Stagiaires à temps complet : mener l’action pour obtenir dès à présent une amlioration des conditions de stage et de formation

Conférence de presse des trois sections académiques de Paris, Créteil et Versailles du SNES le jeudi 16 septembre sur les conditions de rentrée des stagiaires.
dimanche 19 septembre 2010
par  Snes S3 MRP

Dossier de la conférence de presse du jeudi 16 septembre :

 Pour l’ex-DRH de l’Oréal, enseigner est un métier qui s’apprend en deux ou trois jours !

Des fédérations de parents d’élèves aux organisations syndicales enseignantes en passant par celles des chefs d’établissement et des inspecteurs, l’ensemble de la communauté éducative a rejeté une réforme de la formation des maîtres, inspirée par une logique purement comptable (supprimer 16 000 emplois de stagiaires) et une vision réductrice du métier. Dans les trois académies d’Ile-de France, ce sont près de 2000 stagiaires pour le second degré, soit plus d’une tiers des lauréats des concours de la session 2010, qui en subissent les conséquences catastrophiques : ils sont jetés dans le bain du temps complet, sans formation pédagogique préalable, placés dans des conditions d’entrée dans le métier telles qu’ils risquent de renoncer à la carrière qu’ils ont choisi.

Seul le Ministre de l’Education nationale, investi dans ses fonctions de porte parole du gouvernement avec un un tel zèle qu’elles confinent désormais à celle de propagandiste forcené, continue d’en minorer les effets. Ainsi a-t-il communiqué avec force durant la rentrée que les stagiaires n’étaient pas lâchés sans formation devant les élèves, estimant sans vergogne que les quelques journées d’accueil assurées avant la prise en charge des élèves pouvaient se substituer à la formation délivrée par l’IUFM et qu’à l’avenir les stages proposés aux étudiants de M2 se destinant aux métiers de l’enseignement à compter de cette année joueront ce rôle de propédeutique.

A ce mépris souverain pour les exigences d’un métier complexe s’est ajouté un bricolage hâtif dans les académies auxquelles le Ministère a renvoyé la gestion des conséquences de la réforme provoquant un éclatement des conditions de formation de stage et de formation.

 Pour des milliers de stagiaires, des conditions d’entrée dans le métier catastrophiques !

Quel objectif poursuit le Ministère ? Détourner les étudiants des carrières enseignantes en imposant des débuts dans le métier dissuasifs ?

Les conditions de service : l’invention du service à 4/ temps

Avant 2010 cette année commentaires
6 à 8 h de cours (4 à 6 h avant 2007)
Pas de classe à examen sauf pour en Philosophie
16 à 18 h de cours pour les certifiés 13 à 15 h
pour les agrégés
Pas de classe à examen dans la mesure du possible et pas plus de deux niveaux Selon les engagements de Darcos, leur service ne devait pas excéder 12h.
Les stagiaires sont considérés comme des enseignants à part entière. Quelques journées de formation avant la rentrée ou quelques stages durant les années d’études, selon le Ministre, suffisent.
Ils sont nommés sur des emplois de titulaires et les nécessités de service dans les établissements rendent inapplicables les préconisations hypocrites du ministère. Beaucoup ont des classes à examen, certains se voient proposer des HS et les fonctions de PP.


Les conditions de formation : une formation sur le tas venant s’ajouter au temps complet !

Avant 2010 cette année commentaires
2 journées de formation à l’IUFM par semaine
Formation didactique et transversale prise en charge par des enseignants de l’IUFM
10 journées de formation dans l’année, s’ajoutant au temps de service, prévues après la Toussaint , complètement déphasées par rapport aux besoin et aux préoccupations des stagiaires.
Contenus non encore explicitement définis à ce jour, mis en œuvre par les corps d’inspection et des chargés de mission
La formation se trouve réduite à la portion congrue et à un compagnonnage par le tuteur qui, par défaut, deviendra la seule ressource des enseignants stagiaires. Or , lui aussi, est à temps complet, avec une charge de travail qui n’a cessé de s’alourdir ces dernières années.

Les IUFM sont laissés sur la touche pour des raisons budgétaires et idéologiques alors que leur potentiel et leurs compétences sont intacts cette année. Le Ministère compte les faire disparaître en les fondant dans les universités et les solliciter représenterait un coût budgétaire conséquent pour les Rectorats dans le cadre de la LOLF.


