Accompagnement éducatif : externalisation programmée ?...

lundi 19 mai 2008

A la prochaine rentrée doit se généraliser
un dispositif déjà en place dans les ZEP
depuis cette année : l’accompagnement
éducatif.

A la prochaine rentrée doit se généraliser
un dispositif déjà en place dans les ZEP
depuis cette année : l’accompagnement
éducatif. Il est la suite logique des déclarations
du candidat Sarkozy sur les
« orphelins de 16h » : le Ministère de l’Education
Nationale met en place cette mesure qui permet
de garder des enfants à l’école plus longtemps,
prétextant la volonté de les aider dans leurs difficultés,
cachant celle de les voir ailleurs que dans
la rue. Pratiquement, il s’agit de 2h le soir 4 fois
par semaine, soit pour de l’aide aux devoirs, soit
pour des activités sportives, soit pour des activités
culturelles et artistiques.

Dans l’académie, le Rectorat annonce que le dispositif
est opérationnel dans 146 collèges (dont
104 en ZEP). Les élèves concernés sont relativement
nombreux et ils sont assez bien répartis
dans les départements 78, 91 et 95 (voir tableau
ci-dessous). En revanche, pour le 92, la situation
est plus singulière puisqu’il compte à lui seul
près de 40 % de l’effectif total, le Conseil général
ayant financé une partie du dispositif (dans 42
collèges non ZEP).

Département 78 91 92 95 Total
Nombre d’élèves 5 920 5 314 10 097 (dont 5245 pris en charge par le CG) 5 558 26 889

On en peut que s’interroger sur le rôle des
Collectivités territoriales dans le financement
de ce dispositif, à l’instar du CG du 92.
D’ailleurs, le Recteur n’a pas caché sa volonté
de faire davantage appel à elles dès l’an
prochain. Ceci est d’autant plus vrai que dans
70 % des cas l’accompagnement éducatif se fait
sur de l’aide aux devoirs (20 % pour les pratiques
artistiques et culturelles, 10 % pour la pratique
sportive), ce qui, au passage, montre bien les
besoins dans les établissements dans ce domaine
et donc l’utilisation de ces heures par les collègues
pour pallier les carences du système. Pourtant,
le Rectorat affirme vouloir équilibrer les
trois domaines. Pour quelles raisons ? Ne peuton
pas laisser à l’appréciation des personnels le
contenu de l’accompagnement éducatif ? Évidemment,
dans le contexte actuel, l’accompagnement
éducatif permet d’absorber une partie des
heures supplémentaires financées par les suppressions
de postes, mais aussi de faire glisser
une partie des programmes d’EPS, d’Arts plastiques
et d’Éducation musicale sur un temps hors
classe.

En somme, l’accompagnement éducatif, présenté
comme la solution pour les élèves en difficulté,
est bien un outil politique qui s’inscrit dans la
volonté actuelle de transférer aux collectivités
territoriales des missions qui étaient jusqu’alors
dévolues à l’État et, ainsi, de restructurer en profondeur
le système éducatif français vers plus de
flexibilité et de précarité.

Guy-Eric Lemouland

Article publié dans Snes Versailles Infos, mai 2008


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