « Le service public, on l’aime, on le défend » : http://www.fsu.fr/spip.php?article2629

‡ La manifestation nationale Education Nationale du 22 janvier , et les suites que la FSU organise, seront autant d’occasion de dénoncer la précarité et de revendiquer le rétablissement des postes et des recrutements de titulaires indispensables !


Documents joints

PDF - 29.8 kio