Des lycées privés toujours plus riches...

mardi 9 novembre 2010
par  Snes S3 MRP

Des lycées privés toujours plus riches…

760.269 euros, c’est la dotation record que la Région Ile-de-France projetait de donner à un établissement privé en 2009, (un lycée d’une des communes les plus bourgeoises des Yvelines). Il faut dire que cet établissement est dans le besoin : plus de 9 millions d’euros de budget de fonctionnement, pour un peu plus de 800 élèves. Le ticket d’entrée par élève tourne autour de 10.000 euros par an (avec cantine et internat).

Alors pourquoi une telle dotation ? La Région subventionne dans les cadres de la loi Falloux : au maximum 10% des dépenses annuelles du lycée (hors subventions publiques) et au maximum 50% des travaux projetés. La Région est donc « dans les clous » mais cela revient à donner les subventions les plus importantes aux établissements privés déjà les plus riches et qui savent « monter leur dossier » ! ! ! A titre de comparaison, la Région va donner une subvention de 119.000 euros pour…la totalité des lycées privés d’un département…le 93…

10% est un maximum, mais la Région pourrait donner moins car rien n’oblige une collectivité territoriale à donner de telles subventions aux établissements privés !

Ces subventions sont destinées « à la rénovation ou à la modernisation », elles enrichissent de fait un patrimoine privé (le plus souvent d’ associations religieuses catholiques) sur des fonds publics, ce qui est inacceptable. Ces associations ont un patrimoine plus que conséquent et des fonds propres qui leur permettraient sans problème de refaire leur toiture, agrandir leurs bâtiment ou le mettre aux normes… La « modernisation » comprend aussi celle des équipements pédagogiques et les établissements les plus riches reçoivent par dizaines, PC, vidéo projecteurs et tableaux numériques (la grande mode en ce moment), puisqu’ils peuvent aller jusqu’à 10% des dépenses annuelles…Plus de 120.000 euros pour un seul lycée privé, de 700 élèves, du 92.

Ce type de dotation, au nom de la loi Falloux, pose de nombreux problèmes : principalement celui de l’équité de traitement entre les élèves et entre les territoires. Celui des critères (avec des établissements suréquipés car sachant « monter leur dossier ») : certaines collectivités territoriales adoptent des critères précis mais pas la région Ile-de-France. Enfin, est-il normal que la Région enrichisse des associations privées et religieuses (principalement catholiques) avec les impôts des franciliens ?

Enfin et à titre de comparaison, la Région Ile-de-France donne en moyenne entre 400.000 et 500.000 euros pour le budget de fonctionnement d’un lycée public (d’environ 1000 élèves). Les collègues qui doivent constamment limiter le nombre de photocopies, sous l’œil vigilant de l’administration, n’arrivent pas à boucler le budget d’un voyage scolaire ou se gèlent, avec leurs élèves, dans leur salle de cours, apprécieront…

Dernier élément de comparaison : la dépense de l’Etat consacré à un élève, dans l’académie de Versailles, était de 3096 euros en 2005…