Les conditions d’affectation : un bricolage improvisé dans la hâte

Avant 2010 cette année commentaires
Affectés sur des supports réservés par l’Inspection et l’IUFM de 6 à 8 h correspondant à des BMP (bloc de moyens provisoires)

L’implantation des supports était déterminée sauf cas exceptionnel par la présence d’un conseiller pédagogique volontaire
Affectés sur des postes définitifs ou des BMP de plus de 13 h qui auraient dues être pourvus par des titulaires soit par le biais du mouvement intra soit par des TZR. Les académies de l’IDF ont accueilli plus de stagiaires que prévues (+150 à Versailles, …).

Les Rectorats ont dû trouver des supports nouveaux en catastrophe, parfois dans des disciplines où il n’était pas prévu d’accueillir des stagiaires.

Les Rectorats, tout en refusant de faire la transparence, reconnaissent que près d’un tiers des stagiaires n’aurait pas de tuteurs. Les tuteurs ne sont pas forcément dans l’établissement du stagiaire.

Certains ont été nommés dans une discipline autre que celle de leur recrutement, sur des services partagés, sur des quotités incluant des heures supplémentaires ; d’autres connaissent encore aujourd’hui des changements d’affectations à l’improviste.
Les C/E n’ont découvert qu’à la rentrée qu’il s’agissait de stagiaires et n’ont pu ajuster les services en conséquence.

 Le tutorat, des fonctions complètement dévoyées au service d’une réforme rejetée par la profession

Un nombre de stagiaires bien au-delà du vivier de conseillers pédagogiques que sollicitait auparavant les IUFM, des conditions de stage et de formation indécentes et la dénaturation des missions de tuteur expliquent que les Rectorats soient en difficulté pour trouver des tuteurs. S’ils refusent de faire une transparence complète sur la situation, ils ont dû reconnaître à la rentrée qu’ils manquaient environ un tiers des tuteurs, et encore compte-t-il des personnels enseignants qu’ils ont pressentis, sans que ceux-ci se portent expressément volontaires. En effet, depuis la fin de l’année scolaire dernière, au lieu de répondre à la revendication largement partagée par la profession d’une décharge de service pour tuteur et stagiaire, les pressions se multiplient.

Le tutorat correspond à une dénaturation des fonctions de conseiller pédagogique :

  • Le tuteur n’est plus un pair expérimenté apportant aide et conseil à un pair novice pour mettre en pratique la formation délivrée par l’IUFM. Il devient un échelon hiérarchique : C/E et IPR vont le solliciter pour fonder leur avis pour la titularisation.
  • Il devient, avec l’éviction des IUFM de la formation, la seule ressource, le seul interlocuteur pour les stagiaires, ce qui représente un alourdissement de la charge de travail et un allongement de temps de présence conséquent, de l’ordre de deux demi journées s’ajoutant à un service plein.
  • La rémunération de l’ordre de 2000 euros prévue par le Ministère est assujettie à l’appréciation des C/E et des IPR qui peuvent la moduler, porte ouverte à l’arbitraire et à l’individualisation.

Le refus des collègues d’accepter ces fonctions dévoyées et l’appel lancé par notre organisation ont bien été compris par les stagiaires puisque la conception du tutorat n’est pas de nature à répondre à leurs besoins et est un instrument pour justifier la disparition des IUFM et la réduction de la formation à un compagnonnage.

Obtenir une autre réforme et une amélioration dès à présent des conditions de stage et de formation au cœur de l’action du SNES

La relance de la démocratisation et l’élévation du niveau de qualification de toute une génération que réclame notre société et notre économie exigent des enseignants hautement formés et qualifiés.

Le SNES revendique :

  • L’abandon de la réforme actuelle et le rétablissement des emplois de stagiaire.
  • Un plan pluriannuel de recrutement couvrant les besoins du système éducatif.
  • Une décharge de cours pour les stagiaires des deux tiers de leur service, à savoir un service devant élèves ne dépassant pas 6 heures.
  • Une vraie formation au métier d’enseignant qui permette un aller-retour entre la théorie et la pratique, formation qui doit être assurée par un IUFM rénové et amélioré.
  • Une vraie décharge pour le tuteur du stagiaire afin qu’il puisse suivre l’enseignant stagiaire régulièrement.
  • Une entrée progressive dans le métier.
Mais il est hors de question d’abandonner dans l’immédiat les stagiaires.à leur sort Le SNES prendra des initiatives pour exiger :

  • un renforcement des journées de formation, en les prenant sur le leur temps de service des stagiaires,
    -Le maintien de et l’intervention des IUFM qui, cette année, ont conservé leur potentiel de formation intacte.